Françoise Dolto - Définition

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Postérité et critiques.

Pour Didier Pleux, Docteur en psychologie du développement, psychologue clinicien, il serait bon maintenant de refermer la « parenthèse » Dolto. Aujourd'hui l'enfant n'est plus tant en danger d'être blessé par l'autoritarisme de ses parents, d'une société, que d'être affaibli par la permissivité et une « civilisation du plaisir ».

Les travaux et l'apport de Françoise Dolto

L'enfant comme sujet à part entière

La coutume lui prête volontiers la phrase « le bébé est une personne » (qu'elle n'a en fait pas prononcée). Si en fait elle ne prête pas la conscience inhérente au principe de personne au bébé, elle n'en défend pas moins, tout au long de sa carrière, l'idée que l'individu est un sujet à part entière dès son plus jeune âge. De ce fait, elle souligne l'importance de la parole que l'adulte peut adresser à l'enfant sur ce qui le concerne, parole qui peut l'aider à construire sa pensée.

Ainsi, pour Dolto, l'enfant peut être psychanalysé très tôt en tant qu'individu. L'enfance a ainsi un rôle fondamental dans le développement de l'individu.

Claude Halmos dans le documentaire Françoise Dolto dit : «  L'apport essentiel de Françoise Dolto est de dire que l'enfant est à égalité d'être avec un adulte et que ce faisant il est un analysant à part entière ».

Elle considère qu'avant même que l'enfant possède un véritable « langage », l'être humain étant par essence communiquant, il communique déjà, à sa façon, par le corps. Par exemple : apprendre à marcher, ou même à se déplacer à quatre pattes, c'est commencer à vouloir s'affranchir des parents et exprimer un début de désir d'indépendance.

Elle analyse également les rapports enfants-parents, et notamment l'origine du complexe d'Œdipe et l'importance du rôle du père dès les premiers jours. À travers le père, l'enfant comprend qu'il n'est pas tout pour sa mère, ce qui entraîne un rapport de frustration et permet l'individuation.

Dans La difficulté de vivre, elle explique comment répondre à un enfant qui pose des questions autour de sa naissance. Elle accorde une grande importance à la parole dans la construction des individus.

Sa thèse

Elle s'intéresse essentiellement à la psychanalyse de l'enfance et soutient sa thèse Psychanalyse et pédiatrie en 1939. Elle y explique le rôle de l'affect comme support de l'intelligence et porteur de l'expression des troubles. Elle détaille son développement en fonction des castrations "symboligènes" successives (castration des symboles d'états infantiles compensée par la maturation, par exemple l'échange verbal ou préverbal qui compense la têtée). Les séparations ont un effet symboligène : elles permettront aux zones érogènes de devenir des lieux de désir et de plaisir. Par exemple, le sevrage est la première castration orale ; celle-ci modifie la valeur symbolique de l'objet-mère, sans le faire disparaitre, à condition que la mère introduise aussi par le langage, le bébé dans le monde social et qu'elle puisse devenir la mère que le bébé retrouve.

Elle y explique que la connaissance de cette maturation psychique est indispensable à la pédiatrie. Cette thèse soulève de vives réactions : elle est soit dénigrée avec force, soit profondément respectée, comme par Jean Rostand qui après l'avoir lue veut la rencontrer et lui déclare qu'il n'a jamais rien lu d'aussi intéressant depuis Freud. C'est chez lui qu'elle fera connaissance de son futur mari.

Influences et engagements

Durant sa carrière, elle a beaucoup travaillé avec Jacques Lacan. Dès 1938, elle lit les complexes familiaux et suivra ensuite son enseignement à Sainte-Anne. Les deux psychanalystes étaient amis et se vouaient une grande estime réciproque. Si Dolto disait parfois « ne pas comprendre ce qu'il écrivait », il lui rétorquait « qu'elle n'avait pas besoin de le comprendre puisque qu'elle l'appliquait dans sa pratique », ce qui était plus qu'une politesse, puisque Lacan lui adressait ses cas les plus difficiles.

Elle eut une grande influence, en même temps que Simone de Beauvoir, sur l’émergence du féminisme politique et l’évolution des mouvements féministes. Ceux-ci, aujourd'hui encore, font souvent référence à elle. Selon Dolto, le complexe d'Œdipe de la fille lui fait développer des qualités féminines, qu'elle peut utiliser dans la réussite sociale : son narcissisme est beaucoup plus vécu en surface que celui des garçons.

