Le site paléontologique de Champblanc se trouve dans les carrières de gypse de la commune de Cherves-Richemont, dans le département de la Charente, en France, à une dizaine de kilomètres au nord-est de la ville de Cognac. Ce gisement livre de nombreuses espèces de poissons, de reptiles, de dinosaures et même de mammifères, datées de -140 Ma environ (crétacé inférieur), une période pauvre en fossiles, notamment de mammifères.
L'ensemble du patrimoine fossile extrait sera géré et conservé par les musées d'Angoulême et de Cognac.
Cette carrière de gypse est exploitée depuis l'Antiquité et à plus grande échelle depuis le XIXe siècle. Le géologue Henri Coquand est le premier à avoir découvert des fossiles sur ce site au milieu du XIXe(1858). Mais il a fallu attendre la fin des années 1970 pour que des dents, épines et écailles de poissons puis des restes de reptiles... soient à nouveau découverts notamment par Daniel Pouit et publiés en 1989 dans le bulletin de la Société géologique de France avec la figuration du squelette d'un reptile sphénodonte. Le paléontologue amateur Thierry Lenglet, ayant entrepris des fouilles dans les années 1990 comprend aussi l'intérêt du site. Il met plus de 10 ans à convaincre une autorité scientifique du potentiel de découverte. C'est en 2001, grâce à Jean-François Tournepiche, Conservateur du Musée d'Angoulême, que le professeur Jean-Michel Mazin dirige une fouille test de deux semaines, et ce petit sondage dépasse toutes les espérances tant par sa richesse, sa densité que sa diversité : restes de crocodiles, de poissons, de tortues, de requins, de dinosaures, de ptérosaures... On pense alors que le site ne serait composé que d’un seul niveau fossilifère.
En juillet 2002, la première campagne de fouilles, a réuni près de 70 personnes, et une vingtaine de spécialistes internationaux. Plus de 400 spécimens ont été extraits, représentant au moins 50 espèces de mollusques, crustacés, poissons, requins, amphibiens, tortues, crocodiliens, ptérosaures, dinosaures et mammifères, ainsi que du bois fossile. Les fossiles sont des ossements isolés qui se sont déposés dans le fond de la cuvette formée par une lagune. Peu de connexions anatomiques sont observables.
Des sédiments ont été lavés et tamisés révélant des milliers de microrestes de vertébrés, notamment des dents inframillimétriques, ainsi que des fragments de coquilles d'œufs de tortues, de crocodiliens et de dinosaures. La mise en place de la station de tamisage a permis les années suivantes de tamiser plusieurs tonnes de sédiments.
Cette fouille permet de mettre à jour, couche par couche, c'est-à-dire période par période, les espèces du site. On a dénombrés 44 couches sédimentaires qui contiennent des restes fossilifères. Ceci qui permet de suivre l'évolution de la faune et des environnements, couche par couche, durant tout le Berriasien.
De 2002 à 2007 des campagnes de fouilles ont eu lieu chaque été, financées par des institutions de tutelle, des collectivités publiques et du mécénat d'entreprise..
Les espèces découvertes sont nombreuses et variées:
Plusieurs nouvelles espèces de crocodiliens ont été identifiées, notamment des crocodiliens nains de la famille très mal connue des Atoposauridea, qui mesurent seulement une quarantaine de centimètres de longueur.
De nombreux crânes (au moins 11 pour Goniopholis et un squelette complet, des squelettes quasi complets de Theriosuchus, mandibule (Bernissartia), dents, ostéodermes...
Liste des différents Crocodiles présents:
+ Goniopholis simus
+ Goniopholis crassidens
+ Pholidosaurus purbeckensis
+ Bernissartia fagesii
+ Bernissartidae indét.
+ Theriosuchus pusillus
+ Theriosuchus sp.
Une nouvelle espèce de dinosaure sauropode de la famille des Camarasauridae : ce sont des dinosaures sauropodes de taille moyenne et à long cou (comme les Diplodocus), fréquents en Amérique du Nord. Il a été trouvé un fragment de vertèbre d'un jeune Camarasauridé, et des restes d'un autre Camarasauridé (dents, vertèbres)
Jean-Michel Mazin et Jean-Paul Billon-Bruyat (son collègue, alors thésard) ont freiné au maximum la divulgation de l’information elle semblait difficile à croire :
« Le simple fait d’annoncer publiquement que notre dinosaure est un camarasauridé, c’est déjà osé. Et parler de mammifères du mésozoïque, c’est franchement se placer sur le fil du rasoir. Mais nous sommes si nombreux à participer à cette opération que le secret n’a pu être gardé bien longtemps. C’est un secret de polichinelle. »
Il a aussi été trouvé des dinosaures Theropoda dont des Archaeopterygidae (Archaeopteryx), Dromaeosauridae (Nuthetes destructor), au moins 5 espèces de Theropoda mais essentiellement des dents, et des dinosaures Ornithischia dont des Ornithopoda, Heterodontosauridae, Camptosaurus, Stegosauridae et divers fragments osseux de Pterodactyloidea
De grandes quantités de plaques dermiques et de coquilles d'oeufs de tortues sont retrouvées (Tretosternon et Pleurosternon )
Dans les marnes on trouve des dents de mammifères : Dryolestidae, Spalacotherium evanaae, Triconodon, Multituberculé indét.
L'annonce importante a été : "Dans ces couches du crétacé, nous avons trouvé des restes de petits mammifères !"
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