En Grèce ancienne, les péripoloi (en grec ancien περίπολοι / perípoloi, au singulier περίπολος / perípolos), sont des gardes-frontières. On les trouve notamment à Athènes à l'époque classique.
Formé de περί (autour) et πέλοπαι (se mouvoir), le mot signifie littéralement « qui tourne autour » et peut être traduit par « patrouilleur ».
Les péripoloi n'appartenaient pas à un groupe juridiquement défini : ils pouvaient être des éphèbes, des métèques et même des jeunes citoyens. Cela dit, le corps des péripoloi accueillait principalement des néôtatoi (« les plus jeunes », 18-19 ans), autrement dit les éphèbes, et des métèques, donc des individus qui ne sont pas - ou pas encore - des citoyens. Leur mission était, comme leur nom l'indique, de patrouiller aux frontières du territoire ; on les distinguait de ce fait d'une autre catégorie de soldats assurant la défense du territoire : les hidruménoi, qui gardaient les fortifications. Les hidruménoi étaient recrutés parmi les presbytéroi (50-59 ans), alors que les péripoloi étaient plutôt recrutés parmi les néôtatoi et les néoi (20-29 ans).
Les officiers commandant les contingents de péripoloi étaient les péripolarques (peripolarkhos), des officiers élus à main levée par l'Assemblée du peuple. Les péripolarques, dont nous ignorons le nombre exact, étaient sous les ordres du stratège du territoire, celui des dix stratèges athéniens qui était chargé de la défense de l'Attique. Mais l'autorité suprême restait l'Assemblée du peuple, car elle seule pouvait voter les décisions militaires importantes. Bien qu'ils fussent des patrouilleurs, les péripoloi dépendaient toujours d’un fort d’attache, variable selon leur mission. Ces forts n'étaient pas les péripolion, comme on pourrait le croire (ce mot n'est jamais utilisé en Attique), mais les phrourion (forteresses) et les phylaktèrion (postes de garde). Par ailleurs, on constate que les différents contingents de péripoloi n'avaient pas de zone de patrouille attitrée mais étaient envoyés ici et là en fonction des besoins.
Les péripoloi étaient formés en fonction de leurs besoins spécifiques (équipement léger, mobilité, armes de jet), au Pirée lorsqu'ils étaient éphèbes, mais le plus souvent « sur le tas ». Les péripoloi étaient le plus souvent des fantassins légers, qui faisaient défaut à la cité d'Athènes durant les guerres médiques et au début de la guerre du Péloponnèse ; ils étaient aussi archers à cheval, cavaliers ou éclaireurs.
Le financement des péripoloi, à savoir le paiement de leur équipement, de leur ration et de leur salaire, se faisait par le biais des liturgies, puis du financement public.
Le lien étroit qu'a entretenu le corps des péripoloi avec l'éphébie illustre bien la volonté de former les futurs citoyens non seulement aux armes, mais aux questions militaires dont la connaissance leur sera essentielle lors des débats à l'Assemblée. Le fait que thètes et métèques soient nombreux à assurer un service militaire parmi les péripoloi renforce leur attachement à la démocratie, et permet en outre l'émergence d'une armée démocratique: auparavant l'armée, dominée par l'aristocratie, était majoritairement favorable à un régime oligarchique. L'épisode du meurtre de Phrynichos est à cet égard exemplaire : les péripoloi sont au cœur du complot contre le régime oligarchique des Quatre-Cents et soutiennent les démocrates.
Il apparaît, du reste, que les péripoloi constituent un contrepoids aux excès de la polis, car ils symbolisent justement ce qui est extérieur à la cité, tout en restant un élément de la cité. La cité est exclusive, socialement rigide, déterminée, elle affectionne l'aristocratie et exalte les batailles rangées; les péripoloi sont pluriels, intégrateurs, pragmatiques, démocratiques, ils préfèrent l'escarmouche, plus rationnelle.
Le rôle civique des péripoloi se manifeste enfin par la pratique religieuse. En Épire, les péripoloi affectionnent les divinités des eschatiai: Pan et les nymphes, Artémis, Dionysos. En Attique, les péripoloi participaient aux cultes locaux, tels que ceux du sanctuaire de Déméter et Korè à Éleusis, du sanctuaire de Thémis et Némésis à Rhamnonte, ou encore du sanctuaire de Poséidon au Sounion; ils participaient également aux fêtes religieuses, telles que les Dionysies rurales ou les concours ancestraux des Halôa.