La démocratisation de l'enseignement en France désigne la massification de l'accès à l'éducation et à l'enseignement supérieur en France durant le XXe siècle, et en particulier dans l'après-guerre, sous l'effet, entre autres, du baby-boom. Il s'agit d'une transformation particulière de l'institution scolaire et de l'Université dans laquelle la corrélation statistique entre le parcours scolaire des élèves et leur origine sociale s'affaiblit. La démocratisation de l'enseignement désigne aussi, communément, un accès plus large aux savoirs scolaires.
Ces définitions ont donné naissance à des études statistiques nombreuses, parfois complémentaires, parfois contradictoires selon que le lien statistique entre origine sociale et trajectoire scolaire est étudié en classe de 6e, en classe terminale ou dans les grandes écoles les plus prestigieuses.
En fonction des analyses menées, l’expression « démocratisation de l'enseignement » a été déclinée en quatre formes spécifiques de démocratisation.
L'expression « démocratisation quantitative » fait référence à un objectif central des réformes de l'institution éducative qui s'est traduit par l’allongement de la durée de la scolarité obligatoire (de 13 ans en 1882 à 16 ans suite à la réforme Berthoin de 1959 ). Antoine Prost (1986 [réf. incomplète]) définit cette démocratisation quantitative de la façon suivante : « on parle de la démocratisation de l’enseignement comme de celles de l’automobile, des vacances ou de la salle de bain ». Prost précise ensuite que la démocratisation quantitative ne supprime pas les inégalités, elle les déplace seulement.
Cette définition soulève un certain nombre de problèmes. Premièrement, lorsque l’accès au collège se généralise, l’expression « démocratisation quantitative » est-elle encore adéquate si les inégalités des cursus scolaires selon le milieu social ont pu, non pas seulement se « déplacer », mais augmenter au niveau de l'enseignement supérieur ? Deuxièmement, si l’accès au bac, toutes filières confondues, est socialement plus égalitaire alors que le recrutement de la terminale scientifique s’embourgeoise, comment faut-il nommer une telle transformation de l'enseignement ? Ces critiques peuvent se résumer à une seule question : la démocratisation quantitative est-elle une véritable démocratisation ? La réponse retenue est négative si les inégalités d'accès à l'école selon le milieu social ont diminué pour un niveau de scolarité en raison de sa généralisation (par exemple l’accès en 6e ou en 3e) mais restent constantes ou s'accroîssent à d'autres niveaux, notamment au niveau de l'enseignement supérieur.
Afin de dépasser les limites des définitions proposées par Prost, une première démarche a été de préciser la notion de démocratisation quantitative. Dominique Goux et Eric Maurin (1995 [réf. incomplète]) ont montré que les élèves poursuivent en moyenne leurs études plus longtemps, obtiennent des diplômes plus élevés, mais que cette évolution a bénéficié de façon à peu près semblable à tous les milieux sociaux.
Pour caractériser cette transformation du système éducatif, Goux et Maurin ont proposé la notion de « démocratisation uniforme ». Cette notion présente un avantage essentiel : elle précise comment les inégalités se sont déplacées, en l’occurrence, en restant de même ampleur. Utile pour caractériser les modalités d’allongement des études survenues à la fin du XXe siècle, la notion de démocratisation uniforme n’est toutefois pas totalement satisfaisante. D'une part si les inégalités sont restées les mêmes, le terme de démocratisation qui sous-entend une égalisation des chances scolaires est-il justifié ? D'autre part, les inégalités sociales des cursus scolaires ne se translatent pas toujours et seulement de façon « uniforme » « vers le haut ».