Le noyau agglutiné dans la clinique
Pour Bleger et en résumé: La clinique du noyau agglutiné se situe autour de trois phénomènes dont l'essentiel n'est pas seulement donnée par les vicissitudes de ce noyau pais par sa relation au moi le plus intégré de la personnalité. On peut reconnaître :
- 1) Contrôle du noyau agglutiné. - Le moi sain ou le plus intégré a besoin d'immobiliser le noyau agglutiné; éviter la réintrojection est la défense principale pour préserver le moi le plus intégré (partie non - psychotique de la personnalité); l'agglutination excessive et l'absence de discrimination empêchent une réintrojection graduelle et fractionnée. Le contrôle s'obtient grâce à:
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- a) la symbiose, des techniques sont mises en œuvre afin de contrôler le dépositaire;
- b) le blocage affectif;
- c) l'hypocondrie: c'est l'utilisation du corps comme "buffer". Elle comprend les maladies psychosomatiques (les liens les plus primitifs sont les liens corporels);
- d) La reprojection violente et massive.
- 2) Perte du contrôle du noyau agglutiné et invasion massive du moi :
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- a) prodromes: insomnies, intensification de l'observation et du contrôle; on peut observer d'autres symptômes comme l'incertitude et la perplexité;
- b) défenses du moi en bouffées : renforcement de la dissociation entre le moi le plus intégré et le noyau agglutiné: absence et lipothymies; décharges épileptiques, épileptoïdes, sursauts, frissons, etc.;
- invasion du moi le plus intégré : des phénomènes très divers peuvent se produire, comme par exemple, l'anéantissement du moi (perte de son intégration), la panique et tous les degrés de rétrécissement de la conscience : confusion, obnubilation, état crépusculaire.
- 3) Désagrégation psychotique. - D'après ce que nous venons de développer et vu l'état de nos recherches, on peut dire qu'il existe deux types extrêmes de dissolution psychotique, le plus souvent entremêlés:
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- a) "la désintégration du moi le plus intégré" lorsque (nous l'avons vu plus haut) il est envahi par le noyau agglutiné. On pourrait y faire entrer les psychoses graves décrites par Mauz comme des schizocaries;
- b) "la perte d'agglutination avec dispersion du noyau agglutiné" (partie psychotique de la personnalité) qui correspond à la Zerspaltung de Eugen Bleuler et au splitting de Bion. Cette perte coïncide avec une certaine régression du moi le plus intégré. La psychose peut être ici préliminaire à la discrimination qui ne s'est pas réalisée normalement au cours du développement et conduire à la guérison en enrichissant la personnalité (cf. (...) la crise d'adolescence qui est de forme psychotique condensée et retardée). La restitution psychotique est un processus de réagglutination où il faut chercher l'objet bizarre de Bion, sorte de noyau agglutiné qui n'existe pas dans le développement normal. L'appareil perceptif avec intervention du processus secondaire et qui logiquement manque dans le noyau agglutiné, est présent dans l'objet bizarre.
L'ambiguïté dans la clinique
Bleger résume ses thèses sur l'ambiguïté comme suit:
- 1) La structure de l'organisation psychologique la plus primitive qui correspond à une indifférenciation primitive.
- 2) La persistance prépondérante de cette structure chez la personnalité ambiguë (qui comme nous le verrons, peut s'organiser en différents types).
- 3) La persistance de l'ambiguïté dans certains traits de personnalité.
- 4) Des phénomènes d'ambiguïté dus à la réactivation ou la régression qui se produit lors de périodes de changements par exemple sociaux.
- 5) La polarisation extrême de l'ambiguïté : la personnalité autoritaire.
- 6) La persistance d'une certaine partie de l'organisation primitive (ambiguë) fortement clivée de la personnalité ayant atteint d'autres niveaux d'organisation et d'intégration. (J'ai appelé cette partie clivée noyau agglutiné).
- 7) Des phénomènes pathologiques qui proviennent de deux faits:
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- a) du maintien du clivage : symbiose, blocage affectif, Réaction thérapeutique négative, névrose "monosymptomatique", etc.;
- b) de la rupture ou du danger de rupture du clivage : dans sa pathologie, j'ai inclus les confusions, l'épilepsie, la mélancolie, la manie, la psychopathie, les perversions, l'hypocondrie, qui peuvent se stabiliser ou se stéréotyper comme défenses du moi.
- 8) Apparition au premier plan de l'ambiguïté en raison de la rupture du clivage qui a lieu normalement (dans notre culture) à certains stades du développement et dont l'exemple type est l'adolescence
- 9) Apparition de l'ambiguïté dans d'autres phénomènes normaux comme le rêve, le paradoxe, certains actes symptomatiques dans le domaine de l'esthétique, etc.