Salomon de Caus - Définition

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Légende

Au XIXe siècle, Salomon de Caus a un temps figuré, à tort, au martyrologe de la science : le dessinateur Paul Gavarni, ayant été chargé par le Musée des familles d’exécuter un dessin qui devait accompagner une nouvelle dans cette revue, avait livré ce dessin trop tard, de sorte que la nouvelle ayant paru, le dessin restait sans emploi. Pour l’utiliser, on pria l’écrivain Henry Berthoud de chercher un sujet littéraire, un texte explicatif applicable à cette gravure. Celui-ci imagina alors une prétendue lettre, que le Musée des familles publia au mois de novembre 1834, et où Marion Delorme relatait, le 3 février 1641, à Cinq-Mars comment, au cours d’une visite qu’elle aurait faite à Bicêtre, en compagnie du marquis de Worcester, ils auraient aperçu, en traversant la cour des fous, derrière les barreaux de sa prison, un homme réduit à l’état de folie furieuse, qui ne cessait de crier à tous les visiteurs qu’il avait fait une découverte admirable, consistant à faire marcher les voitures et les manèges par la seule force de l’eau bouillante. Le marquis de Worcester s’extasie sur l’infortune et sur le génie de cet homme. Cette innocente invention littéraire de l’homme de génie mourant à l’hôpital, cet inventeur de la machine à vapeur enfermé, par ordre du roi, dans un cabanon de Bicêtre connut, par les commentaires innombrables qu’elle suscita dans la foule des romanciers, des dramaturges et des peintres, une fortune inouïe. Le peintre Jacques-Joseph Lecurieux s’empara du sujet en exposant un tableau à l’exposition des Beaux-Arts tenue au Louvre, montrant Salomon de Caus, enfermé à Bicêtre, les yeux caves et la barbe hérissée, tendant ses mains suppliantes, à travers les barreaux de sa prison, au couple brillant de Marion Delorme et du marquis de Worcester. Puis ce fut au tour d’Auguste Glaize de faire figurer Salomon de Caus dans son tableau du Pilori, exposé à l’exposition universelle des Beaux-Arts en 1855, et ensuite reproduit par une lithographie. Le 19 mai 1857, le théâtre de l’Ambigu donna un drame intitulé Salomon de Caus, où était longuement développée la légende du fou de Bicêtre, et dans lequel l’acteur Bignon s’en donnait à cœur joie. Julien Travers composa un poème intitulé : Salomon de Caus, ou la Découverte de ta vapeur, Caen, Hardel, 1847, in-8° ; C. Dambuyant donna une scène dramatique intitulée Salomon de Caus, ou l'Inventeur de la vapeur à Bicêtre, Vaugirard, Choisnet, 1856, in-12 de de douze pages en vers. La croyance à cette légende fut longtemps si forte et si répandue, qu’Henry Berthoud lui-même, éprouva des difficultés lorsqu’il tenta de mettre fin, en 1847, à la mystification dont il était l’auteur, en confessant sa responsabilité : il lui fallut soutenir une lutte avec le journal la Démocratie pacifique, qui prétendait défendre envers et contre tous l’authenticité de l’histoire, le journaliste soutenant mordicus avoir vu l’original de la lettre que Berthoud avouait avoir inventée !

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