Lutte contre le saturnisme
La reconnaissance en tant que maladie professionnelle a permis une meilleure prise en charge de la maladie dans les pays riches, où la détection et la prévention restent les deux piliers sanitaires de cette lutte. Les pays riches ont tous des programmes spécifiques de gestion du risque de saturnisme et de la maladie chez l'enfant, notamment aux États-Unis La lutte contre le saturnisme, infantile notamment, reste à développer dans de nombreux pays notamment en Asie où il s'est fortement développé ou dans certains pays africains comme le Nigéria qui a connu les plus haut taux de plomb dans l'essence.
Détection
Elle est nécessaire pour planifier l'action et améliorer la prévention. Elle se fait, théoriquement au moins, dans la plupart des pays, s'appuyant surtout sur les déclarations obligatoires envoyés par les médecins aux autorités sanitaires, mais on sait que de nombreux cas sont confondus avec d'autres maladies. Quelques études épidémiologiques, souvent dans les grandes villes ou autour de sites industriels ont permis de mieux connaître la maladie.
En France
En France, cette maladie figure sur la liste des Maladies infectieuses à déclaration obligatoire, bien qu'il ne s'agisse pas d'une maladie infectieuse. Sans être contagieuse, elle peut en effet se transmettre de la mère à l'enfant.
Un programme d’actions s'appuie sur les dispositions de la loi, avec deux grands types de mesures :
- Actions suites aux signalements (Art.L.1334-1 à 1334-4 du C.S.P.) ; chaque cas de saturnisme infantile ou d’un risque d’accessibilité au plomb, permet au préfet d'imposer un diagnostic de l’immeuble (par ses services ou par un opérateur agréé). Si une source de plomb est présente, il peut imposer les travaux palliatifs nécessaires. S'il y a refus du propriétaire, le préfet fait exécuter les travaux aux frais de ce dernier.
- Prévention (Art.L.1334-5 à L.1334-6 du C.S.P.) ; un état des risques d’accessibilité au plomb doit désormais être annexé à toute promesse unilatérale de vente ou d’achat d’un bien immobilier affecté en tout ou partie à l’habitation construit avant 1948 ou situé dans une zone à risque d’exposition au plomb (zone délimitée par arrêté préfectoral, généralement à partir des données INSEE ou de recensements passés).
- Suite à des insuffisances dans l'application de cette loi, notamment grâce à l'association des familles victimes du saturnisme, une réglementation renforcée a vu le jour le 9 aout 2004, les décrets ayant été publiés deux ans plus tard au journal officiel. La loi oblige à effectuer un Constat de Risque d'Exposition au Plomb (CREP) en cas de vente de logements anciens construits avant le 1er janvier 1949. Ce n'est seulement qu'à partir d'août 2008 que cette obligation est étendue aux nouvelles mises en location.
- Un rapport annuel décrit les cas de saturnismes chez les enfants (437 cas signalés en 2006).
- Une enquête de prévalence (Saturn-Inf, basée sur la réalisation d'une plombémie chez 3.800 enfants, dans 140 hôpitaux, avec enquête d’exposition au plomb au domicile pour un sous-échantillon de 500 enfants parmi ceux de l'étude) est lancée en 2008-2009 par l’InVS, car les dernières données disponibles datent de 1995-1996 (selon lesquelles 2 % des enfants âgés de 1 à 6 ans en France seraient victimes de saturnisme, soit environ 85,000 enfants).
Traitement médical
- Il commence avec l'arrêt de l'exposition, et si nécessaire la rénovation des logements anciens. Les enfants ne doivent pas avoir accès aux peintures écaillées. Le lavage fréquent des jouets, des mains, des ongles limite le risque. Faire couler l’eau du robinet de canalisations en plomb quelques instants avant consommation, éviter le gibier d'eau ou tué à la grenaille de plomb, les légumes et fruits de jardins pollués par le plomb, ainsi que les plats, poteries et vaisselle terre cuite, étain, argent soudé ou à usage décoratif, non certifié apte au contact alimentaire ; s’assurer de l’absence d’autres sources d’intoxication (ex grenaille de plomb avalée avec du gibier et stockée dans l'appendice); éviter les cosmétiques de type khôl ou surma et produits médicamenteux de provenance moyen-orientale ou asiatique.
- Décontamination cutanée, si nécessaire.
- Aide à l'élimination naturelle en cas d'exposition récente aiguë : lavage d'estomac, lavement.
- Traitement chélateur, améliorant l'élimination par l'urine en transformant le plomb tétraéthyle assimilable par l'organisme en plomb inorganique. Ce traitement est associé à une hyperhydratation (perfusion ou absorption d'une grande quantité de liquides) afin d'augmenter ses effets (sous contrôle médical). Les traitements disponibles sont : l'EDTA (ou calcium édétate de sodium), le dimercaprol, le DMSA (succimer ou acide dimercaptosuccinique).
- Le traitement des symptômes doit se poursuivre par un suivi à long terme, notamment chez l'enfant, la femme et la jeune femme en raison de séquelles possibles à long terme (en particulier par relargage du plomb stocké dans les os au moment de la grossesse ou de la ménopause).
- Manger régulièrement une nourriture non contaminée, équilibrée et riche en vitamine C, vitamine D, fer et calcium limite l’absorption du plomb. Le rôle du calcium reste discuté chez l'homme, mais il reste recommandé par l'INVS.