Eugen Bleuler | |
Biographie | |
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Eugen Bleuler, né à Zollikon (canton de Zurich, en Suisse) le 30 avril 1857 et mort dans la même ville le 15 juillet 1939, est un psychiatre suisse. Il est connu pour avoir inventé et introduit dans le vocabulaire psychiatrique les termes de schizophrénie et d'autisme.
Eugen Bleuler obtient son doctorat de médecine en 1881. De 1881 à 1883, il est assistant en psychiatrie à Waldau (près de Berne), sous la direction de Wilhelm von Speyr. En 1884, Bleuler voyage en Angleterre et en France; il suit notamment les cours de Jean Martin Charcot à la Salpêtrière. Après avoir travaillé comme assistant à Munich, dans le laboratoire de Johann Bernhard Aloys von Gudden, il est engagé comme assistant à la clinique psychiatrique du Burghölzli, en 1885, par Auguste Forel.
De 1886 à 1898, il sera le directeur d'une clinique psychiatrique à Rheinau (près de Zurich). En 1889 il publie Zur Psychologie der Hypnose, livre dans lequel il rend compte des expériences qu'il a faites lorsqu'il a été hypnotisé par von Speyr et Forel. Succédant à ce dernier, de 1898 à 1927, il est directeur de la clinique psychiatrique du Burghölzli et professeur de psychiatrie à Zurich.
On compte notamment parmi ses assistants Carl Jung (de 1900 à 1909), Karl Abraham (de 1904 à 1907) et Ludwig Binswanger (de 1907 à 1910). Bleuler sera également le professeur de Hermann Rorschach. Bleuler rencontre Sigmund Freud en 1904 et en 1906 demande à Carl Jung de présenter aux membres du Burghölzli le livre de Freud, L'interprétation des rêves. Il participe au premier congrès psychanalytique international à Salzbourg, en 1908, et contribue à la création de la Société Psychanalytique Internationale en 1910.
En 1911, dans La démence précoce ou le groupe des schizophrénies, il récuse le terme de démence précoce d'Emil Kraepelin, et le remplace par celui de schizophrénie pour illustrer l’idée d’une fragmentation de l’esprit [1]. Pour Bleuler, la schizophrénie correspond à un groupe de syndromes cliniques, d’origines différentes mais toujours organiques, réunis par des mécanismes psychopathologiques communs.
En 1920, il participe à des expériences avec le médium autrichien Rudi Schneider avec Carl Jung et Albert von Schrenck-Notzing.
Selon Bleuler, à la base de la schizophrénie se trouve un processus biologique (l'altération basale des fonctions associatives) qui fait émerger les signes primaires de la maladie par-dessus lesquels apparaissent des signes secondaires (réactions psychologiques du sujet face à sa souffrance) qui constituent de véritables stratégies de lutte contre le processus biologique de base.
Parmi les signes primaires, Bleuler intègre le blocage de la pensée et des signes apparaissant lors des poussées aiguës sans aucune raison externe : états d'obtusion, épisodes d'excitation ou de dépression, prédisposition aux hallucinations, le syndrome catatonique et quelques signes physiques.
Bleuler a montré que la psychanalyse permet de trouver le sens des signes secondaires, symptômes provenant d’une psychogenèse inconsciente. Tous les signes de la sphère instinctivo-affective ci-dessus sont des signes secondaires. Bleuler parlait de charge affective des complexes ...
Ces signes secondaires s’opposent donc aux signes primaires qui, résultant d'un processus biologique, ne peuvent pas être interprétés.
Ceci constitue une réelle introduction à la psychopathologie, à la compréhension des signes et de leur sens.
Pour les organicistes, la réalité du facteur génétique de certaines schizophrénies semble démontrée grâce aux statistiques familiales.
L’approche environnementale (culturelle ou psychosociale) de la schizophrénie se situe dans une perspective différente. Contredisant l’universalité de la schizophrénie elle fait observer son extrême diversité selon les cultures, et sa sensibilité à la rupture des relations sociales traditionnelles… La schizophrénie peut devenir une « tentative de guérison » par le S lui-même de la maladie créée par l’oppression de la société. Il choisit de s’en évader par la folie.
Pour certains psychanalystes, la schizophrénie serait liée à des interactions précoces avec la mère, les parents, qui n'auraient pas permis la constitution d'un bon objet interne. L’angoisse liée dans la position schizo-paranoïde ((Mélanie Klein) à la crainte de l’envahissement par l’objet ou de l’effondrement (Donald Winnicott) de l’objet, deviendrait ainsi une angoisse de perte et de destruction de l’objet.