Abbaye Notre-Dame de Lyre | |
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Latitude Longitude | |
Pays | France |
Région | Haute-Normandie |
Département | Eure |
Ville | La Vieille-Lyre |
Culte | Catholique romain |
Type | Abbaye |
Début de la construction | 1046 |
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L'abbaye Notre-Dame de Lyre est un monastère bénédictin de Normandie. Fondée en 1046 à la Vieille-Lyre (Eure), elle disparut à la Révolution française.
L'abbaye de Lyre appartient à cette nombreuse génération de monastères qui éclosent au XIe siècle dans le duché de Normandie. Sa fondation, certainement en 1046, est donc presque contemporaine de l'abbaye du Bec ou de celles de Caen (La Trinité et Saint-Etienne). Guillaume Fitz Osbern et sa femme Adelize sont le couple fondateur de l'établissement. Le premier fait partie des barons les plus puissants de Normandie ; cousin et sénéchal du duc, c'est donc un proche de Guillaume le Bâtard. La richesse du personnage rejaillit sur le monastère qui reçoit d'importants biens essentiellement dans le pays d'Ouche mais aussi dans la vallée de l'Andelle, dans le pays de Caux, jusque dans le Bessin. Après la conquête de l'Angleterre (1066) à laquelle participe Guillaume Fitz Osbern, l'abbaye étend son influence outre-Manche. Le sénéchal redistribue en effet aux moines de Lyre une partie des biens anglais que lui a concédés Guillaume le Bâtard. D'après le Domesday Book, l'abbaye fait partie des monastères normands les plus dotés en Angleterre.
Au cours du XIIe siècle, l'abbaye continue à recevoir des dons et des droits tant en Angleterre qu'en Normandie. Ce sont essentiellement des patronages d'églises. Le principal donateur est alors Robert de Leicester, comte de Meulan et proche des rois d'Angleterre Henri Beauclerc et Étienne de Blois. À la même période, le scriptorium se montre très actif. En témoigne la qualité des manuscrits enluminés que conservent aujourd'hui plusieurs bibliothèques dispersés en Europe (Rouen, Londres, Évreux, Paris). À la tête d'un riche établissement, l'abbé et les moines entreprennent la reconstruction de l'église abbatiale à partir du milieu du XIIe siècle mais en 1188, un incendie détruit le nouvel édifice. Il est reconstruit en 1199. L'église subsistera jusqu'à la Révolution. En 1204, l'abbaye passe sans difficulté de la domination plantagenêt à la domination capétienne.
Au XIIIe siècle, si les dons se tarissent, le monastère poursuit l'extension de sa puissance foncière en achetant des rentes et des terres. En 1269, l'archevêque de Rouen Eudes Rigaud visite l'établissement religieux et compte 37 moines mais 15 autres sont installés en Angleterre ou au Pays de Galles dans des prieurés dépendants de Lyre (Carisbrooke, Hinckley, Llangua, Livers Ocle et Wareham).
Pendant la Révolution française, Lyre connaît le sort de toutes les abbayes du pays : la disparition. L'agonie du monastère se divise en deux phases.
D'abord l'éviction des moines. Le 13 février 1790, l'Assemblée Nationale vote la dissolution des ordres religieux. À Lyre, les moines ne sont que dix (quant à l'abbé, il ne vit pas à l'abbaye). Leur relation avec les villageois de la Vieille-Lyre se dégrade. Si l'on peut imaginer que certains jalousent la richesse du monastère, un événement semble précipiter la dégradation des rapports : dans la nuit du 16 au 17 mai, plusieurs objets précieux sont dérobés dans l'abbaye et une partie de la population accuse volontiers les moines d'être les voleurs. Un climat de méfiance s'instaure. Les mois suivants, les religieux, sauf le prieur et le sous-prieur, sont contraints de rester dans le monastère. Finalement, ils obtiennent l'autorisation de partir. Aucun ne reste.
Deuxième phase, la disparition de l'abbaye elle-même. La liquidation de ses biens, devenus biens nationaux, a commencé dès septembre 1790, avec la vente des fermes d'exploitation. Puis dans les années suivantes, le mobilier est vendu. Quelques mois, l'église abbatiale devient l'église paroissiale mais prenant conscience de l'ampleur des dépenses d'entretien, les paroissiens regagnent leur ancien lieu de culte. En novembre 1797, une partie de l'église s'écroule. À la hâte, au début de l'année suivante, on se décide à vendre les bâtiments conventuels. Les acquéreurs n'ont qu'un souci : tirer le plus d'argent des ruines. Ils abattent les murs, arrachent les pierres tombales, et coupent les arbres pour les vendre. En 1804, le plan cadastral de la commune révèle que le monastère a entièrement disparu en dehors d'une partie du logis abbatial.