Château de Lucey | |
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Période ou style | |
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Pays | France |
Région | Rhône-alpes |
Département | Savoie |
Commune française | Lucey |
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Dominant le Rhône de sa silhouette majestueuse, le château de Lucey veille depuis plus d’un millénaire sur les marches du Petit Bugey Savoyard. Il est situé sur la commune de Lucey, dans le département de la Savoie
Bâti sur un ancien site romain, il fut la propriété des La Forest qui l’élevèrent en des temps immémoriaux. Son emplacement stratégique, et les droits qui y étaient afférents, témoignent de la puissance de cette famille à la naissance du Comté de Savoie.
Lucey était, en effet, une terre souveraine avec paroisse, cours d’eau, cascade, moulin, îles, droits de péage de gué et de bateau sur le pont. Sigomon de La Forest est le premier seigneur connu de Lucey.
Cité dès 1223, Sigomon était familier de la Maison de Savoie. C’est ainsi qu’on le retrouve, avec trois autres membres de la famille La Forest, à la cession de Chambéry au Comte de Savoie en 1232. Par acte de 1253, Sigomon passe reconnaissance de fief à l’abbé de Hautecombe. De sa femme, dont le nom est inconnu, étaient nés cinq enfants : Isabelle, Guillaume, Catherine, Béatrix et Luyset.
Sigomon de La Forest fonda une nouvelle branche, les La Forest de Lucey, qui ne dura qu’une génération après lui. Son fils, le chevalier Guillaume de Lucey, passe plusieurs actes dans la tour ronde du château en 1269, 1270 et 1280. Le 12 des calendes d’octobre 1291, le seigneur de Lucey reçoit l’hommage de ses vassaux dans son verger.
De son mariage avec Dame Jacqueline, dont le nom nous est inconnu, Guillaume de La Forest de Lucey n’eût pas de postérité. Il testa le 3 des Calendes de juillet 1296, dans la grande salle du château, en faveur de son neveu, Jacques de Chevelu. Ce dernier était le fils d’Isabelle de Lucey, qui avait épousé le chevalier Jean de Chevelu, chef de cette puissante et antique famille.
Le destin des Chevelu et des La Forest fut étroitement lié au cours du Moyen Âge. Cette proximité s’explique par une communauté d’origine. En effet, le berceau des Chevelu, le château de Cinne, était situé à moins d’un kilomètre du château de La Forest. Les deux familles dominèrent la région de Yenne au cours du bas Moyen-Age. Les Chevelu se succédèrent à Lucey. L’un d’eux, Louis de Chevelu, fût l’un des personnages les plus distingués du règne d’Amédée VIII de Savoie. Ami et conseiller intime du Duc, il suivit ce dernier dans sa retraite au château de Ripaille. Le seigneur de Chevelu s’y enferma avec cinq autres familiers du suzerain et fit partie de la première promotion de l’ordre de Saint-Maurice qui fût fondé en 1434.
Ce fut Louis de Chevelu qui agrandit et embellit le château de Lucey dans la première moitié du XVe siècle. Sa descendance s’éteignit par les mâles au XIe siècle, et Lucey passa aux Mareste. C’est en faveur de l’un d’eux, Louis de Mareste, que le fief de Lucey fut érigé en marquisat en 1654.
Le dernier Marquis de Lucey mourut au XVIIIe siècle, et le château devint la propriété du Comte Benoît de Boigne. Ce personnage singulier marqua la ville de Chambéry par ses munificences. Né en 1751 de parents pelletiers, Benoît Leborgne s’engagea très jeune dans l’armée et fit une brillante carrière aux Indes. Ses exploits militaires entrèrent dans la légende. Il commanda jusqu’à 30 000 hommes et épousa en 1788, à Delhi, une Princesse persane dont il eût deux enfants.
Après vingt ans de séjour aux Indes, le Général Benoît de Boigne fit ses adieux aux officiers de son armée en 1796. Il partit pour l’Angleterre d’où il suivit les péripéties de la Révolution française. La rencontre avec Mademoiselle d’Osmond changea le cours de sa destinée. Il répudia sa première femme et ne vécut que pour son nouvel amour. Cette dernière, pleine d’esprit et de verve, laissa de célèbres mémoires.
Le Général de Boigne fit l’acquisition du château de Lucey en 1816. Jusqu’à sa mort en 1830, il multiplia les actions de bienfaisance en Savoie. Les chambériens, en hommage à leur généreux donateur, firent élever la célèbre « Fontaine des Éléphants ». Vers 1920, une descendante du Général vendit le château à Jean-Baptiste Morel, industriel isérois, dont les descendants sont toujours propriétaires.
Le château de Lucey fût gravement mutilé à la Révolution qui le découronna de ses deux tours et le ruina en partie. La construction actuelle, bien que bâtie sur les fondations de la demeure médiévale, date de la première moitié du XIXe siècle.