Histoire de l'archipel des Comores - Définition

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La déclaration d'indépendance

Après les indépendances prises par les pays africains des années 1960, un certain nombre d'intellectuels, Grands Comoriens, pour la plupart, largement influencés par les idées zanzibarites, commencent à réclamer l'indépendance. D'un commun accord, dans un objectif d'indépendance concerté, la France propose un référendum en 1973. En décembre 1974, Mayotte ne s'exprime pas comme les trois autres îles (65 % pour le maintien, 35 % contre le maintien). Plusieurs explications sont données pour expliquer ce choix :

  • La craintes des Mahorais de se sentir marginalisés dans un système politique dominé par la Grande Comore,
  • La crainte de voir le droit matriarcal diminué, épisode des mamies chatouilleuses
  • Une partie de la population est d'origine malgache, utilisant le malgache comme langue première, et est relativement moins islamisée (pratique animiste sakalave).
  • Un certain nombre d'élus locaux d'origine comorienne (Anjouan, Mayotte) et les descendants des familles créoles, peu nombreux, mais marqués par une éducation républicaine, militent en faveur du statu quo.

La France quant à elle, estime stratégiquement important de garder pied sur une de ces îles pour contrôler le canal du Mozambique. Une unité de la légion étrangère continue à y être stationnée.

Devant la volonté de la France de traiter Mayotte d'une façon particulière, l'indépendance est déclarée unilatéralement par la République Fédérale Islamique des Comores, le 6 juillet 1975, par la voix de l'Anjouanais Ahmed Abdallah. En 1976 un autre référendum confirme le vote de Mayotte. Les périodes historiques suivantes qui divergent d'une façon importante, sont relatées dans les article concernant l'histoire de l'état comorien et l'histoire de Mayotte

La mainmise coloniale

Le sultan d'Anjouan Abdallah Ier se rend, en 1816, sur l’île Bourbon pour solliciter la protection de Louis XVIII. Les divisions internes et la menace malgache permettent aux puissances coloniales (France, Portugal, Angleterre, l'Allemagne qui rivalisent pour imposer leur hégémonie dans cette zone stratégique contrôlant le commerce vers l'Orient) d'intervenir dans les affaires politiques des souverains locaux. Le 25 avril 1841, suite à la signature d'un traité, Mayotte devient protectorat français et le sultan Adrian Tsouli, qui avait conquis l'île 9 ans plut tôt, reçoit, alors qu'il était en train de perdre le pouvoir réel, en compensation une somme d'argent et les paiements des frais de scolarité de ses enfants à la Réunion. La France, trouve avec cet accord, qui constitue une véritable vente forcée pourtant présentée comme un accord commercial, un port stratégiquement important. Le roi Louis-Philippe entérine cette acquisition en 1843. L’esclavage y est aboli dès 1846.

Timbre de Mayotte de 1892

En 1866, la France établit un protectorat sur Anjouan, et utilise même la marine pour s'imposer face au sultan Saidi Abdallah bin Salim réticent. Le 24 juin 1886, le Sultan de Grande Comore qui a réussi à unifier l'île, grâce aux Français, accepte, sous la pression, de passer sous protectorat français. Il est ensuite exilé pour ne plus revenir. Mohéli est également placée sous protectorat cette même année. Même si les îles gardent une certaine indépendance du fait de la rivalité des grandes puissances, elles sont bien soumises et les sultans locaux n'ont pas les moyens de s'y opposer. À partir de 1892, le pouvoir sur les îles des Comores est exercé par les Résidents subordonnés aux gouverneurs de Mayotte, qui peu à peu ont pris le pouvoir. Les exploitations coloniales constituent près de la moitié de la Grande Comore, 40% d'Anjouan, 20% de Mohéli. Les îles deviennent alors colonie de «Mayotte et dépendances». Alors que la main-d'œuvre devient de plus en plus chère à la Réunion, les Comores, oubliées par l'administration centrale, offrent aux colons et aux sociétés coloniales (comme la Bambao) des perspectives et une main-d'œuvre peu chère dans les plantations de plantes à parfums et de vanille. Durant cette période, les colons dépossèdent entièrement les paysans comoriens de leurs terres, et emploient ceux-ci dans les plantations coloniales à titre d'«engagés». La langue officielle devenu le français, l'enseignement passe de l'arabe au français. L'usage du swahili se poursuit cependant dans le milieu du commerce.

