« Dans le monde, près de la moitié des médicaments ne sont pas utilisés à bon escient. »
Les experts de l'organisation mondiale de la santé (OMS) ont émis des avertissements sérieux au sujet de la surconsommation de médicaments, notamment dans les pays développés : "promouvoir l’usage rationnel des médicaments, c’est sauver des vies et faire des économies".
Ils rappellent les graves conséquences de la surconsommation actuelle : événement indésirable médicamenteux (EIM), prolongation des maladies et même, dans certains cas, le décès.
Cette surconsommation est très variable d'un pays à l'autre : par personne, les Français consomment 6 fois plus de médicaments que les Pays-Bas. Car la consommation de médicaments dépend de très nombreux facteurs, qui jouent beaucoup sur leur prescription sur la pression qu'exercent les patients sur leur médecin (en leur demandant des médicaments) et sur l'automédication.
En France, le Programme Antibiotiques de l’Assurance_Maladie a démontré qu’il était possible de faire évoluer les comportements des patients vers un meilleur usage, et de baisser la consommation de médicaments (-16% depuis 2002).
Pour étendre cette démarche de sensibilisation aux médicaments en général et approfondir la compréhension de ce qui se joue plus globalement autour de l’ordonnance et du médicament, la CNAMTS a commandé une étude « Les Européens, les médicaments et le rapport à l’ordonnance » à Ipsos Santé, qui croise les regards de 4 000 patients et de 1 000 médecins dans 4 pays d’Europe : France, Allemagne, Espagne et Pays-Bas.
La synthèse de cette étude est disponible, dont les éléments suivants sont extraits :
La surprescription est un des facteurs, également très variable d'un pays à l'autre : aux Pays Bas, sur 100 qui sortent d'une consultation, 57 personnes n'ont pas de prescription de médicaments, alors que le taux est de seulement 10 pour 100 en France.
En France, il existe un décalage entre les attentes réelles du patient et les attentes supposées par le médecin. Par exemple :
Parallèlement, les patients qui ne se sont pas vus prescrire de médicaments lors d’une de leurs dernières consultations se déclarent, dans tous les pays (Allemagne, Espagne, France, Pays Bas), très majoritairement satisfaits par la décision de leur médecin.
Les médecins ressentent bien cette satisfaction, qu’ils attribuent notamment au fait que l’absence de prescription exprime aussi aux yeux des patients l’absence de maladie.
L’attachement en France à l’ordonnance est sans doute supérieur aux autres pays, mais cet attachement n’exprime cependant pas la nécessité absolue de l’ordonnance :