Abbatiale de Saint-Germer-de-Fly | |
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Latitude Longitude | |
Pays | France |
Région | Picardie |
Ville | Saint-Germer-de-Fly |
Culte | Catholique romaine |
Type | Abbatiale |
Rattaché à | Diocèse de Beauvais |
Style(s) dominant(s) | Roman et Gothique |
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L'abbaye Saint-Germer-de-Fly, anciennement abbaye de Flay, est une abbaye de bénédictins fondée au VIIe siècle par saint Germer, qui en fut le premier abbé. Détruite par deux fois lors des invasions normandes vers le milieu du IXe siècle et au début du Xe siècle, elle fut reconstruite au XIIe siècle à l'initiative de l'évêque de Beauvais, qui en fit une abbaye cistercienne. Elle est située en Picardie, dans le département de l'Oise, à Saint-Germer-de-Fly.
Il ne reste de la puissante abbaye du Moyen Âge que l'église abbatiale, de style ogivo-roman, construite au XIIe siècle, qui est devenue l'église paroissiale de l'actuel village de Saint-Germer-de-Fly. D'un point de vue architectural, avec son mélange de styles roman et gothique, elle est considérée comme un exemple caractéristique de la première génération gothique, et ceci, non par ses dimensions ou sa beauté, mais par son caractère novateur. C'est l'un des plus ancien témoignages de l'art gothique en France.
Germer, personnage marquant du VIIe siècle, fonda cette abbaye et en devint le premier abbé. Germer, fils de Rigobert, était par sa mère allié à la famille du roi Clotaire II. Il fut mêlé à l’administration des affaires publiques. À la mort de sa femme Domane, il prit l’habit religieux des mains de saint Ouen, archevêque de Rouen, qui lui indiqua le territoire de Fly afin d’y ériger un monastère.
Une magnifique abbaye s’y élevait bientôt, qu'il dirigera jusqu'à sa mort, un 24 septembre vers l’an 658. Cette abbaye porta aussi le nom d'abbaye de Flay. Deux siècles plus tard, les hordes des Normands ravagèrent l’abbaye, une première fois en 850. Elle fut de nouveau ruinée et rasée par Rollon en 902.
L'abbaye ayant été abandonnée après les invasions normandes, le roi avait attribué ses biens à l'évêché de Beauvais, afin que les terres ne soient pas spoliées.
En 1036, Druon, archevêque de Beauvais, fit réédifier l’abbaye qu’il appela Saint-Germer-de-Fly. En 1132, les reliques de saint Germer, qui se trouvaient jusqu'alors dans la cathédrale de Beauvais, y furent partiellement transférées.
La reconstruction de l'abbatiale est alors décidée et les travaux peuvent rapidement commencer grâce à de généreuses donations. Ils se poursuivront jusqu'en 1167, date à laquelle ils sont interrompus en raison de la crise intervenue dans la communauté à la suite de l'élection controversée de l'abbé Hildegaire II.
En 1200, à la mort de l'abbé Hugues le Pauvre, les moines de l'abbaye cistercienne de Fly (Saint-Germer) choisissent Eustache, prêtre natif du Beauvaisis, qui était le secrétaire de l'évêque de Beauvais Philippe de Dreux, comme supérieur. « Nous avons élu votre secrétaire, homme honorable, simple et droit, à qui on rend témoignage de toutes parts » écrivent-ils à Philippe de Dreux. Il le restera jusqu'à sa mort, le 7 septembre 1211, mais devra parfois abandonner son abbatiat, pour aller prêcher en Languedoc touché par l'hérésie cathare, ou pour aller en Angleterre, où le Pape Innocent III l'envoie comme légat.
En 1246, l'abbé Guillaume de Villaines vend toutes les possessions anglaises de l'abbaye.
Un acte de l' official de Beauvais en date du 11 mai 1248 mentionne la vente à l'abbaye Saint-Germer-de-Fly, par Richard de Grez, de Saint-Félix, et son épouse, d'une « une pièce de terre arable qu'ils avaient de l'héritage d'Asceline d'Amuchy, tante maternelle dudit Richard » pour la somme de cent dix sous de parisis. (Voir illustration ci contre).
Au XIIIe siècle, Pierre de Wessencourt, 25e abbé de Saint-Germer de 1259 à 1272, fait édifier, au chevet de l'abbatiale, la Sainte-Chapelle (encore appelée Chapelle de la Vierge), qui ressemble à la Sainte-Chapelle de Paris, de onze ans son aînée. Le 20 avril 1259, aux côtés de Guillaume de Grès, 61e évêque de Beauvais, il en fait la dédicace à Saint-Germer. Elle est reliée au chevet de l'église (dans l'axe) par un passage étroit. Celui-ci se compose de trois travées éclairées par de petites baies à quatre lancettes, surmontées d'un gâble à l'extérieur. De style gothique, sa destination était d’être une chapelle funéraire, et Pierre de Wessencourt y fit transporter les restes de l'un de ses prédécesseurs Saint-Eustache, ancien abbé de Saint-Germer de 1200 à 1211, enterré jusque là dans l'abbatiale.
L'abbaye a beaucoup souffert de la guerre de Cent Ans : l'église a notamment perdu sa façade occidentale et les voûtes de six des travées de la nef. En 1414, les troupes du duc de Bourgogne détruisent la première travée de la nef et les deux tours qui encadraient la façade occidentale. Au début du XVIe siècle, un mur fut élevé à l'ouest, qui sert encore aujourd'hui de façade.
En 1644, l'abbaye Saint-Germer-de-Fly est confiée à la congrégation de Saint-Maur . Les moines de Saint-Maur entreprennent la réforme de l'abbaye. De nombreux travaux sont entrepris au XVIIIe siècle : un portail est percé dans le mur ouest, en 1739, le clocher est refait (construction d'un nouveau clocher de 60 mètres de hauteur à la croisée du transept), en 1754, une charpente en bois - peinte de couleur pierre - couvre les six travées qui avaient perdu leurs voûtes au XIVe siècle.
L’abbaye Saint-Germer-de-Fly a fonctionné jusqu'à la Révolution. Déclarée bien national et vendue, ses bâtiments ont été détruits en 1790. Seules sont restées l'abbatiale et la Sainte-Chapelle, qui ont été rendues au culte et servent de nos jours d'église paroissiale pour le village de Saint-Germer-de-Fly.
La disparition des édifices attenant à l'église pendant la période révolutionnaire fragilisaient le côté nord, à tel point qu'il a été nécessaire de reconstruire le bras du transept et le bas-côté nord en 1808.
L'abbatiale et la Sainte-Chapelle ont toutes les deux été classées « monuments historiques ».