L'école de cartographie de Dieppe est célèbre pour la réalisation d'une importante série de mappemondes connues sous le nom de « cartes de Dieppe » réalisées dans la ville portuaire de Dieppe au cours du XVIe siècle. Cette ville de Dieppe est connue pour ses riches armateurs tel que Jean Ango et ses non moins célèbres navigateurs tel que Jean Cousin.
Ces cartes furent conçues entre 1540 et 1585 par de grands cartographes tels que Pierre Desceliers, Jean Rotz, Guillaume Le Testu, Nicolas Desliens, Nicolas Vallard et Jacques de Vau de Claye.
Ces portulans et mappemondes furent commandés par de riches mécènes, des armateurs portugais et français et par les services royaux d'Henri II de France et d'Henri VIII d'Angleterre.
Toutes ces cartes portent des inscriptions en langue française, voire en portugais et dans un jargon franco-portugais. Les historiens modernes pensent que l'Ecole de cartographie de Dieppe devait accueillir en son sein des cartographes portugais. Il en est de même pour la carte de Cantino créée en 1502 et qui indique clairement la source portugaise à la base de sa réalisation, malgré la politique de silence imposée par le gouvernement portugais (Politica sigilio).
Une caractéristique commune à la plupart des mappemondes de Dieppe sont la présence des roses des vents et des tracés de lignes loxodromiques, évocateurs des cartes marines. Ces cartes marines sont considérées comme des œuvres d'art, de toute évidence destinées à être étalées sur une table, et contenant des informations sur les dernières découvertes, à côté de références mythologiques et d'illustrations.
Les cartes de Dieppe portent des descriptions sur les premières tentatives françaises de coloniser le Canada, la conquête du Pérou par les Espagnols et les le commerce des Portugais sur les mers entourant les îles des Célèbes, Nouvelle-Guinée et Indonésie. Sur ces mêmes cartes peuvent figurer des inscriptions sur le légendaire Royaume du prêtre Jean en Éthiopie, ou encore la présence légendaire des Amazones en Russie ainsi que des descriptions sur le voyage de Marco Polo.
Comme pour toutes les cartes faites avant le XVIIe siècle, les mappemondes de Dieppe ne présentent aucune connaissance de la longitude. Alors que les latitudes sont indiquées en degrés observées par astrolabe ou quadrant. La projection de Mercator n'étant apparue qu'en 1568, celle-ci est absente des cartographies de Dieppe.