La croissance de la population urbaine, en valeurs relative et absolue, est continue depuis l'indépendance en 1956 et s'est accélérée à certaines périodes. Elle tend à ralentir ces dernières années :
1956-1966 | 1966-1975 | 1975-1984 | 1984-1994 | 1994-2004 |
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4,0% | 2,5% | 3,7% | 3,8% | 2,0% |
La population urbaine est passée de 1,4 million d'habitants en 1956 à 2,7 millions d'habitants en 1975 puis 5,4 millions d'habitants en 1994 (soit un doublement en 20 ans) et 6,5 millions d'habitants en 2006. On prévoit qu'elle atteindra les 9 millions d'habitants d'ici 2010 et que le taux d'urbanisation approchera alors les 75 %.
La plus forte croissance constatée a lieu dans la première décennie de l'indépendance (1956-1966). Ceci résulte d'une volonté étatique de créer de nouveaux centres urbains à travers la mise en place des gouvernorats, polarisés autour de chefs-lieux destinés à accueillir les services déconcentrés de l'État, ainsi que les industries de transformation qu'avaient planifiées les autorités tunisiennes dans sa stratégie de nationalisation des moyens de production. Par ailleurs, les villes, vitrines du développement et de la modernité, exercent une très forte attraction sur les paysans : on assiste alors à une accélération du mouvement d'exode rural avec le passage à une économie de planification entre 1961 et 1969. Le ralentissement de la croissance urbaine dans la deuxième décennie post-indépendance (1966-1975) s'explique par les débuts de l'émigration de masse vers l'étranger qui opère un délestage sur les campagnes (notamment au sud et à l'ouest du pays). La reprise de la croissance urbaine dans la période 1975-1994 peut largement s'expliquer par le développement d'activités économiques nouvelles telles que le tourisme et les industries manufacturières, notamment l'industrie textile et les industries mécaniques tournées vers l'exportation. Enfin, le ralentissement observé depuis le recensement de 1994 doit être différencié selon les centres urbains. S'il est constaté dans le cas de l'agglomération-capitale déjà saturée, il concerne moins des villes secondaires qui profitent du desserrement de l'activité économique ou constituent des relais crédibles pour les migrations intérieures des zones rurales.
Les conséquences de la croissance urbaine sont multiples et souvent négatives :