El Valle de los Caídos (La Vallée de ceux qui sont tombés) ou l'Abbaye, Abadía de la Santa Cruz del Valle de Los Caídos est un gigantesque monument espagnol de l’époque franquiste, situé dans la vallée de Cuelgamuros (Sierra de Guadarrama), sur la commune de San Lorenzo de El Escorial dans la Communauté autonome de Madrid.
Communément appelée Valle de los Caídos, la réalisation de ce monument religieux a été commandée par le général Franco, chef de l'État espagnol de 1939 à 1975, pour rendre hommage aux « héros et martyrs de la Croisade », désignant par là les combattants morts pendant la guerre d'Espagne (1936-1939).
Par la suite, en 1958, le gouvernement espagnol décida d'en faire un mausolée pour l'ensemble des combattants morts de la guerre civile y compris les combattants républicains, du moment qu'ils fussent catholiques. Ainsi, près de trente cinq mille combattants, principalement des nationalistes mais aussi des républicains, reposent dans la crypte, non loin de la nef centrale où sont situées les sépultures de Francisco Franco et du chef de la Phalange, José Antonio Primo de Rivera.
Le monument reçoit près de 450 000 visiteurs par an.
La loi sur la mémoire historique du gouvernement socialiste de José Luis Rodriguez Zapatero prévoit de dépolitiser le monument afin de le consacrer uniquement à sa vocation religieuse.
Dirigée par les architectes Pedro Muguruza et Diego Méndez, la construction de la Basilique, au cœur de la Castille, au Nord-Ouest de Madrid à quelques kilomètres de l'Escorial dans la vallée de Cuelgamuros commença en 1942. L'inauguration eut lieu, en présence du général Franco, le 1er avril 1959.
Cet hommage fait aux morts de la Guerre Civile a été édifié officiellement pour réconcilier Républicains et Franquistes, en permettant à toutes les régions d'Espagne d'envoyer les dépouilles qui allaient se retrouver privées de sépulture, 10 ans après leur inhumation. En effet, à cause d'un décret encore en vigueur, la sépulture d'origine ne pouvait être utilisée indéfiniment sans donner lieu à un transfert des restes vers une fosse commune ou un caveau pour les plus aisés. C'est pourquoi, par Ordre ministériel daté du 11 Juillet 1946, ladite basilique entendait offrir une demeure éternelle à des Espagnols morts, ayant été baptisés et dont les proches en avaient fait la demande. Selon le BOE et le décret loi du 23 Août 1957, 33 000 restes pouvaient désormais y reposer sans distinction sociale ou politique et ce en dépit de l'opposition du Jésuite P. Guerrero. Celui-ci réclama en Juillet 1958, dans un article de la Razón y Fe, que le repos éternel fût accordé aux seuls morts de sa congrégation et de son camp...
En dépit des donations privées pour 234 450 574 Pts, les retards dans sa construction donnèrent lieu à des réevaluations du budget, obligeant les Autorités publiques à solliciter d'autres types de subventions comme les bénéfices de diverses manifestations de charité (Loterie annuelle du 5 Mai, etc...). Contrairement à certains projets moins solennels, les contribuables espagnols, eux, ne participèrent pas.
Excepté les condamnés à perpétuité, qui virent leurs peines commuées à 30 ans, les autres volontaires obtinrent deux jours de réduction pour un jour travaillé. Sur un total de 2643 ouvriers, 243 seulement furent concernés par la proposition de réduction des peines. Celle-ci fut mise en place pendant les premières années et ensuite abandonnée par manque de volontaires spécialisés.
Parmi eux, se trouvait l'écrivain Manuel Lamana et Nicolas Sánchez Albornoz, deux étudiants condamnés aux travaux forcés pour avoir tagué les murs de l'université en 1948, qui ont réussi par la suite à s'enfuir (leur histoire est racontée dans le film Los años bárbaros de Fernando Colomo, 1998). Selon les chiffres officiels, entre 14 et 18 personnes au total sont mortes lors de ce chantier situé en pleine montagne... Néanmoins, en aucun cas les ouvriers affectés à la "Croix" n'eurent à souffrir de pertes comme certains l'affirment.
Le monument a été créé sous le patronage d'une fondation du chef de l'État, placé sous la surveillance du patrimoine national par un décret du 23 août 1957. Depuis 1982, il dépend administrativement du nouvel organisme chargé de la gestion des biens culturels.