Abderrahmen Mami - Définition

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Impact

Pour le nationaliste Chadly Khalladi, « le crime du Dr. Mami, présumé par l'état-major terroriste, serait d'avoir donné de mauvais conseils au bey qui l'auraient porté à ne pas sceller des textes frauduleusement explicités le matin ». Charles-André Julien soulignait quant à lui que les nationalistes perdirent, suite à cet attentat, une « personnalité sympathique à leur cause ». Le professeur El Mokhtar Bey affirme pour sa part que la Main rouge n'hésita pas à l'abattre pour intimider le souverain alors gagné à la cause nationaliste.

L'assassinat de Mami semble avoir déclenché un enchaînement de violence — au vu de la multiplication des attentats commis pendant cette période — qui aurait conduit le gouvernement français à réexaminer le problème de l'autorité en Tunisie qui paraît alors se poser avec plus d'acuité. Ainsi, le président du Conseil Pierre Mendès France décide d'accorder, le 15 juillet, un entretien à Christian Fouchet, ministre des affaires tunisiennes et marocaines, pour l'écouter sur la question des attentats et le problème de l'autorité française. Cet entretien reflète l'urgence et l'importance conférées à cette question par Mendès France, ce qui amène ce dernier à définir sa ligne politique le 21 juillet 1954 devant l'Assemblée nationale, avant de se rendre en Tunisie à la fin juillet.

Après l'indépendance, dans le contexte d'un supposé complot yousséfiste, Mohamed Sayah rappellera que Bourguiba se rendit aux mausolées de Moncef Bey et Farhat Hached ainsi que sur la tombe de Mami.

Assassinat

Ayant décidé de se rendre en France, le 14 juillet 1954, pour établir des contacts sous couvert de tourisme, la Main rouge choisit de passer à l'action. Le 13 juillet au soir, devant son domicile, des hommes tirent plusieurs rafales de mitraillette sur la voiture de son cousin, une Peugeot 203 dans laquelle il se trouve en compagnie de trois ouvriers venus pour le règlement de leur solde. Blessé à la nuque et au cou, il meurt le lendemain dans la matinée à l'hôpital, malgré les soins prodigués par le docteur Demirleau.

Ses obsèques se déroulent dans l'après-midi du 15 juillet, en présence d'une assistance considérable évaluée à plus de 10 000 personnes ; la dépouille est portée par ses confrères médecins et pharmaciens alors que la foule entonne l'hymne nationaliste.

Selon la presse tunisienne et étrangère, entre le 14 et le 17 juillet, l'assassinat de Mami provoque une émotion considérable dans toutes les couches de la population. Le résident général Pierre Voizard se rend le jour même au domicile de la famille Mami, à qui il exprime les regrets de la France et l'émotion des Français devant cet assassinat ; il est auparavant reçu par Lamine Bey qui lui manifeste son indignation devant cet acte et sa surprise quant à l'impunité dont semblaient bénéficier les auteurs. Pour leur part, les Français de Tunisie adressent une lettre au président du Conseil pour lui demander de « substituer aux atouts de la force les arguments du bon sens », alors que le journal Tunisie France publie un article sous le titre « Le Dr. Mami a été abattu, il faut frapper à la tête ».

Le dirigeant nationaliste Habib Bourguiba adresse pour sa part une lettre de condoléances à la famille du disparu dans laquelle il souligne que cet assassinat « reflétait le désarroi des autorités françaises coloniales », que Mami était tombé sur le champ d'honneur en martyr et qu'il fallait « tenir bon et s'unir pour poursuivre la lutte ». Pour sa part, le fellaga Sassi Lassoued fait parvenir deux lettres dans lesquelles il annonce des représailles à la suite de l'assassinat de Mami, notamment contre le docteur Bierent à Sousse et le lieutenant-colonel La Paillonne à Tunis ; il promet également d'autres actions. À la même période, La Voix de l'étudiant zitounien publie et diffuse un document rendant hommage aux martyrs de la lutte nationaliste et contenant les photos de cinq militants assassinés par la Main rouge, dont Mami, et entourant Moncef Bey, le souverain mort en exil.

L'un des assassins présumés, tué par balles lors du mitraillage de la cellule destourienne de Ben Arous, est enterré sur la base d'un faux certificat medical du docteur Chapelon. Exhumé le 20 mai 1956, son autopsie ouvre la voie à l'arrestation de plusieurs complices français. L'enquête révèle que le docteur Puigalli, maire-adjoint de La Marsa, avait constitué dans sa ville une cellule de la Main rouge et hébergé les commissaires de police Pierangeli et Serge Gillet, recherchés par la police tunisienne pour appartenance à une organisation criminelle ; ces derniers sont parvenus à quitter clandestinement le pays.

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