En 1977, elle est l'une des signataires de la première des deux Pétitions françaises contre la majorité sexuelle qui appellent à l’abrogation de plusieurs articles de la loi sur la majorité sexuelle et la dépénalisation de toutes relations consenties entre adultes et mineurs de moins de quinze ans (la majorité sexuelle en France).

De religion catholique, elle a été la première psychanalyste à avoir fait une conférence à Rome, à Saint-Louis des Français, sur le thème : « Vie spirituelle et psychanalyse ». En 1979, elle participe à l'ouvrage "Dieu existe ? oui" avec Christian Chabanis.

Son nom a inspiré de nombreux établissements scolaires tel que le collège Françoise Dolto à Nogent (Haute-Marne).

Les sociétés de psychanalyses

Membre adhérente de la Société psychanalytique de Paris depuis 1939, elle participe à une première scission en 1953 avec Daniel Lagache et Juliette Favez-Boutonnier, mais pour des raisons différentes. Ces derniers s'opposent à la vision médicale de Sacha Nacht, alors que Françoise Dolto s'oppose au fait de considérer les futures psychanalystes comme des enfants, en référence au mode de transition préconisé apparenté à un enseignement. Ce point précis est développé par Georges Juttner qui explique qu'« en aucun cas elle ne formait des élèves (...) l'éthique de la psychanalyse, c'est qu'un sujet se déploie dans l'accomplissement de sa propre parole, c'est donc bien l'opposé du concept d'élève. »

La Société française de psychanalyse est alors fondée dans son appartement (qui se situe rue Saint Jacques comme l'était la Société psychanalytique de Paris). Jacques Lacan sera désigné comme président.

Cette société sera dissoute en 1964 au profit de deux autres. Françoise Dolto participe activement à la création de l’École freudienne de Paris, dans laquelle Lacan joue un rôle plus central.

Médiatisation

Quand on lui a demandé de faire une émission de radio, elle refusa d'abord, mais finit par accepter. Elle déclara par la suite que ce fut la décision la plus difficile à prendre de sa vie. Dans cette émission de France-Inter, elle répondait aux questions que les auditeurs se posaient vis-à-vis de l'éducation de leurs enfants. Elle le fit d'octobre 1976 à octobre 1978. Ce programme nommé Lorsque l'enfant paraît et animé par Jacques Pradel eut un grand succès.

La Maison Verte

Considérant qu'il est utile d'agir avant qu'il ne soit trop tard, elle crée la Maison verte à Paris, en 1979, avec cinq psychanalystes et éducateurs (Pierre Benoit, Colette Langignon, Marie-Hélène Malandrin, Marie-Noëlle Rebois et Bernard This). C'est un lieu d'accueil et d'écoute pour les parents accompagnés de leurs jeunes enfants. Le concept fait florès (près de dix mille enfants et parents y passent chaque année) et se développe dans différentes villes de France, avant d'essaimer à l'étranger, sous d'autres noms (Maison Ouverte à Bruxelles, Maisonnée à Strasbourg) puisque "La Maison verte" et Françoise Dolto ont refusé de "franchiser" leur création.

Françoise Dolto souhaitait faire de la "Maison Verte" « un lieu de rencontre et de loisirs pour les tout-petits avec leurs parents. Pour une vie sociale dès la naissance, pour les parents parfois très isolés devant les difficultés quotidiennes qu’ils rencontrent avec leurs enfants. Ni une crèche ni une halte-garderie, ni un centre de soins, mais une maison où mères et pères, grands-parents, nourrices, promeneuses sont accueillis... et leurs petits y rencontrent des amis. ». C'est « un lieu en partenariat avec les parents dans la sécurité de l'anonymat, qui n'a rien à voir avec un accueil anonyme, mais tout à voir avec l'idée de ne pas observer, ni évaluer les enfants».

Ce projet, auquel elle sera très attachée jusqu'à la fin de sa vie, perdure aujourd'hui. Chaque "Maison verte" est autonome, organisée en association loi 1901 et souvent financée par des fonds publics (DDASS, PMI, caisses d'Allocations familiales, communes, régions, etc.).

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