Alfred Agache est un urbaniste français (1875-1959). C'est un contemporain de Prost, d'Auburtin, de Sellier et de la loi Cornudet.
Donat Alfred Lagache est né en 1875 dans une famille relativement aisée. Sa mère était fille d'industriels allemands et son père était issu d'une famille de riches industriels (dans le textile à Lille). Son père aura une carrière d'artiste peintre et de musicien. L'entourage familial, qui le destina à une carrière de musicien qu'il ne suivra finalement pas, laissera des traces sur Alfred Agache aussi bien dans sa sensibilité artistique que dans sa faculté de compréhension de la mutation du système industriel.
Il étudia l'architecture à l'École des Beaux-Arts, puis la sociologie au Collège libre des sciences sociales où il se familiarisera avec la pensée de Durkheim.
Il adhéra ensuite au Musée social en 1902. Il devint en 1904 chef de mission d'une de ses antennes, le World's Fair, à Saint-Louis aux États-Unis.
Ces quelques événements eurent chacun un impact remarquable sur l'œuvre d'Agache : l'intérêt pour l'art et l'embellissement lui a sans doute été transmis par son milieu familial, de même que la prise de conscience de la mutation de la société et l'industrialisation massive. Ses études ensuite, spécialement au Collège libre des sciences sociale où il s'est familiarisé avec la sociologie. Voyage aux États-Unis dont il ramena au moins un élément : la maison pour tous.
Agache publie en 1915 avec Auburtin (architecte du gouvernement) et Redont (architecte-paysagiste) Comment reconstruire nos cités détruites à destination de la commission parlementaire des départements envahis. Le but de l'ouvrage est de rendre accessible aux maires, députés et autres décideurs concernés, les principes d'aménagement et les méthodes. Il se veut donc pédagogique, mais aussi teinté d'idéologie (importance du plan d'ensemble). Il est organisé en trois parties. La première présente les grands principes (situation en France, idéologie à appliquer sur la ville - celle du Musée social). La deuxième partie aborde le cas des agglomérations dévastées par la guerre. Elle établit une typologie et expose l'opportunité que présente la destruction : c'est sur cela que l'idéologie s’appliquera. La troisième partie détaille le mode de réalisation effectif : comment les décideurs devront s'y prendre… Les auteurs organisent la structure du pouvoir. La place prise par le droit est à ce titre d'importance.
L'ouvrage expose l'opportunité de ces destructions : les villes parfois entièrement dévastées seront reconstruites entièrement. Ces destructions permettront de supprimer les quartiers industriels en centre ville, de réduire l'habitat surpeuplé et insalubre… Il applique l'idéologie du Musée social. Les éléments que l'on y retrouve le plus sont :
La ville évolue à l'ère industrielle : il faut la rendre praticable aux véhicules, redimensionner les routes, construire des déviations, élargir les angles… Les implantations d'usine doivent être stratégiquement étudiées et rationalisées (le long des voies d'eau, des lignes de train…). Une large place est faite à l'esthétique (lutter contre le laid, par des lois notamment). Le plan d'ensemble (le PAEE) est l'unique outil d'intervention (règlement) : il est la solution pour tout. Toutes les villes en seront donc pourvues. Le plan prévoit toute la reconstruction. Idéalement, il doit être élaboré par commune, ou si ce n'est pas possible par département ou par État.