Les larves nécrophages, selon la littérature médicale :
La cicatrisation est accélérée et la douleur atténuée. Il est plausible que la sélection naturelle ait favorisé les larves produisant des substances diminuant la douleur ou le prurit, faute de quoi l’hôte chercherait à s’en débarrasser. Les asticots qui se nourrissent de chair en décomposition baignent dans un bouillon de culture. Il est également plausible qu’ils sécrètent des antibiotiques. Dans ce cas, leur utilisation doit être attentivement surveillée, car une nouvelle vague de souches microbiennes nosocomiales résistant aux asticots (en les infectant par exemple) pourrait apparaître. Une polythérapie associant un traitement antibiotique reste possible.
L’asticothérapie reste compatible avec d'autres types de soins dont certains antibiotiques. Elle n’est pas compatible avec le traitement des plaies sous pression négative, mais peut le précéder. Là où le chirurgien ne pouvait nettoyer en temps réel et en profondeur, des infections ou une gangrène envahissant des tissus 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 (le nettoyage chirurgical des plaies ne se fait qu’une à deux fois par semaine), les asticots peuvent nettoyer sans relâche, à bien moindre coût.
Les larves produisent leur aliments par « digestion extracorporelle » grâce à un large éventail d’enzymes protéolytiques qui liquéfient le tissu nécrotique tout en le désinfectant. Les larves absorbent ensuite pour s’en nourrir le tissu mort sous forme semi-liquide, en quelques jours.
Dans une blessure constituant pour elles un environnement optimal, les larves muent deux fois, passant de 1 à 2 millimètres à 8 à 10 millimètres en 3 à 4 jours.
L’utilisation généralisée des antibiotiques a, en quelques décennies, provoqué l’apparition de souches bactériennes et fongiques nosocomiales (résistantes puis multi-résistantes aux antibiotiques).
En 1989, le Dr. Ronald Sherman, médecin de l'Université de Californie à Irvine, crée un service spécialisé dans le traitement par les asticots au Veterans Affairs Medical Center de Long Beach (Californie). Il y réalise la première épreuve clinique contrôlée utilisant des asticots pour soigner des ulcères de la colonne vertébrale chez des vétérans. Le succès de cette épreuve clinique chez des patients dont les traitements précédents avaient échoué ont relancé l’intérêt de la communauté médicale pour cette thérapie.
En quatre ans, plus de cinquante articles scientifiques ont décrit l'utilisation médicale d’asticots, portant sur 400 patients ayant fait l’objet d’études cliniques, parmi six mille traités et répertoriés (pour un éventuel suivi à long terme). Selon cette littérature médicale, 40% à 50% des membres ainsi traités ont été sauvés.
Plus de 3 000 médecins (de cliniques et d’hôpitaux) dans plus de 20 pays utilisent aujourd’hui cette technique, qui pourrait utilement se développer dans les pays où l’accès aux antibiotiques est difficile et/ou là où les souches de pathogènes nosocomiaux se développent. En 2003, environ 3 000 traitements ont été administrés à 6 000 à 10 000 patients.
Les larves médicales doivent être aux États-Unis agréées par la FDA qui a autorisé (Premarket notification 510(k) 033391, Janvier 2004) le Dr. Ronald Sherman à produire et vendre des larves pour soigner l'homme ou des animaux, sur prescription médicale, pour certaines indications (plaies infectieuses nécrotiques incurables et blessures des tissus mous, dont escarres, ulcères de stase veineuse, ulcères neuropathiques des pieds, et traumatismes non curables ou plaies post-chirurgicales).
Les larves médicales sont les premiers organismes invertébrés vivants autorisés par la FDA pour mise sur le marché à fin médicale. Près de 500 centres de santé aux États-Unis utilisent déjà cette thérapie en 2008.
L’asticot a été reconnu comme médicament en 2004. Une étude « en double aveugle » est actuellement (en 2008) conduite par le Docteur Anne Dompmartin à l’hôpital CHU de Caen où des asticots sont utilisés, enfermés dans un pansement spécial à humidifier 2 fois par jour (80 à 120 € l’unité, fourni par le laboratoire allemand BioMonde). Il n’est utilisé que pour les plaies infectées ou fibreuses, chez des patients volontaires. Ces asticots sont issus d’œufs désinfectés. 90 patients ont été traités au 4 avril 2008, sur 120 patients prévus dans le cadre de cette étude.