L'arc antique d'Orange ou, communément arc de triomphe d'Orange est un arc monumental romain du début du Ier siècle, qui marque l'entrée nord d'Arausio (aujourd'hui Orange, Vaucluse) sur la Via Agrippa (actuelle route nationale 7).
L'arc d'Orange a été inscrit sur la première liste des monuments historiques (1840) et figure depuis 1981 sur la liste du patrimoine mondial en Europe.
L'arc a probablement été érigé entre les années 20 et 25, pour commémorer les victoires de Germanicus, mort en 19, et possiblement « restitué » à Tibère en 26/27, selon l'interprétation que l'on donne à la dédicace ajoutée à cette date sur les deux faces du monument.
Au Moyen Âge, le monument fut fortifié pour servir de bastion avancé, à l'entrée de la ville.
L'arc a été restauré dès les années 1820 par l'architecte Auguste Caristie, qui commença par dégager les contreforts et ajouts médiévaux, avant de procéder à une reconstitution non agressive du monument, remplaçant les parties inutilisables ou manquantes de façon identifiable et s'interdisant le recours à l'imagination, si fréquent dans les restaurations entreprises par les architectes du XIXe siècle.
Les dates de construction et d'inauguration du monument sont connues par l'inscription dédicatoire portée sur les deux faces de l'arc, au niveau du bandeau inférieur de la frise située juste au-dessus des chapiteaux corinthiens. Cette double inscription était constituée de lettres de bronze scellées dans la pierre par tenons et mortaises. Une lettre L a été trouvée au XIXe siècle, puis égarée. Seules subsistent les mortaises, essentiellement sur la face nord.
Une première lecture, réalisée par l'étude de ces mortaises de scellement, a été proposée en 1862 par Pierre Herbert :
soit :
Pour Pierre Herbert, l'inscription indique clairement que l'arc a été dédié à Auguste, pour la onzième année de son pouvoir tribunitien, soit l'an -12. La ville, Arausio Colonia Julia Secundanorum a été fondée par des vétérans de César, tout comme Avignon. Tite-Live rapporte qu'en l'an -12, Drusus parvint à vaincre les Germains, après que des soulèvements gaulois eurent été réprimés par les légions d'Auguste en -18.
Selon Herbert, la mention de l'Égypte rappelle la victoire d'Actium contre Antoine et Cléopâtre, en -31 ; Drusus remporte ses victoires sur les Germains au nom d'Auguste en -12 ; Auguste se rend à Lyon et l'arc d'Orange est construit en -11 ; pour finir, Auguste passe sous l'arc en -10. Les reliefs de l'arc d'Orange sont eux aussi en rapport direct avec les victoires remportées par Auguste, certaines toutes récentes : on y retrouve les thèmes de la bataille navale et de la soumission des peuples de la Gaule chevelue et de la Germanie.
Cette lecture de la dédicace, avec ses datations et son interprétation historique n'est plus suivie depuis longtemps, mais on en trouve le souvenir, parfois jusque dans les documents officiels. La fiche de la base Mérimée indique pour le début de la construction de l'arc d'Orange la date de 10 après J.-C., peut-être par confusion avec la date de 10 avant J.-C. calculée par Herbert. Il n'y a pas lieu non plus de retenir les traditionnelles attributions de l'arc à Marius ou à Auguste, telles que mentionnées dans l'Encyclopédie de Diderot.
Une lecture très différente de la précédente a été proposée depuis lors : elle semble aujourd'hui acceptée de tous les commentateurs, mais la fin de l'inscription reste incertaine :
soit :
La date de 26/27 peut donc être retenue pour cette restitution de terres par Tibère, ou pour une étrange restitution de l'arc à cet empereur. L'emplacement de cette dédicace après coup n'est pas moins singulière, sur une bande très étroite non destinée à cet usage, décorée de nervures, ne laissant que peu de place aux deux lignes de texte qui devaient apparaître très tassées.
Les commentateurs modernes admettent que l'arc a pu être commencé vers 20 et achevé vers 25, érigé en l'honneur de Germanicus, fils adoptif de Tibère et général de la IIe légion Augusta, mort en 19, pour commémorer ses éclatantes victoires, auxquelles avait participé la cité d'Arausio, qui fournissait cette légion.