Une ruine est le reste d'un édifice dégradé par le temps ou une destruction plus rapide. Elle apparaît souvent dans la peinture occidentale avec pour effet de donner un caractère romantique au décor. Elle symbolise également le déclin ou la décadence.
L’article L.111-3, issu de la loi n° 2000-1208 du 13 décembre 2000 relative à la solidarité et au développement urbains (Loi SRU), autorise la possibilité de reconstruire à l’identique les bâtiments détruits par un sinistre sous réserve qu’ils aient été régulièrement édifiés.
En outre, dans le but de préserver le bâti traditionnel des zones montagnardes, cet article avait fourni une définition de la notion de «ruine» au sens du droit. Il en fixait toutefois les limites d’application : faciliter la reconstruction à la condition d’assurer une restauration qualitative du patrimoine «permettant de conserver la qualité architecturale des bâtiment reconstruit».
Enfin, dans les zones agricoles, le règlement peut désigner les bâtiments agricoles qui, en raison de leur qualité architecturale ou patrimoniale, peuvent faire l'objet d'un changement de destination, dès lors que ce changement de destination ne compromet pas l'exploitation agricole (article L.123-3-1 du Code de l’urbanisme).
Si des efforts importants et constants sont consacrés aux monuments historiques en général, il est une catégorie de monuments historiques qui se trouvent dans un état alarmant : ce sont les ruines de châteaux-forts. Des études permettent d’évaluer jusqu’à quel point un monument de ce type est restaurable. La plupart des châteaux qui ont survécu se trouvent en zone montagneuse. Leur accès s’avère souvent difficile, condition qui surenchérit évidemment le coût des travaux, mais rend aussi illusoire une mise en valeur de certains d’entre eux. Selon l’époque de sa construction, chaque château présente des particularités d’architecture militaire qu’il faudrait mettre en valeur.
On pourrait dégager des critères relativement simples pour distinguer deux types de ruines :
Pour cela une mobilisation de l’ensemble des acteurs est nécessaire pour trouver une réponse au problème qui se pose à toute la région : comment sauver rapidement, et de façon scientifique, le maximum d’édifices ?
Les Entretiens du Patrimoine qui se sont déroulés à Caen du 8 au 10 novembre 1990 sur le thème « Faut-il restaurer les ruines ? » ont eu le mérite de poser les vrais problèmes :
Les travaux de restauration passent d’abord par le traitement des infiltrations d’eau dans le respect archéologique des murs. La survie d’une ruine, et particulièrement sa protection contre le vandalisme, passe par l’installation d’accueil, de gardiennage, d’animations, de tout ce qu’il faut pour satisfaire la légitime curiosité et l’exigence de qualité des visiteurs.
Mais tout ne peut pas être rendu accessible à tous, comme le rappelait le rapporteur Michel Jantzen : « Le premier problème de tous ces châteaux est pitou circulation que ce soit. Aujourd’hui les véhicules à quatre roues motrices envahissent tout, on imagine les risques que peuvent courir des ruines de cette nature (…)
Quant aux projets de réutilisation des ruines, ils impliquent l’élaboration de programmes bien organisés quand il y a volonté des demandeurs. Le président de la compagnie des Architectes en chef des monuments historiques a insisté sur la prudence avec laquelle des décisions doivent être prises. Il intègre la notion de paysage dans le traitement des ruines, nécessitant une grande vigilance au titre des abords, et souligne l’importance des études préalables en concertation avec tous les partenaires.
Par ailleurs, certains intervenants ont regretté que le public ne soit pas suffisamment informé des projets de restauration, l’aspect «communication» étant encore nettement insuffisant. Pour répondre à cette attente, il suffirait, dans un premier temps, de publier les études préliminaires et préalables et de généraliser l’édition de brochures présentant l’histoire et les travaux de restauration envisagés ou réalisés. L’exploitation audiovisuelle est malheureusement réservée à des opérations majeures, malgré de timides efforts des chaînes de télévision publiques et privées.
Avant même d’énumérer quelle méthodologie réclame la démarche scientifique de nos jours, est posée la question : faut-il, a-t-on le droit de toucher aux ruines? Récemment, on a entendu de vibrants plaidoyers pour que les châteaux ruinés restent en ruines. Ils seraient des lieux de nature où se cristalliseraient les mythes originels de notre identité. Les châteaux en ruines auraient, paraît-il, une utilité sociale fondamentale comme lieux de rencontre populaires. Nous constatons qu’ils ont avant tout une fonction de poubelles, de défouloir, d’exercice de vandalisme. Peut-on y redire d’ailleurs? Le plaisir d’aider un mur branlant à s’écrouler, de faire du feu dans une embrasure (ce qui fait éclater la pierre), de grimper sur les pierres déchaussées et d’accélérer leur chute doit être accepté à partir du moment où l’on laisse l’accès libre et inconditionnel des ruines. On peut le déplorer, cela n’empêche pas le fait.
La question ne peut trouver une réponse manichéiste. Certains monuments doivent être mis hors d’eau. Cela doit être fait chaque fois que c’est possible sans falsification historique, parce que c’est la façon la plus efficace de les sauver. D’autres fois, il faut se résoudre à des «consolidations archéologiques ».
Une chose en tout cas est certaine : laisser les châteaux en ruines, en simples buts de promenade sans gardiennage et sans règle, est le plus sûr moyen, et le plus irresponsable, d’aider à leur dégradation, voire leur disparition. Les restaurer au contraire peut leur assurer une fonction pédagogique, une vocation de lieu culturel ou tout simplement de rencontre. En supposant même que l’on puisse trouver des solutions satisfaisantes pour une simple consolidation des ruines (et il faudra s’y résoudre pour les monuments trop détruits), leur conservation n’est pas encore assurée. Ces dernières années un vandalisme systématique a fait des ravages. Il faut donc trouver des fonctions à nos châteaux, ne serait-ce que celle d’un «jardin archéologique», pour qu’en soit assuré le gardiennage.