Elle correspond au premier sanctuaire que les moines ont construit. Du point de vue architectural, elle conserve également la partie la plus ancienne de l'abbaye. En effet, la façade occidentale, privée de son Westwerk, dont on peut encore voir la base des tours et le pied des escaliers qui menaient en leur sommet, ainsi que l'ouverture partiellement murée de la vaste tribune qui embrassait l'édifice, a été datée par les archéologues du IXe siècle, c'est-à-dire de l'époque carolingienne. Certaines pierres portent même encore les traces des incendies allumés par les Nortmanni. Les moines de l'époque du gothique l'ont modifié et ont reconstruit la nef, dont les murs subsistants sont nettement de style gothique. Ce sanctuaire était réservé aux moines et aux convers.
![]() Façade occidentale avec son Westwerk |
Il s'agit d'un édifice mixte de style roman et de style gothique. Il ne subsiste quasiment rien de l'abside et du chœur gothique, à part une chapelle rayonnante, quelques pans de murs et substructions. Les parties romanes, à savoir: la façade, la nef et le mur ouest de la tour lanterne sont les mieux conservés. Elle mesurait 88 mètres de longueur et les murs de la nef atteigne encore 25 mètres sur trois niveaux d'élévation. Une tour-lanterne à deux étages illuminait la croisée du transept, mais il ne subsiste que le mur ouest. La façade occidentale présente un Westwerk (massif occidental), réminiscence dans l'art roman d'une disposition carolingienne, rarissime en France mais commune en Allemagne, d'où son terme technique allemand. Il est encadré de deux tours à peu près symétriques de 46 mètres de hauteur, polygonales dans leur partie supérieure, en retrait.
![]() La nef et ses murs de 25m |
En 1688–1692, on construit une fausse voûte sur croisée d'ogives sur la nef. En effet, comme tous les grands édifices romans de Normandie, elle n'était pas voûtée de pierre, d'où sa charpente apparente. Par contre, les bas-côtés étaient dotés de voûtes d'arêtes. De plus, le chœur gothique avait une voûte sur croisée d'ogives.
Le cloître a été construit au XVIe siècle par une femme du nom de Corinne de Tygier. Il était de style gothique flamboyant, comme celui de l'abbaye de Saint-Wandrille et il n'en subsiste que des traces au sud de l'abbatiale Notre-Dame. Cependant, un citoyen britannique Lord Stuart de Rothesay en acheta au XIXe siècle des éléments pour les réassembler dans son château de Highcliffe près de Bournemouth, les préservant ainsi d'une destruction certaine. Le centre de cloître est matérialisé par un if, planté au XVIe siècle et symbole de vie éternelle, tout comme celui de l'abbaye de Muckross en Irlande.
L'abbaye de Jumièges vue de l'emplacement du cloître, avec l'if au centre |
Château de Highcliffe, Angleterre |