« L'Urbanisme - nous l'avons souvent dit dans nos conférences - est à la fois une science, un art et une philosophie »
— Alfred Agache, le Remodelage d'une capitale, 1932
Relevons qu'il ne considère pas seulement l'urbanisme comme un art, mais aussi comme une science, une discipline qui doit se baser sur l'étude rationnelle des faits : démographie, géographie, histoire… Cependant, l'urbanisme demeure un art : il doit lutter contre le laid, embellir (notion de monumentalité). L'urbaniste est donc celui qui par cet alliage entre le l'art et la rationalité se situe entre l'architecte et l'ingénieur. L'urbanisme est aussi une philosophie, une philosophie sociale parce qu'elle doit concourir au mieux-être social. Le but d'Agache est d'en faire une science totale, capable d'agir sur tous les champs de la société. On peut le ranger dans l'approche sociologique (à laquelle appartient Poëte) qui s’attache à considérer l’individu…
En étant un des membres actifs du Musée social, Agache s’est fortement imprégné des valeurs qui caractérisaient alors ce mouvement.
« Le Plan [de ville] est une œuvre d'ensemble qui a pour but de fournir les directives générales permettant de modeler la ville au fur et à mesure de son développement. Cette œuvre d'ensemble a besoin d'être étudiée en fonction de données anthropogéographiques, économiques et sociales bien définies »
— Alfred Agache, Congrès de la Société française des urbanistes, Strasbourg, 1923
Le plan d'ensembles est la seule réponse à la crise des villes : aussi bien après-guerre que dans le cas villes nouvelles. Il permet de donner une ossature au développement de la cité, en traçant les grandes voies de circulation et en déterminant des zones prédéfinies. Il rend impossible la trahison de la vision de l'architecte. Il doit être appliqué strictement : il ne doit pas exister d'espace non attribué. Il enlève toute initiative à la propriété privée.
Cette attache au plan d'ensemble trahit aussi une vision moderniste de la ville en avance d'une vingtaine d'années. Il prône notamment pour un répartition stricte des fonctions (industrie, habitat…) et des besoins de la vie urbaine (quartier de loisir…). Il procède donc à un zonage strict de l'espace.
Agache tente aussi d'adapter la cité à la révolution industrielle. On retrouve notamment dans son ouvrage des consignes pour reconstruire les cités détruites :
Agache a été critiqué par ses contemporains. Trop ambitieux ses plans n’ont jamais été totalement appliqués : perversion du système, seule la réalisation sociale était synonyme de succès. On critique aussi la planification en elle-même, qui ne permet pas à la ville d’évoluer. On le considère parfois comme un architecte totalitariste, fasciste : des plans jugés démesurés, trop ambitieux, négation de la propriété privée… On lui reproche également d'avoir fréquenté le régime de Getúlio Vargas au Brésil, lors de la confection du plan de Rio notamment. À l’inverse certains architectes comme Le Corbusier ont critiqué sa trop grande considération pour les choses du passé…
Lui-même a évolué puisqu'il ne préconise plus à la fin de sa carrière l'utilisation du plan d'ensemble, mais une intervention plus modeste et sur le long terme de l'urbaniste.