Le fort de l'Est est un fort militaire conçu pour protéger Paris situé à Saint-Denis, construit entre 1841 et 1843, dans le cadre de l'Enceinte de Thiers. Ce dernier, premier ministre de Louis-Philippe Ier, avait fait commencer les travaux dès 1840 sans attendre la loi de finance de 1841 qui alloua 140 millions pour réaliser une immense ceinture de défense (33 kilomètres de long, 17 forts détachés, 94 bastions, 17 portes, 23 barrières, 8 poternes, 8 passages de chemin de fer et 5 passages de rivières ou canaux). Près de 25 000 ouvriers y travaillèrent. L'évolution de l'artillerie rend rapidement obsolètes ces fortifications et on parle de céder l'enceinte dès 1882 (le député Martin Nadaud lance le débat). En 1919, l'ouvrage est cédé à la Ville de Paris pour 100 millions de francs. En 1953 la zone non ædificandi est abrogée.
Le fort est encore utilisé par l'armée (de nombreux réservistes y sont entraînés, des unités stationnées, en particulier dans le cadre de l'opération Vigipirate), et abrite le siège de la Fédération nationale des sous-officiers de réserve. De rares photographies sont disponibles sur Internet. Longé par l'autoroute du Nord, d'où il est parfaitement visible, il fait face désormais au Lycée Suger, bâti en 1994.
Les archives militaires liées aux insubordinations de la Première Guerre mondiale y sont conservées, ainsi qu'un certain nombre d'archives non classées issues des anciennes bibliothèques de garnison.
Le glacis du fort est en partie occupé par des jardins ouvriers; le photographe Patrick Zachmann les a immortalisés en 1994.
En 2009, un village de maisons temporaires y a été adossé, pour héberger une vingtaine de familles rroms qui résidaient auparavant dans le bidonville "André-Campra" à La Plaine.
Entre 2002 et 2004, la Fondation de l'Armée du salut a ouvert 150 lits au sein même du Fort; 18 000 personnes avaient ainsi été accueillies en 2002.
En 1962, au moment de la Guerre d'Algérie, un tribunal militaire y tient ses audiences. L'un des conjurés de l'OAS, Jean-Marie Bastien-Thiry, y est jugé et condamné à mort. Près d'une centaine d'officiers y est détenu.
En 1958 s'y installe le Bureau interarmées de codification des matériels (BICM), après la ratification par la France en 1956 des accords de standardisation OTAN.
En 1946, un passage des mémoires d'un prêtre résistant, Paul Parguel, fait référence à son arrestation et son internement "dans la poudrière" au Fort par les forces françaises à la solde des nazis.
En 1945, un témoignage fait état de l'installation provisoire dans le Fort de la "Cour de sûreté de l'État ainsi qu'une partie des Archives du SHA"
Le 25 août 1944, la garnison allemande qui l'occupe évacue le Fort.
En 1872, l'aumônier de la caserne, Jules Bonhomme, fit la renommée du Fort, en publiant ses mémoires: Souvenirs du Fort de l'Est, près Saint-Denis. Carnet d'un aumônier de l'armée de Paris, 1870-1871. Paris: Lecoffre, fils et Cie).
En 1870, les soldats français casernés au Fort de l’Est tirent des obus sur la ville de Stains occupée par les Prussiens, endommagent fortement l’église et démolissent le château.. Néanmoins, les troupes prussiennes occupent le Fort, ainsi qu'en témoigne une photo d'époque.