La chartreuse de La Valsainte (en latin Vallis sanctorum omnium, puis Vallis Sancta) est un monastère de moines chartreux sis au fond de la vallée du Javroz dans le canton de Fribourg (district de la Gruyère, commune de Cerniat), en Suisse. Située dans le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, c'est l'unique monastère de l'ordre des chartreux encore actif en Suisse. La langue de la maison est le français, mais la communauté comporte une forte proportion de religieux germanophones.
La Valsainte est inscrite à l'inventaire fédéral des sites construits d'importance nationale à protéger en Suisse.
La Valsainte a été fondée en 1295 par Girard I, seigneur de Corbières sur le territoire de l'ancien comté de Gruyère.
On ne sait presque rien de la chartreuse primitive. Sa construction ne fut sans doute pas achevée avant le milieu du XIVe siècle et elle fut détruite par un incendie en 1381. Selon l'usage du temps, elle comprenait probablement, en plus des bâtiments de la vie communes (petit cloître), douze cellules et des bâtiments destinés aux frères convers.
Des bâtiments médiévaux, il ne reste que deux travées de la voûte de l'église, datables du XIVe siècle. C'est le vestige le plus ancien du monastère, sans doute la voûte primitive de l'église construite dans la première moitié du XIVe siècle et fondée grâce aux dons de Mariona de Fribourg, décédée en 1342, pour laquelle le chapitre général de 1343 ordonna des prières spéciales dans tout l'ordre.
Au Moyen-Âge, le monastère jouissait des droits seigneuriaux de haute et basse justice sur tout le val de Charmey. Au cœur historique des vallées du Javroz et de la Jogne, les chartreux étaient alors les seigneurs temporels d'une vaste région qui englobait notamment le territoire des communes actuelles de Charmey et de Cerniat.
En 1791, un groupe de moines cisterciens venus de l'Abbaye de La Trappe (Orne, France) fuyant les troubles révolutionnaires sous la conduite de leur prieur, dom Augustin de Lestrange, obtint du gouvernement de Fribourg l'usage des bâtiments de la Valsainte, restés vacants depuis le départ des chartreux. Lorsque la nouvelle fondation trappiste fut érigée en abbaye cistercienne, dom Augustin de Lestrange fut élu abbé de La Valsainte (1794). La Valsainte devint alors le foyer de la résurrection de l'ordre cistercien réformé. Quand les armées françaises envahirent la Suisse en 1798, les trappistes obtinrent du Tsar Paul Ier de Russie l'autorisation de venir s'installer dans son empire, où ils parvinrent après une odyssée remarquable. Mais dès mars 1800, le Tsar expulsa les émigrés français de son empire ; les trappistes reprirent la route et vinrent réoccuper la Valsainte, jusqu'à la chute définitive de Napoléon (1815), date à laquelle ils quittèrent la Suisse pour faire renaître la vie cistercienne en France.
En 1817, le père Joseph Passerat, restaurateur de la Congrégation du Très Saint Rédempteur (fondée par S. Alphonse de Liguori) reçut de Fribourg la permission d'établir sa communauté à la Valsainte, mais la situation isolée du monastère ne convenait guère à ces religieux voués à l'apostolat et ils se retirèrent en 1825. Dès lors, les bâtiments mal entretenus tombèrent peu à peu en ruines.
En 1848, le gouvernement fribourgeois radical et anticlérical supprima la chartreuse de la Part-Dieu et en dispersa la communauté.
En 1863, le retour au pouvoir, à Fribourg, d'un gouvernement conservateur, favorable à l'Église, facilita le retour des chartreux. Les anciens religieux de la Part-Dieu voisine obtinrent finalement la restitution de la Valsainte. Le monastère, en grande partie détruit, fut racheté, restauré et rebâti, grâce aux secours de la Grande Chartreuse et à ce qui restait de la 'fortune' de l'ancienne chartreuse de la Part-Dieu, restituée par le gouvernement fribourgeois. Hormis la façade du XVIIIe siècle, une partie de la voûte de l'église datée du XIVe siècle 14e siècle, tous les autres bâtiments actuels, y compris la chapelle extérieure, datent du dernier tiers du XIXe siècle. En 1865 on construisit l'hôtellerie et la chapelle extérieures ; 1866 vit l'achèvement de l'église conventuelle.
La maison était alors aménagée pour recevoir 14 pères.