Son œuvre, dense, qu’appuyait une immense culture, a ainsi la particularité d’avoir été confrontée en permanence à une pratique collective de terrain par le biais de groupes d’intervenants, dont le plus ancien est le groupe Desgenettes-Agasp (créé en 1971 et auquel Gérard Mendel participait) aux côtés d’autres groupes en France, Argentine, Belgique, Québec.
De nombreux livres cliniques rendent compte de ces interventions réalisées dans une grande variété de lieux de travail, de l’école à la maison de retraite, en passant par l’entreprise, les syndicats, les associations, les collectivités locales. Une méthode d’intervention dans les institutions a été inventée : la mise en place d’un Dispositif Institutionnel dont les caractéristiques principales sont la constitution de groupes homogènes de métiers et la communication indirecte (par le biais de comptes-rendus écrits) entre eux. Ce dispositif a pour vocation de s’inscrire dans le cours naturel de la vie institutionnelle. Les dispositifs les plus anciens sont en place depuis plus de 20 ans. L’exercice de son « actepouvoir » par chacun est ainsi une proposition constructive face à la fin de la société patriarcale et de son corollaire, l’autorité, proposition assortie de pratiques concrètes pour l’exercice de la démocratie participative (cf.Pourquoi la démocratie est en panne, 2003).
Depuis Pour décoloniser l’enfant (1971), La société n’est pas une famille (1992) jusqu’à Une histoire de l’Autorité (2003) Gérard Mendel a toujours été préoccupé par le vide laissé par la fin de la relation d’autorité comme modèle des rapports sociaux et par l’impossible retour de cette forme, aujourd’hui plus infantilisante que préparatoire à l’autonomie et à la responsabilité, Il a privilégié l’école (de la maternelle à la terminale) comme un des lieux d’application de sa méthode afin d’y installer l’apprentissage de la démocratie par le développement de la socialisation des jeunes, aussi bien entre eux qu’avec leurs partenaires enseignants. C’est à partir d’un dispositif aménagé pour ce lieu éducatif, le dispositif d’expression collective des élèves (DECE) sur leur propre vie scolaire, que se construit pour tous les élèves d’une même classe (et non plus pour les seuls délégués) une socialisation différente, « non-identificatoire » dans la mesure où elle se construit aussi dans les relations entre pairs : non plus seulement compétitive, individualiste et élitiste, mais davantage collective, égalitaire et solidaire. Plus de 500 classes du primaire et du secondaire ont à ce jour pratiqué ce dispositif, dans un lien médiatisé par l’écrit, via le Conseiller d’orientation-psychologue, avec l’équipe enseignante.
Un grand nombre de ses articles, conférences, interventions radiophoniques et télévisées ont été consacrés à cette ligne forte de son œuvre, un film tourné dans un collège rural en 2000 en témoigne (« La démocratie dans l’école, JP Lebel, Périphérie).