L'architecture rustique en Suisse désigne les modes traditionnels de construction des maisons campagnardes en Suisse qui diffèrent selon la localisation géographique où l'on distingue le plateau suisse, le Jura et les Alpes.
La maison paysanne constitue le bâtiment principal de la ferme qui comprend aussi des bâtiments d'exploitation. La forte diversité des espaces naturels en Suisse (Alpes, plateau et Jura) se reflète dans les matériaux de construction (feuillus, conifères, pierre, argile, paille) utilisés au Moyen Âge. La séparation de l'habitat du bâtiment d'exploitation fut d'abord la règle : les différentes activités rurales étaient pratiquées dans des bâtiments distincts, le regroupement (ferme à usage multiple, Dreisässenhäuser en allemand) se répandit dès le XIe siècle.
Dans les premiers temps les constructions sont en madrier Ständerbäuten assemblés à tenons et poutres de faîtage, les espaces étant remplis par de la paille ou enduits de terre glaise, dans la plupart des régions du plateau. Dans les préalpes septentrionales, on construit en Blockbau, maisons en bois conifères pleins dépouillés de leur écorce avec les joints remplis de mousse. Plus tard, on se mit à rectifier à la hache les bois pour améliorer les joints puis, au bas Moyen Âge, le bois de construction est façonné à la scie Strickbau. Dans les vallées alpestres proches des régions méridionales, où l'on construit en pierre, se trouvent les maisons du Gothard construites en bois sur un socle de pierre.
À l'est et au nord-est du pays, comme dans les villes de cette même région, se développent les maisons à colombages alors qu'au nord et à l'ouest la construction en pierre se généralise à partir des XIe siècle et XIIe siècle. Au sud des Alpes, on construit en pierre sèche. En revanche, la construction en bois s'est maintenue sur le plateau central argovien et bernois jusqu'au XIXe siècle.
Les toitures dans les Alpes et préalpes septentrionales sont en bardeaux Satteldach souvent alourdis de pierres. Sur le plateau, les toits en croupe sont en paille ou roseaux ou tavillons. Au nord du Tessin, les toits sont en pierres posées sur une charpente de troncs d'arbres. Au sud du Tessin ainsi qu'en Suisse romande, on utilise les tuiles creuses.
Parmi les rares maisons datant du Moyen Âge conservées, on peut citer les maisons natales de Ulrich Zwingli à Wildhaus, faite de troncs d'arbre équarris et la maison natale de Nicolas de Flue à Flühli.
Maison natale de Nicolas de Flue à Flühli |
Divers types régionaux de maisons apparurent dès le XIIIe siècle ou XIVe siècle, différenciés selon l'usage des bâtiments, le mode de construction et la structure des façades. Dans les cuisines, les hottes et les cheminée apparurent seulement au XVIIe siècle, voire au XIXe siècle dans les régions pauvres. Des fourneaux économiques fermés remplacent les foyers à feu ouvert. Les maisons rurales du nord et du centre des Alpes avaient dès le XIVe siècle au plus tard, une chambre chauffée au moyen d'un poêle.
Dans l'Oberland bernois et le Simmental, les maisons paysannes sont en bois massif travaillé à la scie, Strickbau ou en madriers carrés, taillés à la hache, ornées de sculptures sur bois et de peintures (surtout au XVIIIe siècle.
Les Stöckli sont des petits chalets dans lesquels les paysans, autrefois, passaient leur vieillesse pendant que les jeunes générations reprenaient l'exploitation et le logement de la ferme principale. Les Stöckli font partie du domaine, ainsi les anciennes générations participent à la vie de la ferme sans en assumer toute la responsabilité.
Dans l'est de la Suisse et en Suisse centrale, la pente des toits est plus prononcée et les fenêtres sont munies de petits auvents (Klebedächer) comme protection contre la pluie. En Appenzell, les socles des rez-de-chaussées sont munis de fenêtres car ce sont des locaux de travail, ils abritent les métiers à tisser.