Adélard de Bath (Bath, v. 1080 - v. 1160), est un savant et enseignant anglais, arabophile (voire traducteur de l'arabe), philosophe, mathématicien et naturaliste, moine bénédictin du XIIe siècle. Il est célèbre pour ses versions latines des Éléments d'Euclide et pour son éloge de la raison de l'érudition arabe contre l'autorité des maîtres latins de son temps.
Il est considéré comme un précurseur de Robert Grosseteste et de Roger Bacon, et sa dernière biographe le qualifie de First English Scientist.
On connait peu de la vie d'Adélard. Fils d'un certain Fastrad, il fut membre de la suite de l'évêque de Bath et Wells, Jean de Villula (1088-1122), dit aussi Jean de Tours. Adélard fit ses études à Tours, puis enseignât à Laon. Son « neveu », du dialogue des Questions naturelles, est peut-être un jeune noble qui y étudia sous sa direction. Un mathématicien, Ocreatus ou O'Creath, le qualifie de « mon maître » (magistrum suum) dans le prologue d'un ouvrage sur les chiffres arabes (Prologus N. Ocreati in Helceph).
Adélard se rendit en Italie méridionale et en Sicile pour s'instruire sur la culture grecque, selon son traité Sur le même et le différent dédié à l'évêque Guillaume de Syracuse (mort en 1115 ou 1116). De même, et comme indiqué dans les Questions naturelles, il aurait voyagé en Palestine et à Tarse (Cilicie) en vue d'étudier les sciences arabes. Même sans certitude, il est probable qu'Adélard ait séjourné dans ces pays plusieurs années à ces fins, voire même à Tolède, à Antioche, à Damas, en Égypte, en Arabie ou en Grèce.
En plus d'appeler à recourir aux sources arabes et grecques du savoir et de réflexion, Benoît Patar (2006) note qu'Adélard « affirme le caractère foncièrement mortel de l'homme, le péché n'ayant joué qu'un rôle secondaire au niveau de la destinée de l'espèce ».
Après son retour à Bath, il établit à l'intention de ses étudiants et de ses protecteurs de nombreuses traductions latines d'ouvrages en arabe, probablement avec l'aide de Pierre Alfonsi, en tout cas en rapport avec les traductions réalisées autour de Tolède. À ce sujet, Charles Brunett (1990) signale que rien n'indique qu'Adélard traduisait directement de l'arabe ou même qu'il le lisait couramment.
Pour Clara Foz (1998, p. 46), « le fait que cet Anglais fasse constamment référence dans ses oeuvres aux arabum studia, c'est-à-dire aux études arabes qu'il n'a de cesse d'opposer au savoir routinier de ceux qui s'en tiennent aux maîtres latins, aux autorités, témoigne du choc que la découverte des travaux scientifiques arabes a représenté pour le milieu des lettrés latins du XIIe siècle ; il témoigne également du conflit résultant de l'incompatibilité existant entre le "bagage culturel" des lettrés latin du XIIe siècle et les connaissances auxquelles leurs travaux de traductions leurs permirent d'acceder. »
« Les maîtres arabes m'ont appris une chose, c'est à me laisser guider par la raison, tandis que toi tu es ébloui par l'apparence de l'autorité et guidé par d'autres brides (qui ne sont pas celle de la raison). Car, en réalité, à quoi sert l'autorité si ce n'est de bride ? »
— Questions naturelles, Ch. VI