John Steiner est un psychanalyste britannique, kleinien. Il est connu pour ses écrits sur ce qu'il appelle les "retraits psychiques" qui sont des organisations pathologiques qu'il retrouve chez les patients psychotiques, névrosés et personnalités charnières, comme le sous-titre du livre français l'indique. Steiner part des idées kleiniennes de "positions" - à distinguer de « stades » - pour y introduire sa notion de retraits. Les positions sont connues, successivement et alternativement :
John Steiner la situe sur deux pôles:
A toutes ces sous-positions, il convient d'ajouter le retrait psychique qui vise à échapper provisoirement - mais au prix d'une altération psychique - à l'angoisse et à la détresse de chacune des sous-positions. Fidèle en cela à Mélanie Klein, il considère qu'il y a, durant toute la vie, une oscillation de l'une à l'autre position et de leurs sous-positions. Le tout s'articule à la "position" de retrait qui peut s'attacher à chacune d'entre elles. A la différence de Donald Winnicott, Steiner incite à ne pas idéaliser l'aire transitionnelle considérant qu'elle peut se confondre avec un retrait psychique qui n'a rien de créatif. Le retrait est à comprendre en même temps comme une expression de la destructivité et une défense contre elle. Elle est bien au service d'une adaptativité en ménageant un espace calme et momentanément protégé mais, à l'extrême, au prix d'une altération du contact avec la réalité. Ce retrait peut aussi être vu comme une régression schizoïde au sens donné par Fairbairn, le patient borderline tend à fuir le contact avec lui-même et avec ses objets. Steiner se réfère ici aux théories d'Henri Rey peu connu, qui a théorisé l'idée d'un espace "marsupial" sorte de continuité d'avec l'état avant la naissance. Il s'agit d'un espace psychique par analogie à la poche du kangourou qui se prolonge jusqu'à ce que l'individu ait trouvé un espace personnel distinct de l'espace maternel. La "personnalité charnière" décrite par H. Rey aurait le sentiment d'en avoir été chassé trop tôt et chercherait à le retrouver, notamment dans la situation psychanalytique. C'est là que s'éclaire l'origine du retrait sur lequel vient se greffer la dialectique "claustro-agoraphobique" : le retrait est un lieu sûr lorsque le patient est au-dehors du refuge, mais menaçant lorsqu'il est dedans parce qu'enfermant et persécutoire.
Steiner y subdivise deux pôles :
Ce qui nous amène au schéma suivant: