Abbaye de Saint-Jean-des-Vignes - Définition

Source: Wikipédia sous licence CC-BY-SA 3.0.
La liste des auteurs de cet article est disponible ici.

La révolution française et la disparition de l'abbaye

À la Révolution, les 72 moines qui pourtant avaient prêté leur salle pour les assemblées du Tiers état furent chassés. À la suppression des abbayes, la municipalité de Soissons protesta. Malgré cela, le mobilier fut vendu, l'argenterie (remplacée) fondue et envoyée à la Monnaie de Paris. Le dernier Grand Prieur fut massacré en 1792 à Saint-Firmin à Paris. L'abbaye fut transformée en manutention militaire. On y installa des boulangeries : ce fut le commencement de l'occupation de l'armée.

Grâce à cette attribution, elle traversa cette époque sans dommages, mis à part la destruction d'archives, de statues décapitées, ou de vitraux brisés. Les vitraux provoquèrent d'ailleurs un incident : les unités trouvèrent du verre dans leur pain et crurent à un complot. Une menace fut prononcée par les sections révolutionnaires et ces dernières nommèrent une commission qui vit rapidement que les vitraux, sans entretien, s'abîmaient et des morceaux de verre tombaient dans la pâte à pain.

La tourmente passée, il fallut rénover les bâtiments. Même s'ils n'avaient subi aucun dommage volontaire, l'édifice resta plusieurs années sans entretien, comme la cathédrale. Les prix de la rénovation furent fixés à 26.786 livres. Les marguilliers suggérèrent au maire de détruire Saint Jean pour en vendre les matériaux. L'église fut donc mise à la disposition de l'évêque, qui, malgré une vive protestation de Soissons, et de plusieurs personnalités politiques, ordonna la destruction du bâtiment excepté les tours.

Le 10 juin 1809, le maçon Valot et le charpentier Delacroix disposèrent de toute l'église pour 3000 francs. Les vitraux et les ferrements ont été vendus en 1807. Des maisons de Soissons furent construites avec les pierres de Saint-Jean. Celles-ci, se vendant mal, la destruction fut arrêtée après une vingtaine d'années. Ainsi disparut à la manière de Cluny une nef magnifique. Le reste de l'édifice resté sans entretiens se lézardait, aussi l'on dût consolider la grande flèche à l'aide de ferrements. Mais cette intervention ne donna pas le résultat souhaité et l'on dût installer un système de chaînages pour maintenir les huit pans de la flèche à égale distance des uns des autres.

Apogée et déclin à l'époque moderne

La guerre terminée, on se mit à construire les tours qui furent terminées à l'issue de deux grandes périodes de travaux : de 1488 à 1495 pour la grande tour, et de 1516 à 1520 pour la petite. L'abbatiale avait été consacrée par Jean Milet, évêque de Soissons, en 1478 et dédiée à la Vierge, à saint Jean Baptiste et à Saint Jean l'évangéliste.

En 1544 l'abbaye dût prêter sa grande salle à Charles Quint pour venir y préparer le traité de Crépy, et y demeura avec sa suite du samedi 13 au mardi 16. Pour éviter une nouvelle invasion, Henri II décida de renforcer le système stratégique de Soissons. La colline Saint-Jean avec son abbaye point stratégique fut jugée trop dangereuse par les ingénieurs qui proposèrent de raser le monastère. Soissons protesta violemment et l'évêque Matthieu de Longuejoue, proche du roi, réussi à sauver l'abbaye et l'inclure dans l'enceinte de la ville. Le monastère dût donc amputer ses clos de vignes et réduire légèrement son territoire pour rentrer dans Soissons.

Jusqu'à cette époque les abbés étaient nommés par les religieux et appelés abbés réguliers. Il y en eut 31 qui exercèrent tous sauf un leur fonction avec dignité. À partir de 1566, les abbés furent de grands seigneurs imposés par le roi et nommés abbés commendataires. Ceux-ci pour la plupart vivaient à la cour ou ailleurs, et ne s'occupaient de l'abbaye que pour toucher les revenus. Toute l'autorité religieuse fut exercée par le prieur claustral qui devint le grand prieur.

En 1567, les huguenots commandés par le prince de Condé frère de Charles de Bourbon, abbé de Saint Jean, s'emparent de Soissons par surprise. Les moines pensèrent que leur abbé allait intervenir pour que leur abbaye soit épargnée, il n'en fut rien, et seule la fuite par un égout débouchant dans les remparts leur permis à tous sauf un inconscient du danger de s'échapper. Saint-Jean fut saccagée, l'église fut transformée en écurie, l'argenterie et les cloches fondues, la tuyauterie cassée et l'autel d'or renversé. Le clocher situé sur le toit du réfectoire fut détruit. Les archives disparurent en quasi-totalité. La fin de cette bataille fut suivie par l'estimation des dégâts qui s'élevaient à plus de 100.000 livres.

Page générée en 0.122 seconde(s) - site hébergé chez Contabo
Ce site fait l'objet d'une déclaration à la CNIL sous le numéro de dossier 1037632
A propos - Informations légales
Version anglaise | Version allemande | Version espagnole | Version portugaise