On appelle crash démographique, ou « hiver démographique », l'hypothèse, vérifiée en Europe (et particulier en Allemagne et en Italie) et en plusieurs autres pays comme le Japon, selon laquelle le taux de natalité, loin de se stabiliser au niveau du taux de mortalité à la fin de la transition démographique, poursuivrait momentanément sa décroissance pour se maintenir à bas niveau, accentuant le vieillissement des populations et, étant inférieur au taux de mortalité, provoquant leur diminution importante, à rythme plus ou moins rapide.
Un crash démographique est une version « extrême » du déclin démographique.
Le crash démographique est le titre d'un ouvrage de Michel Schooyans, professeur émérite de l'Université catholique de Louvain (Belgique) où il a enseigné vingt-cinq ans la philosophie politique, membre de l’Institut royal des relations internationales (Bruxelles), de l’Institut de démographie politique (Paris), et du Population Research Institute (Washington). L'inventeur de l'expression « hiver démographique » est quant à lui le recteur Gérard-François Dumont, directeur de la revue Population et Avenir, président de la revue Population et Avenir, Membre du Conseil national de l'information statistique et professeur à la Sorbonne.
Le crash démographique est une notion discutée : thématique initialement avancée, pour la déplorer, par des penseurs dont le combat politique est à rapprocher des mouvements populationnistes ou à la suite d' Alfred Sauvy qui dénonçait déjà en 1980 un « refus de voir » le non-renouvellement des générations en France, elle est contestée par les tenants malthusiens de l'écologie profonde ou les membres du Club de Rome, qui encouragent une restriction du nombre d'humains à l’échelle de la planète ou minimisent la baisse annoncée par leurs adversaires idéologiques. Cependant, pour le cas de l'Europe, qui est particulièrement concernée, bien des hommes politiques de toutes tendances ont dénoncé jusqu'à un « suicide démographique », tel Michel Rocard clôturant la conférence dite « des familles » le 20 janvier 1989 : « La plupart des États d’Europe occidentale sont en train de se suicider, de se suicider par la démographie, sans même en avoir conscience. » Ces prises de conscience successives ont donné lieu en octobre 2004 au « Pacte européen pour la jeunesse » signé par MM. Zapatero, Chirac, Schröder et Persson au président de la Commission européenne.
À l'échelle mondiale, selon l'hypothèse moyenne retenue par l'ONU en 2004, après une période de croissance jusque vers 2050 où elle atteindrait 9,1 milliards d'habitants, la population mondiale se mettrait à décroître, retrouverait en 2100 son niveau de 2006, puis régresserait à 3 milliards (population de 1960) en 2200. Les prévisions de l'ONU sont cependant régulièrement revues à la baisse. L'ONU prévoyait ainsi pour 2050 : 11,1 Mds d'habitants (en 1973) ; 9,4 Mds (en 1996) ; 9,3 Mds (en 2000) ; 9,07 Mds (en 2004).
Certains démographes français, se basant sur l´évolution extrêmement rapide de nombreux pays, notamment en Europe, sonnèrent l´alarme dès les années 1980, dans la lignée antimalthusienne d´ Alfred Sauvy. On compte parmi eux Jacques Dupâquier, Pierre Chaunu (spécialistes en démographie historique), Jean-Didier Lecaillon, Gérard-François Dumont (L´Hiver démographique), ou encore Michel Schooyans (le crash démographique). Ils furent rejoint par Raymond Aron (« Les Européens sont en train de se suicider par dénatalité », 1983) ou par des politiques comme François Mitterrand (« une France pauvre d’enfants dans une Europe plus pauvre encore », Lettre aux Français, 1988) ou encore Jacques Chirac (« le recul de la natalité porte en germe la baisse de notre compétitivité», 1994).
Les statistiques récentes confirment certes le ralentissement de la croissance européenne, ou, dans une moindre mesure, mondiale. Par exemple en Iran, la fécondité actuelle est plus faible que celle des États-Unis (1,87 contre 2,1 enfants par femme) ; au Maghreb, elle tend vers 2 enfants par femme.
Les inquiétudes des démographes se tournent particulièrement vers l´Europe, dont la fécondité est d´un niveau inédit par sa faiblesse, et n´assure plus le renouvellement des générations. Aujourd´hui, l´Europe perd des habitants, à commencer par la Russie dont la population est diminuée de plus de 500 000 individus chaque année par le simple jeu du solde naturel.