Chartreuse de La Valsainte - Définition

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Le XXe siècle

L'histoire de la Valsainte fut marquée par les grands événements religieux et politiques du XXe siècle : lois de séparation de l'Église et de l'État en France, guerres mondiales, concile Vatican II.

Agrandissements

Dès les dernières années du XIXe siècle et jusqu'à l'expulsion des moines de la Grande-Chartreuse en 1903, la communauté vit ses effectifs grossir en raison de la fermeture progressive des chartreuses françaises dans le contexte des lois de séparation de l'Église et de l'État en France.

En 1886, on construisit l'actuel bâtiment des frères convers, une partie des ateliers, les cellules L R S T U V X Y.

En 1901, on agrandit l'église, le cloître, les réfectoires, l'enclos et on construisit le "cloître du noviciat". Aux 12 cellules du cloître de 1868, on avait donc ajouté deux nouvelles rangées de 13 et 11 cellules. La maison abritait désormais 36 cellules, sans compter le priorat et la procure ; elle pouvait donc accueillir 38 pères et une trentaine de frères.

En 1903, l'ouverture d'un noviciat permit à la Valsainte de bénéficier de vocations qui ne pouvaient être accueillies en France et son rayonnement attira de nombreux candidats d'origine suisse.

En 1903 et 1904, le chapitre général de l'ordre fut célébré à deux reprises à la Valsainte.

En 1910 (10 août), l'église conventuelle, dédiée à l'Immaculée conception de la Vierge, fut consacrée par Mgr Abbet, évêque titulaire de Bethléem et abbé de Saint-Maurice d'Agaune.

A trois reprises au cours du XXe siècle, la communauté dépassa le nombre de cinquante religieux.

Guerres mondiales

Au cours des deux guerres mondiales, certains religieux français furent appelés sous les drapeaux, mais tous purent heureusement revenir au monastère. Dès avant la Seconde Guerre mondiale, la Valsainte fut un des lieux de résistance ecclésiastique au nazisme. D'une part le prieur, Nicolas Barras, élu en 1934, était lié d'amitié avec le nonce apostolique à Berne, Mgr Bernardini. D'autre part, il avait des liens familiaux et amicaux avec le chef de la police du canton de Fribourg, dont le fils avait épousé une de ses nièces. Enfin, sa position de prieur doté d'un passeport neutre lui permit d'accomplir plusieurs missions au nom de son ordre en France - libre et occupée - ainsi qu'en Allemagne, puis en Italie, et de servir d'agent de liaison, parfois malgré lui ou sans qu'il fut tenu exactement au courant de la portée des documents qu'il véhiculait ou des personnes qu'il hébergeait. Pendant plusieurs mois de guerre, l'armée suisse abrita des réserves de munitions dans les caves du monastère ; on garde aussi le souvenir d'une visite du général Guisan, commandant en chef, et de son état-major. Des espions allemands tournaient autour de la maison (témoignage de dom Barras). Les visiteurs secrets, abrités par le monastère ou exfiltrés de Suisse à partir de la Valsainte sous couvert de faux papiers ou de vêtements ecclésiastiques, n'ont laissé que peu de traces, le prieur ayant coutume de détruire sa correspondance après dix ans. Ses mémoires n'en gardent qu'une trace anecdotique mais significative. Certains témoignages externes permettent de compenser cette absence de documentation directe. Ainsi, en 1938, après l'annexion de l'Autriche par le Troisième Reich, une rencontre secrète eut lieu à la Valsainte entre le marxiste italien Ambrogio Donini et deux autres communistes italiens, Fausto Marzi Marchesi et Emilio Sereni avec Monseigneur Rampolla, neveu de l'ancien secrétaire d'État de Léon XIII, Mariano Rampolla del Tindaro, et proche de Pie XI, pour évaluer la possibilité d'un rapprochement du Saint-Siège et de l'Union des républiques socialistes soviétiques qui puisse servir de frein à l'expansion nazie en Europe.

