Influence religieuse et missionnaire
Ce centre intellectuel cosmopolite de premier ordre, où affluent des élèves venant de toutes les provinces de France et même de pays étrangers, eut également une grande influence missionnaire, surtout dans les colonies d’Amérique. Très nombreux étaient les jésuites revenant des missions ou sur le point d’y partir qui séjournèrent quelque temps à La Flèche, entretenant parmi les élèves l’enthousiasme pour les nouveaux pays et suscitant d’autres vocations missionnaires.
- Les trois pères Lalemant (Charles, Gabriel et Jérôme), très actifs en Nouvelle-France étaient des Fléchois.
- Jacques Bouton est le fondateur de la mission des Antilles françaises (1635).
- François Lucas passa 23 ans en Syrie.
- Plusieurs étaient rentrés de Chine : Joachim Bouvet (un Fléchois), et Jean de Fonteney, tout deux mathématiciens envoyé en Chine par le roi Louis XIV (1684) étaient rentré en Europe - et à La Flèche - en 1704.
- François-Xavier de Charlevoix, ancien missionnaire au Québec, écrivit à La Flèche l’histoire des missions du Canada, du Japon, de Saint-Domingue, une œuvre fort appréciée par Chateaubriand tout en étant rédacteur au Journal de Trévoux.
Programme d’études
- Le collège fonctionne comme l’a voulu son fondateur, et cela pratiquement jusqu’à sa suppression (en 1762). Il suit fidèlement le Ratio Studiorum des jésuites : trois années de grammaire, trois années d’humanités et trois années de philosophie. Ensuite, le cycle du ‘séminaire’ avec des cours de théologie et d’écriture sainte. En tout 14 niveaux d’études.
- Les jésuites s’y investissent beaucoup. De 19 fondateurs qu’ils étaient en 1604 le nombre de jésuites présents à La Flèche montera jusqu’à 110 à la fin du XVIIe siècle. En 1762 ils étaient 88: 34 professeurs, 24 à l’internat et 30 théologiens, sans compter les frères coadjuteurs. Les professeurs jésuites les plus éminents des XVIIe et XVIIIe siècles y ont professé. L’enseignement y était de qualité. Ce qui fera écrire au philosophe Descartes, l’un des premiers et illustres pensionnaires de l’institution (de 1607 à 1615) : « J’étais dans l’une des plus célèbres écoles de l’Europe ».
- Représentations théâtrales, ballets, débats, exercices oratoires, distributions des prix, canonisations et anniversaires royaux étaient l’occasion de grandes célébrations qui attiraient un large public et confortaient la renommée du collège. D’autant plus que les visites royales n’étaient pas rares.
Fin du collège jésuite
- Le collège fut fermé en 1762 - comme tous les autres établissements jésuites de France - lorsque la Compagnie de Jésus fut bannie du royaume. C’était l’aboutissement d’une longue campagne de dénigrement des jésuites exacerbée en France par l’affaire ‘Antoine de la Valette’, une banqueroute frauduleuse mal gérée par le supérieur provincial. En 1759 les jésuites avaient déjà du quitter le Portugal et ses colonies. En 1767 ils sont expulsés d’Espagne, et l’année suivante, de Parme. En 1773, ce sera la suppression ‘universelle’ de l’Ordre par le pape Clément XIV.
- Les Fléchois qui ne voulaient pas voir disparaître leur prestigieux collège confièrent sa direction à un groupe d’abbés. Les résultats furent décevants. Deux tentatives de restaurations furent faites par les Pères de la Doctrine Chrétienne. Une première fois en 1776: la révolution française mit fin à leurs efforts et en 1793 les bâtiments furent désaffectés. Seconde tentative sous le Directoire, mais sans succès. En 1808, l’empereur réquisitionna les bâtiments pour y transférer le prytanée militaire de Saint-Cyr. Pour la suite voir :