Oratoire carolingien de Germigny-des-Prés | |
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Nom local | Oratoire carolingien ou église de la Très-Sainte-Trinité |
Latitude Longitude | Géoportail |
Pays | France |
Région | Centre |
Département | Loiret |
Ville | Germigny-des-Prés |
Culte | Catholique |
Type | Église paroissiale |
Rattaché à | Évêché d'Orléans |
Début de la construction | IXe siècle |
Fin des travaux | XIXe siècle |
Architecte(s) | Théodulf d'Orléans, Juste Lisch |
Style(s) dominant(s) | Carolingien |
Protection | Monument historique, classé en 1840 |
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L'oratoire carolingien de Germigny-des-Prés ou église de la Très-Sainte-Trinité est l'une une des plus anciennes églises de France, rare exemple du style architectural carolingien.
L'oratoire est situé sur le territoire de Germigny-des-Prés, commune du Val de Loire, dans le département du Loiret et la région Centre.
Celle-ci a été bâtie par Théodulf, évêque d'Orléans, théologien et poète du IXe siècle qui était un familier de Charlemagne. Elle adopte un plan en forme de croix grecque (quatre absides semi-circulaires sur quatre côtés d'un carré, l'abside orientale étant celle de la mosaïque), imité de l'oratoire du palais impérial à Aix-la-Chapelle et dont le prototype est la cathédrale d'Etchmiadzin (Arménie).
Elle a été consacrée le 3 janvier 806 sous le vocable de Sainte Geneviève et Saint Germain. Elle aurait été alors la plus riche de Neustrie. Elle fut le siège d'un concile en 843, et incendiée avant 854. Érigée en prieuré en 1067, en paroisse au XIIIe siècle. Une nef est construite au XVe siècle et XVIe siècle après destruction de l'abside occidentale. Cette nef est rallongée au XIXe siècle, le massif initial étant surmonté d'un clocher. L'église a été classée « monument historique » en 1840 et restaurée à partir de 1867.
La partie la plus ancienne (en croix grecque) est constituée d'arcatures outrepassées (c'est-à-dire, dont la courbure est supérieure à celle de l'arc en plein cintre) de style wisigothique. La coupole n'est pas d'origine. Elle couronne une tour lanterne avec deux niveaux d'ouvertures : quatre séries de trois arcatures en dessous de fenêtres garnis de carreaux d'albâtre tamisant la lumière.
La mosaïque se situe au-dessus d'une série de petites arcatures aveugles, mais dont l'intérieur était manifestement décoré de mosaïques dont on voit encore les traces.
Le mobilier est peu abondant. On distingue essentiellement une Pietà de l'école bourguignonne, située près de l'oratoire. L'église comporte un petit musée avec notamment un reliquaire du XIIe siècle.
L'église contient, sur le cul de four de l'abside, la seule mosaïque byzantine de France, elle représente deux anges qui entourent l'Arche d'alliance. Cette scène s'inspire à l'évidence de mosaïques de la Basilique Saint-Vital de Ravenne.
Elle a été badigeonnée lors de la Révolution française, puis redécouverte au milieu du XIXe.
Cette représentation est particulièrement intéressante par les liens étroits qu'elle entretient avec la crise iconoclaste qui sévissait à l'époque de sa réalisation.
La mosaïque occupe dans l'église la place que la tradition byzantine réserve aux images de la Vierge Marie trônant, le Christ sur ses genoux, et entourée de deux anges, l'un à droite et l'autre à gauche. Ces deux anges signifient le caractère divin de Celui qu'ils entourent.
Le mosaïste de Germigny, qui connaît visiblement bien les usages de Byzance, s'il n'est pas Romain (Byzantin) lui-même, à renoncé à la représentation de la Mère de Dieu pour une image équivalente sur le plan symbolique. L'arche d'alliance en effet qui contient la manne, le pain descendu du ciel, est tenue par les exégètes chrétiens pour une préfiguration de la Sainte Mère qui tient le Christ, né à Bethléem, la ville du pain.
On peut donc se demander si l'artiste n'est pas influencé par l'iconoclasme qui remplaçait les images réelles par les "ombres" et les symboles.
Il représente l'arche d'alliance entourée des deux anges d'or qui, selon la Bible, entourent le propitiatoire et il ajoute encore deux autres anges, images "réelles" cette fois, comme s'il s'agissait d'entourer la Vierge Marie et son divin fils.
Il faut savoir que les passages de l'Exode (36,35 et 37, 7-9) qui décrivent le voile du Temple et le propitiatoire ont été abondamment utilisés à Byzance par les partisans de la vénération des images. Ils constituent en effet une exception de taille à l'interdiction de fabriquer images taillées ou figures (Ex. 20, 4-5).
Le mosaïste, et derrière lui Théodulf d'Orléans, semblent se situer à mi-chemin entre l'iconoclasme et la position des partisans byzantins des images (Jean Damascène et Théodore Studite, par exemple). Cette position intermédiaire est exactement celle des théologiens de Charlemagne, du concile de Francfort de 794 qui condamne les iconoclastes et des Livres carolins. Elle n'a été acceptée, à l'époque, par aucun pape.