Abderrahmen Mami - Définition

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Introduction

Portrait d'Abderrahmen Mami

Abderrahmen Mami, né le 15 septembre 1904 à La Marsa et décédé le 14 juillet 1954, est un militant nationaliste tunisien et médecin personnel de Lamine Bey. Il meurt assassiné par l'organisation armée de la Main rouge, proche du mouvement Présence française.

Un hôpital de l'Ariana inauguré le 25 février 1960 par le président Habib Bourguiba accompagné de son épouse Moufida, des membres du gouvernement dont le ministre de la Santé publique Ahmed Ben Salah, des représentants du corps diplomatique, de professeurs tunisiens et français et du secretaire général de l'Union internationale contre la tuberculose, porte son nom : l'hôpital Abderrahmen Mami de pneumo-phtisiologie.

Jeunesse

Ancien externe des Hôpitaux de Paris, il est admis comme interne à l'hôpital Sadiki de Tunis pendant trois ans, avant de passer deux ans à la Ligue antituberculeuse.

Il devient médecin de la famille de Lamine Bey, bien avant l'avènement de ce dernier sur le trône, puis se fait connaître comme le « médecin des pauvres » qu'il soigne gratuitement, le médecin de Bab Souika où se trouve son cabinet et le docteur de La Marsa.

Son nationalisme, les liens particuliers qu'il a établis avec les dirigeants des différents partis ainsi que les relations qu'il entretient avec la plupart des militants font de lui l'interlocuteur privilégié de la mouvance nationaliste auprès du bey.

Membre de la commission des Quarante

Le résident général Jean de Hautecloque présente à Lamine Bey un projet de réformes le 28 juillet 1952, en exigeant l'apposition immédiate de son sceau. Sur le conseil de ses proches dont Mami, le bey décide de soumettre le projet à l'examen de quarante personnalités représentatives de leurs milieux ; cette commission rédige un mémorandum approuvé par l'ensemble des membres et soumis au bey lors d'une séance plénière qu'il préside le 7 septembre. Le souverain adresse alors une lettre au président de la République française le 9 septembre pour l'informer du rejet de la co-souveraineté et de la gestion directe des affaires indigènes, car celles-ci sont contraires au principe du protectorat et constituent une atteinte à la souveraineté tunisienne. En tant que membre de la commission des Quarante, Mami fait prévaloir auprès du souverain la décision alors que nombre de ses réunions se tiennent dans sa résidence d'été à Khereddine.

Il est également soupçonné par les services français d'être à l'origine du complot organisé pour l'élimination physique du secrétaire général du gouvernement. Dans ce contexte, et au moment où La Tunisie traverse une crise grave, l'organisation terroriste de la Main rouge adresse à plusieurs reprises à Mami des menaces de mort écrites et téléphoniques. De plus, cette organisation n'hésite pas à procéder à des tentatives d'intimidation, notamment en le braquant dans sa voiture sur la route de La Marsa.

Découverte d'un complot

Par le décret du 5 mai 1952, Mami est nommé comme premier médecin du bey avant d'être décoré le 5 juin du grand cordon du Nichan Iftikhar. Confronté à la situation délicate du pays, il est à l'origine de la découverte d'un complot relatif à une tentative d'empoisonnement du souverain ; il dépose personnellement plainte, au nom du bey, au poste de police de La Goulette.

Cette affaire provoque une forte émotion à Tunis et à Paris, la presse tunisienne et française lui assurant une large couverture alors que l'Assemblée nationale qui débat de la politique française en Tunisie, notamment du plan Mitterrand, interpelle Robert Schuman pour faire toute la lumière sur cette affaire.

S'agissant de ses relations avec le bey, Mami est considéré comme très proche du souverain qu'il rencontre presque quotidiennement et à qui il voue du respect, de la sympathie voire de l'amitié. Dans cette situation, il peut agir auprès de lui dans le sens des souhaits du mouvement national tunisien. Doté d'un patriotisme profond et d'un sens du nationalisme, il use de toute son influence pour inciter Lamine Bey à prendre les décisions recommandées par les nationalistes et à ne pas céder aux nombreuses pressions des autorités coloniales. Ceci lui vaut beaucoup de méfiance de la part de certains membres de l'entourage du bey, qui craigne sa déposition, et une hostilité de la résidence générale.

Les contradictions du contexte politique et les difficultés rencontrées parfois pour amener le bey à rallier son point de vue — notamment une démarche auprès du bey pour qu'il se rende personnellement à la prison civile de Tunis pour faire libérer des nationalistes arrêtés la veille à la suite d'une manifestation anti-française — provoquent des tensions dans les relations entre les deux hommes, entraînant parfois un refus de Mami de se rendre au palais pendant plusieurs jours, malgré les démarches insistantes de réconciliation effectuées par des membres de l'entourage du bey.

Toutefois, la confiance profonde placée par ce dernier en son médecin personnel l'amène à lui proposer, à la chute du gouvernement de Slaheddine Baccouche, le poste de ministre de la santé publique. Il décline cette proposition en déclarant qu'il n'accepterait aucune fonction gouvernementale avant l'indépendance du pays.

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