Les traces d'un ancien culte de l'ours sont nombreuses dans les Pyrénées, puisqu'il existe deux divinités directement liées à cet animal, qui furent vénérées localement dans le Comminges. Alors que partout en Europe, les différents cultes liés à l'ours furent sévèrement combattus afin de mettre un terme à des pratiques qualifiées de païennes, conduisant à une diabolisation progressive de l'animal, le prestige de l'ours semble s'être plus ou moins conservé dans les Pyrénées.
Les cultes de l'ours se retrouvent encore sous des formes « folklorisées » mais très ancrées dans la tradition locale. Ce sont généralement des manifestations liées au Carnaval et au renouveau du printemps, symbolisées par la sortie de l'hibernation de l'animal qui a lieu à la Chandeleur. Des chasses à l'ours très ritualisées ont lieu : un homme est revêtu de fourrures, le visage noirci ou masqué, il court les rues en donnant la chasse aux femmes, avec des simulacres sexuels très explicites : « L'Ours, allongé sur la route, se laisse aller à des mouvements extrêmement suggestifs — tout à fait adaptés, certes, aux recherches d'un ritualiste sur la fécondité — toujours enveloppé dans la peau de son animal sacré, car l'obscénité est un bon recours magique pour la fertilité ». Puis il est pris en chasse par des chasseurs et divers personnages aux masques et tenues également très ritualisées, avant d'être mis à mort. La mort de l'ours n'est que provisoire, car chacun sait qu'il reviendra l'année suivante. Ces festivités ont lieu plus souvent en Soule, en Bigorre, en Andorre et en Roussillon.
Comme en Bulgarie, en Roumanie, dans les Balkans, en Asie, en Yougoslavie ou chez les Indiens d’Amérique du Nord, les Pyrénéens ont longtemps considéré l’ours comme l’ancêtre de l’homme ou encore comme un homme sauvage, souvent même il avait le statut d'un dieu. Certaines attitudes proches de celles de l'humain lui ont valu cet anthropomorphisme. Ainsi les Béarnais le nomment « lou pedescaou », le va-nu-pieds, ou encore « lou Moussu », le Monsieur. On lui donne des prénoms comme Dominique et Martin.
Pour les Basques, c’est « Artza » tandis que les bergers sont nommés « artzainak ». L’ours était autrefois un symbole de résurrection et de fertilité, l’Église s’est donc efforcée de lutter contre ces anciens cultes animistes. Dans d'anciennes légendes, le Pic d'Ossau représente la tête de Jean de l'Ours.
En Aragon, l'Ome grandizo de la vallée de Onsera (toponyme lié à l'ours) était un géant armé d'une hache de pierre, toujours accompagné d'un ours.
Aventin de Larboust ôte une épine de la patte d'un ours. La légende très répandue de saint Martin de Tours obligeant un ours, qui avait dévoré sa monture, à remplacer celle-ci, et le nom de Martin fréquemment donné à l'ours, est largement connue dans les Pyrénées.
Jean de l'Ours, Juan ou Xan de l’Ours pour les Basques, Joan de l’Os pour les catalans est un conte à propos d’un garçon né de l’accouplement d’un ours et d’une femme.
L'histoire de Pierre de Béarn, demi-frère bâtard de Gaston Phébus, est rapportée par Jean Froissart et conte sa lutte sans pitié contre un ours gigantesque. Après avoir vaincu cette bête, l'homme fut frappé de somnambulisme. Dans les mêmes chroniques, le comte de Biscaye chassait un ours lorsque ce dernier se retourna afin de lui prédire une mort indigne pour avoir traqué un animal innocent. Jean Froissart suppose que les ours pyrénéens sont d'anciens chevaliers qui furent changés en ours par les dieux païens en punition d'une faute, et Michel Pastoureau pense que cette histoire fait écho à une survivance des rites de passages dans les Pyrénées, consistant à tuer un ours.
Nombreux sont les toponymes issus de l'ours, tels que la vallée d'Ossau, la vallée d'Onsera et celle de la Barousse arrosée par la rivière l'Ourse.
Sculpture sur un rond-point d'Axat (Aude) |
Les montreurs d'ours pyrénéens, et notamment ceux de l'Ariège, ont acquit une réputation bien au delà de leurs frontières d'origines. Le village d'Ercé était réputé pour son école des ours. Des oursons capturés étaient élevés et dressés, puis ils partaient avec leur maître pour de très longs périples dans toute l'Europe et jusqu'aux Amériques.