Bertrand de Jouvenel des Ursins connu sous le nom de Bertrand de Jouvenel, né le 31 octobre 1903 à Paris, où il est mort le 1er mars 1987, est un écrivain et journaliste français, également juriste, politologue et économiste. Penseur libéral, il fut avec Gaston Berger, l'un des pionniers et théoriciens de la prospective en France. Il fonda la revue Futuribles, consacré à la réflexion sur les futurs possibles. Il fut également un pionnier de l'écologie politique et romancier à ses heures sous le nom de plume de Guillaume Champlitte. De son mariage avec Marcelle de Jouvenel, on sait peu de choses, sinon qu'il est le père de Roland.
Il est le fils d'Henry de Jouvenel (homme politique et journaliste français, rédacteur en chef du journal Le Matin), et de sa première femme, d'origine juive, Claire Boas. À dix-sept ans, il vit une aventure amoureuse avec la deuxième femme de son père, l'écrivain Colette. Colette s'inspirera de cette relation pour écrire au moins l'un de ses romans : Le Blé en herbe.
Après des études scientifiques et juridiques, il est correspondant diplomatique puis correspondant pour divers journaux, avant d'entamer une carrière universitaire.
En 1925, il s'inscrit au Parti radical où il milite aux côtés des « Jeunes Turcs ». Son livre L'Économie dirigée, publié en 1928, défend les vertus du dirigisme contre le capitalisme libéral. Dans Vers les États-Unis d'Europe, écrit en 1930, Jouvenel prend parti pour la réconciliation franco-allemande.
Impressionné par l’émeute organisée par les ligues antiparlementaires, le 6 février 1934, et convaincu de l'inefficacité des partis politiques traditionnels, il quitte le Parti radical, préférant agir comme un « électron libre ». Il lance alors avec Pierre Andreu l'hebdomadaire La Lutte des jeunes, qui fustige la « corruption du régime », tout en multipliant ses collaborations à d'autres journaux, parmi lesquels l’hebdomadaire Gringoire pour lequel il couvre en 1935 le Congrès du Parti nazi qui adopte les Lois de Nuremberg. Il fréquente alors les milieux royalistes et nationalistes et des intellectuels comme Henri De Man ou Pierre Drieu la Rochelle.
Il continue à militer pour le rapprochement franco-allemand et créé le « Cercle du grand pavois », une association de soutien au Comité France–Allemagne. C'est à cette occasion qu'il se lie d'amitié avec Otto Abetz, futur ambassadeur d'Allemagne à Paris sous l'Occupation.En février 1936, il réalise pour le journal Paris-Midi une interview d'Adolf Hitler, personnage à l'égard duquel on lui reprochera ultérieurement une trop grande complaisance.
Déçu par la politique du Front populaire et préoccupé par le rôle de la France dans le monde, il rejoint la même année le Parti populaire français (PPF) créé par Jacques Doriot. Il devient alors rédacteur en chef du journal de ce mouvement, L'Émancipation nationale, dans lequel il fait l'éloge du fascisme. Il rompt finalement avec le PPF en 1938 quand Doriot approuve les accords de Munich.
Pendant l'Occupation, Bertrand de Jouvenel retrouve son identité d'électron libre, sympathisant tantôt avec les collaborationnistes et nouant des contacts[évasif] avec des réseaux de la Résistance intérieure française. Menacé d'arrestation par la Gestapo, il s'exile en Suisse en septembre 1943, et décide d'abandonner ses engagements politiques pour se consacrer à l'économie, à la sociologie politique et aux questions d'environnement. À son retour en France, à la Libération, il échappe à l'épuration mais se voit considéré, selon sa propre expression, comme un « pestiféré ».
Son parcours a été sévèrement critiqué par l'historien Zeev Sternhell qui voit en Jouvenel l'un des intellectuels français les plus engagés en faveur du fascisme. Cette opinion a conduit Jouvenel a poursuivre Sternhell en justice. Sternhell a été condamné pour diffamation. Le témoignage de Raymond Aron, qui devait mourir d'un arrêt cardiaque quelques heures plus tard, fut sans doute décisif.
Aujourd'hui, écologistes comme libéraux de droite et de gauche le reconnaissent pour l'un de leurs guides[évasif]. Parmi ses trente-sept livres, Du pouvoir reste une référence. Jouvenel est d'ailleurs, avec Friedrich Hayek et Jacques Rueff, le fondateur de ce club d'intellectuels libéraux qu'est la Société du Mont Pèlerin. Nombre de jeunes économistes ont senti poindre leur vocation en découvrant son analyse des États et en suivant ses cours. Selon Ivo Rens dans Bertrand de Jouvenel(1903-1987) pionnier méconnu de l'écologie politique, il a compris le premier que la gestion de l'environnement revêtait une importance politique. Et enfin, il s'est fait le promoteur de la prospective.