Rayonnement spirituel

Au XXe siècle, la Valsainte abrita des religieux français qui exercèrent, le plus souvent indirectement, un grand rayonnement sur la culture et la vie religieuse suisse et française. La chartreuse devint un foyer spirituel important de la vie catholique européenne, sans précédant dans les siècles antérieurs. On y admettait alors des retraitants ecclésiastiques et même des laïcs.

Charles Journet, prêtre diocésain, et bientôt professeur de théologie au Grand Séminaire de Fribourg, ainsi que son ami Jacques Maritain, avec le cercle d'intellectuels réunis autour d'eux (Stanislas Fumet, etc.), ont beaucoup contribué à diffuser dans les milieux catholiques une image idéalisée de la vie cartusienne (cf. Pierre van der Meer de Walcheren, Le Paradis blanc, qui raconte une visite à la Valsainte et une rencontre avec le père maître des novices, dom Gérard Raemakers ; voir plus-bas). En Suisse Romande, l'influence de l'abbé Journet fut déterminante, spécialement à travers le clergé sur lequel il eut une grande influence au cours de sa carrière professorale.

C'est en assistant à la messe, célébrée à la Valsainte dans le silence de l'aube, que Jacques Loew se convertit au catholicisme dans le début des années trente.

En 1975, Charles Journet, qui avait été créé cardinal par Paul VI, fut enterré dans le cimetière des religieux en présence de quelques intimes, selon le rite cartusien de sépulture (mais dans un cercueil fermé). Sa tombe, ornée d'une simple croix anonyme, comme celle de tout chartreux, a cependant été intentionnellement placée au centre du cimetière pour être facilement repérable.

Restauration de l'église

Dans les années 1970, à la suite du Concile Vatican II, l'église conventuelle fit l'objet d'une restauration totale. Tout le décor du XIXe siècle fut supprimé, à l'exception des stalles, légèrement remaniées. Le jubé, séparant le chœur des Pères de celui des Frères, fut supprimé. Les chartreux bénéficièrent des conseils et du bon goût du père Maurice Moullet, cordelier et professeur d'histoire de l'art à l'université de Fribourg. Le beau parquet en losange fut remplacé par un dallage et réinstallé à la bibliothèque. Le sanctuaire fut complètement réaménagé avec une extrême sobriété sous la direction de l'architecte fribourgeois J. Pythoud. La restauration de la voûte permit de mettre au jour, dans la moitié ouest, deux travées de voûte du XIVe siècle en pierres de tuf, laissées intactes par les destructions du début du XIXe siècle.

Toute la chaleur de l'église vient des couleurs chatoyantes des vitraux non figuratifs du peintre fribourgeois Claude Chorderet dont les rayons du soleil le jour, et de la lune, la nuit, promènent les taches rouges, or et bleues sur les murs nus et blanc. Le tabernacle et la croix de procession en émaux sont l'œuvre de l'artiste français Mirande, que son ami le père Moulet avait conseillé aux chartreux. Grâce à la générosité d'un bienfaiteur, une remarquable vierge gothique, œuvre d'un atelier mosellan du XIVe siècle, est placée à gauche de l'autel conventuel.

La restauration de l'église de la Valsainte fut imitée par plusieurs chartreuses, notamment Montalegre (Barcelone), sans que l'équilibre esthétique et spirituel de cet ensemble n'ait pu être égalé.

Fin de siècle

Les dernières décennies du XXe siècle et le début du siècle suivant furent pour la maison une période de difficultés, soulignées par la raréfaction des vocations qui se faisait sentir depuis les années 70 du XXe siècle. Sous le priorat de dom Nicolas Barras, la communauté adopta la langue française pour les lectures de la messe et de l'office monastique. Sous le priorat de dom Augustin Toenz, cette place de la langue vernaculaire fut étendue aux oraisons, aux prières d'intercession ainsi qu'à la prière eucharistique de la messe concélébrée dont le rythme est actuellement fixé à deux fois fois par mois.

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