Le pays est indéterminé : on sait juste qu'ils parlent anglais et roulent à gauche, et que la police porte le nom de MFP, Main Force Patrol, pas plus explicite. George Miller a donc choisi de placer l'action n'importe où, c'est-à-dire ici et demain ; le cadre général n'est pas connu, il ne sera présenté que dans Mad Max II et le pays identifié à la fin de Mad Max III (cependant, un cadavre de kangourou est brièvement visible dans le deuxième opus), le film apparaît de fait comme une évolution de la situation actuelle des pays développés.
La première image est celle du Halls of justice, ce qui introduit le thème de la justice et d'une société organisée. Mais dès la première scène, on comprend que tout se délabre : les bâtiments sont en ruine, la radio de la police est occupée en permanence par une opératrice donnant des recommandations naïves et des consignes décalées par rapport à la réalité, tandis que la principale occupation des policiers consiste à se rincer l'œil avec la lunette de leur arme de service.
En fait, la violence de la société reflète la violence de l'État, les représentants de l'État sont aussi fous que les criminels, la seule différence est qu'ils ont une plaque de bronze au revers du blouson.
Bien que l'histoire soit très violente, George Miller a l'intelligence de n'en montrer quasiment rien (les deux seules images réellement violentes ne durent que quelques secondes) et de laisser le spectateur deviner ce qui se passe, tout est suggéré. On est bien loin de la violence esthétisée et complaisante (la violence n'est pas belle donc elle n'est pas montrée, mais elle existe donc n'est pas ignorée), et des conventions aseptisées (pas de gentil ni de méchant, pas de héros mais un fou, « Mad » Max).
Le film s'inspire sur plusieurs aspects du film Point limite zéro (Vanishing Point, 1971) de Richard Sarafian, ne serait-ce que le nom du héros (Rockatansky dans Mad Max, Kowalski dans Point limite zéro), à tel point qu'on peut le considérer comme un hommage à l'œuvre de Sarafian. La scène d'introduction notamment, où les deux policiers cherchent en vain à intercepter le Knight Rider, est reprise presque plan pour plan d'une scène centrale de Point limite zéro. Il n'est aussi pas sans ressemblances avec le livre Route 666 (Damnation Alley, 1966, aussi traduit sous le titre Les Culbuteurs de l'Enfer) de Roger Zelazny, pionnier du post-apocalyptique, par l'environnement post-apocalyptique lui-même et par la personnalité du héros.
George Miller eut beaucoup de problèmes avec son film, jugé trop violent et influent pour les jeunes. Voulant éviter le classement X, la censure accepta de projeter le film en échange de quelques coupes, mais George décréta que, mise à part des plans explicites de quelques secondes, que ce n'est pas le film qui est violent mais le climat général, la brutalité ambiante. Malgré ça, le film fut interdit quelques années en France (il ne sortira qu'en 1982, soit trois ans après sa sortie en Australie).