« Madagascar : Femme des Comores » (carte postale de 1908)

En 1904 le rattachement juridique officiel se fait entre les îles. Il est suivi, le 9 avril 1908, d’un second décret rattachant officieusement Mayotte et ses dépendances à Madagascar.

Le rattachement à Madagascar

Après plusieurs exactions et abus, mais désirant néanmoins poursuivre la colonisation, la France se résout à faire surveiller les résidents par les Administrateurs de Mayotte. Pour ce faire la colonie de «Mayotte et dépendances» est rattachée par la loi du 25 juillet 1912 à la colonie de Madagascar. Peu à peu, les terres sont rétrocédées aux Comoriens. Une révolte importante a lieu en 1915 en Grande Comore. La France envoie des gardes malgaches, puis un détachement de tirailleurs sénégalais, et dans le même temps demande à son administration de s'appuyer sur les notables locaux pour ramener la paix. Peu à peu, le mouvement s'effrite, et l'administration exile certains meneurs. En 1940 à Anjouan, éclate une grève lorsque l'administration fait savoir qu'elle va réquisitionner la main d'œuvre pour les exploitations coloniales. Des violences éclatent lorsque la grève échoue, les notables finissent par appeler au calme. Du 6 juin 1940 à 1942, l'administration coloniale est exercée par le régime de Vichy. Après 1942 celui-ci échoit, comme celui de Madagascar, au Royaume Uni jusqu'au 13 octobre 1946.

De 1946 à l'indépendance

Les Comores obtiennent en 1946 une autonomie administrative vis-à-vis de Madagascar et Dzaoudzi est choisie comme capitale du nouveau territoire. À partir de 1946, les Comores sont représentés directement au Parlement français pour la première fois en tant que tel et acquièrent une certaine autonomie administrative grâce notamment à l'action du député Said Mohamed Cheikh. Les Comores obtiennent également un Conseiller de la République (Jacques Grimaldi), et un Conseiller à l'Union française (Georges Boussenot, député de Madagascar en 1945-1946). Un Conseil général, assemblée locale, est mis en place dans l'archipel pour représenter la population et discuter des problèmes locaux, mais le véritable pouvoir est toujours détenu par l'administrateur supérieure de la République Française. Le 15 juin 1953, plusieurs politiques comoriens osent sans y croire faire une déclaration commune demandant l’indépendance. En 1958, l’Assemblée territoriale des Comores choisit le statut de Territoires d'outre-mer, et en application de la loi-cadre, on crée le Conseil de gouvernement, organe exécutif toujours présidé par l'administrateur supérieur, entouré par des ministres désignés par le Conseil régional. Le poste de vice-président du Conseil de gouvernement, confié à Mohamed Ahmed est symbolique. Certains politiciens reprochent à la France de ne pas traiter les Comores comme les autres TOM.

En 1961, les îles obtiennent une autonomie interne très importante. Saïd Mohammed Cheikh devient Président du Conseil de Gouvernement, premier personnage du Territoire, avant le haut-commissaire de la République. C'est un autochtone, premier élu sur une liste présentée à l'assemblée. L'éducation est très largement négligée depuis le début de la colonisation, on ouvre cependant le premier lycée en 1963 à Moroni ; un second suit à Mutsamudu en 1970. Saïd Mohammed Cheikh s'efforce de faire élargir les compétences territoriales, surtout à partir de 1968. Cette période d'autonomie est marquée par un certain développement économique et social. Le réseau routier commence à être bitumé et les politiciens les plus autonomistes, après les événements de 1968 réclament l'indépendance ce qui aboutit aux "Accords de juin 1973". En 1966, Saïd Mohamed Cheick fait transférer la capitale des Comores de Dzaoudzi à Moroni, ce qui provoque la méfiance des élus de Mayotte envers les indépendantistes.

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