Toute permutation de support fini peut être décomposée en un produit de transpositions. Par exemple, cela signifie qu'on peut, par des échanges deux à deux, modifier à volonté l'ordre des cartes d'un paquet.
Une telle décomposition n'est pas unique : on peut par exemple ajouter un échange de deux cartes, puis l'échange des deux mêmes cartes. En revanche on démontre que la parité du nombre de transpositions nécessaire reste la même. Ceci permet de définir la parité et la signature d'une permutation (voir groupe symétrique).
Une permutation paire est une permutation qui peut être exprimée comme le produit d'un nombre pair de transpositions. Une définition équivalente est que sa décomposition en cycles disjoints donne un nombre pair (éventuellement nul) de cycles pairs. Une permutation impaire est une permutation qui peut être exprimée comme produit d'un nombre impair de transpositions.
La permutation identique est une permutation paire car elle peut être considérée comme le produit de 0 transposition, selon la convention sur le produit vide.
Voici l'étape générale de l'algorithme de décomposition d'une permutation σ de support fini. On peut supposer que
Alors en appelant τ la transposition qui échange k et σ(k), on forme
On forme ainsi des permutations σ1, σ2 etc. obtenues en multipliant σ par une succession de transpositions τ1, τ2 etc., jusqu'à atteindre la permutation identique. Alors il vient
La validité de l'algorithme se justifie en remarquant que la position du premier point non fixe augmente strictement à chaque étape, jusqu'à ce que tous les points soient fixes. L'algorithme se conclut après au plus n-1 opérations, puisque si les n-1 premiers points sont fixes, ils le sont tous.
Ainsi il est possible d'affirmer plus précisément que toute permutation peut s'écrire comme produit d'au plus n-1 transpositions. En outre, le nombre minimum de transpositions nécessaires pour écrire une permutation donnée est exactement celui obtenu avec cet algorithme.
L'orbite d'un élément selon une permutation σ est l'ensemble de ses images successives obtenues par applications répétées de σ. Ainsi en introduisant la permutation σ
L'élément 1 a pour images successivement 3,5,6 puis de nouveau 1,3,5 etc. L'orbite de 1 est donc l'ensemble {1,3,5,6}. L'orbite de 3 est également l'ensemble {1,3,5,6}, mais l'orbite de 2 est {2,4,7,8}.
Plus généralement, pour une permutation quelconque, les orbites sont disjointes et forment une partition de l'ensemble {1,2,...,n}. En restriction à une orbite donnée de taille p, la permutation se comporte comme une permutation circulaire des p éléments.
Pour décrire la permutation, il suffit de prendre un élément dans chaque orbite et de donner l'ordre de succession de ses images par itération de σ. Ainsi toujours avec le même exemple, la permutation σ peut s'écrire sous la forme d'une succession des deux cycles (1,3,5,6) et (2,4,7,8). L'ordre des cycles n'importe pas mais l'ordre des éléments à l'intérieur d'un cycle doit être respecté jusqu'à l'obtention d'un cycle complet. Ainsi, la même permutation peut être écrite par exemple
Dans cette notation on omet souvent le symbole de composition
La décomposition « canonique » d'une permutation en « produit » de cycles s'obtient en plaçant d'abord le plus petit nombre en première position dans chaque cycle et en ordonnant les cycles selon leur premier élément. Cette notation omet souvent les points fixes, c'est-à-dire les éléments qui sont leur propre image par la permutation; ainsi la permutation (1 3)(2)(4 5) s'écrit simplement (1 3)(4 5), puisqu'un cycle d'un seul élément n'a aucun effet.
Si, au contraire, on place le plus petit nombre en dernière position dans chaque cycle, sans omettre les points fixes, on obtient une suite de nombres, liée aux nombres de Stirling, qui permet l'analyse combinatoire du nombre de cycles et de la taille des cycles d'une permutation : c'est la correspondance fondamentale de Foata.
De nombreuses propriétés de la permutation σ peuvent se lire facilement sur la décomposition en cycles disjoints : s'il y a p cycles de longueurs s1, ..., sp (en comptant les points fixes comme cycles de longueur 1)