Le théorème des restes chinois est un résultat d'arithmétique modulaire traitant de résolution de systèmes de congruences. Ce résultat, établi initialement pour Z/nZ, se généralise en théorie des anneaux. Ce théorème est utilisé en théorie des nombres.
La forme originale du théorème, contenue dans un livre du mathématicien chinois Qin Jiushao publié en 1247, est un résultat concernant les systèmes de congruences (voir arithmétique modulaire). Mais on trouve trace d'un problème analogue dans le livre de Sun Zi, le Sunzi suanjing datant du IIIe siècle :
On peut penser que les Chinois, férus de calculs astronomiques, puissent être intéressés par des concordances de calendrier et qu'ils aient été amenés très tôt à s'intéresser à des questions du type :
Si la question se pose alors qu'il reste 6 jours avant le solstice d'hiver et 3 jours avant la pleine lune, la question se traduit par :
La résolution proposée par Sun Zi pour le problème des soldats est la suivante :
Mais la solution n'explique qu'imparfaitement la méthode utilisée.
Enfin, il serait dommage de ne pas présenter ce problème concernant des pirates et un trésor, très fréquemment cité pour illustrer le théorème des restes chinois :
L'arithmétique modulaire a rendu ce type de problème plus facile à résoudre.
Le théorème chinois a également une version plus abstraite : si n1, ..., nk sont deux à deux premiers entre eux alors, en notant n le produit des ni, l'application
est un isomorphisme d'anneau.
Pour le montrer, on remarque d'abord que les deux ensembles et ont le même nombre d'éléments. Comme est un morphisme d'anneau, il suffit donc de démontrer qu'il est injectif pour en déduire que c'est un isomorphisme. Pour cela, il suffit de montrer que son noyau est réduit à 0 : si α = 0[ni] pour , c’est-à-dire si α est un multiple de chaque ni, alors α = 0[n], c’est-à-dire α est un multiple du produit . Ceci résulte de l'hypothèse que les ni sont premiers entre eux deux à deux.
Dans le cas où les ni ne sont pas premiers entre eux, n est leur ppcm et le morphisme ci-dessus n'est qu'injectif. Il existe une solution au problème initial si et seulement si les données sont dans l'image, c'est-à-dire que le pgcd de ni et nj divise αi − αj pour tout couple i,j.
Pour un anneau principal R, le théorème des restes chinois prend la forme suivante : Si u1, ..., uk sont les éléments de R qui sont premiers entre eux deux à deux, et u désigne le produit u1...uk, alors l'anneau R/uR et l'anneau produit R/u1R x ... x R/ukR sont isomorphes par l'isomorphisme
tel que
L'isomorphisme inverse peut être construit comme ceci. Pour chaque i, les éléments ui et u/ui sont premiers entre eux, et par conséquent, il existe des éléments r et s dans R avec
Fixons ei = s u/ui. On a :
pour j ≠ i.
Alors l'inverse est la transformation
telle que
Une des formes les plus générales du théorème des restes chinois peut être formulée en termes d'anneau et d'idéal (à gauche ou à droite). Si R est un anneau et I1, ..., Ik des idéaux de R qui sont deux à deux premiers entre eux (ce qui signife que Ii + Ij = R lorsque i ≠ j), alors l'idéal produit I de ces idéaux est égal à leur intersection, et l'anneau quotient R/I est isomorphe à l'anneau produit R/I1 x R/I2 x ... x R/Ik via l'isomorphisme de R / I dans qui à associe .