La première question est alors, pour Frege, de savoir si, dans ce but, ce sont les signes audibles qui ont l'avantage, ou les signes visibles.
Frege distingue les avantages des signes audibles :
- productions indépendantes des circonstances extérieures ;
- affinité étroite des sons et des faits de conscience ;
- modulations infinis de la voix, adaptée aux plus subtiles variations.
Mais ces avantages sont clairement liés aux conditions physiques et psychiques humaines : convenant par exemple à l'expression des sentiments, ces rapports de dépendance ne conviennent pas à la logique. Frege s'oppose au psychologisme qui réduirait les propositions logiques aux manières dont nous sommes affectés.
Frege distingue les avantages des signes visibles :
- bien délimités et différenciés : précis et clairs ;
- durée et immutabilité.
Le signe visible est donc, selon Frege, semblable au concept : au début de l'article, Frege notait en effet que le concept nous permet de nous élever au-dessus du courant des impressions et des pensées. Or, l'écriture permet elle aussi de fixer des pensées en même temps en les retenant. Le caractère de fixité de l'écriture permet donc de concentrer l'attention. Mais, en outre, la disposition de signes dans un espace à deux dimensions est également utile pour exprimer des rapports internes, ce que ne peut faire le signe audible.
Au final, les propriétés de l'écriture nous éloignent du cours de nos représentations, et pour cette raison, ce sont ces mêmes propriétés qui peuvent pallier les défauts de notre constitution naturelle.
L'idéographie apparaît ainsi comme une technique au moyen de laquelle la pensée se donne la plus grande indépendance possible à l'égard des impressions sensibles et de la grammaire, pour parvenir à exprimer visuellement, de manière stable et précise la cohérence interne des raisonnements.