Asticothérapie - Définition

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Introduction

Larves traitant une plaie

L’asticothérapie, ou larvothérapie, désigne le soin apporté à une plaie des tissus mous par les asticots de la mouche verte (Lucilia sericata). Les asticots de cette mouche ont la propriété de ne consommer que les tissus nécrosés, de faciliter la cicatrisation des tissus sains en stimulant la production de tissus cicatriciels, tout en désinfectant les plaies sans usage d’antibiotiques.

Histoire

L’utilisation d’asticots est documentée par des chroniqueurs pour le traitement de plaies dès l'Antiquité, à la Renaissance (en Europe). Les Indiens mayas et certains aborigènes d’Australie utilisaient aussi cette technique.

Ambroise Paré les utilise lors du siège de St Quentin (Picardie) en 1557, associés à un onguent à l’huile de lys.

Des médecins militaires avaient observé que des soldats dont les blessures étaient colonisées par certains asticots guérissaient mieux ou plus rapidement que ceux dont les blessures ne l’étaient pas. Ce fut le cas de Dominique Larrey, chirurgien du général Napoléon Bonaparte, qui avait remarqué lors de la campagne égyptienne en Syrie, en 1799, que certaines espèces d’asticots ne mangeaient que les tissus morts des blessures, avec un effet curatif positif chez les blessés.

Le docteur Joseph Jones, médecin en chef de l’armée confédérée lors de la guerre civile américaine constate « j'ai fréquemment vu les blessures négligées… grouillantes de larves (…) ces vers ne détruisent que les tissus morts, et épargnent les parties saines. » Le docteur J.F. Zacharias, autre officier médecin confédéré, serait le premier à avoir (re)développé cette technique de soins, estimant lors de la guerre civile américaine que, ces « larves… en un seul jour nettoient une blessure bien mieux que tous les agents que nous avions à notre disposition.. Je suis sûr d’avoir sauvé beaucoup de vies par leur utilisation. » Ses patients traités avec des larves auraient effectivement bénéficié d’un taux élevé de survie.

Durant la Première Guerre mondiale, le docteur William Baer, chirurgien orthopédique, à son tour identifie sur le champ de bataille l'efficacité de la colonisation d'une certaine larve de mouche pour guérir certaines blessures. Il rapporte le cas d’un soldat qui a passé plusieurs jours sur le champ de bataille sans soins, sans nourriture ni eau, exposé aux éléments, avec des fractures multiples ouvertes du fémur et de grandes blessures à l'abdomen et au scrotum. Quand il est arrivé à l'hôpital, il ne présentait pourtant aucun signe de fièvre malgré la nature sérieuse de ses blessures. Une fois ses vêtements enlevés, il s’est avéré que des « milliers et des milliers de larves avaient colonisé la totalité des parties blessées ». À la surprise du médecin, après que ces larves aient été enlevées « il n'y avait pratiquement aucun os nu à voir et la structure interne de l'os blessé comme les pièces environnantes avaient pour la plupart été entièrement couvertes du plus beau tissu rose qu'on pouvait imaginer ». Ce cas est décrit à une époque où les antibiotiques n’étaient pas connus, et où 75 à 80% des victimes de fractures multiples du fémur mouraient malgré les soins qu’on pouvait leur donner. En 1929, à l’Université Johns-Hopkins, ce même docteur Baer pose des asticots dans les lésions ouvertes de 21 patients victimes d’ostéomyélite chronique, incurable par les moyens de l’époque. Il observe le nettoyage rapide des plaies, une réduction du nombre d'organismes pathogènes, une diminution de l’odeur des plaies, l’alcalisation des plaies, et la guérison de la totalité des lésions des 21 patients qui sortent de l'hôpital après deux mois de cette thérapie. Après la publication en 1931 des résultats du docteur Baer, l’asticothérapie se répand aux États-Unis. La compagnie pharmaceutique Lederle, produit et vend de grandes quantités de « larves chirurgicales », celles de la mouche verte.

De 1930 à 1940, plus de cent articles médicaux sont publiés sur l’asticothérapie, avec de nombreuses descriptions d'utilisation réussie, y compris pour des lésions chroniques ou gravement infectées (ostéomyélite, abcès, brûlures et mastoïdite subaiguë), encourageant plus de 300 hôpitaux américains à utiliser cette thérapie, jusqu’à ce que la découverte de la pénicilline, puis d’autres antibiotiques, ne fasse juger périmée cette technique.

En 1954, lors de la bataille de Diên Biên Phu, les services sanitaires français se retrouvent débordés par l'afflux de blessés qu'il est impossible d'évacuer du camp retranché assiégé. Une asticothérapie spontanée se mettra en place, venant pallier le manque de médicaments et soulageant les chirurgiens et les infirmiers d'une partie de leur tâche, ainsi que le rapporte le médecin-commandant Paul-Henri Grauwin dans son livre-témoignage J'étais médecin à Diên Biên Phu.

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