Georges Colomb, dit Christophe (Lure (Haute-Saône), 25 mai 1856 - Nyons, 3 janvier 1945) est un des précurseurs de la bande dessinée en France.
Christophe est surtout connu pour être l'auteur d'histoires illustrées parues en feuilleton à la fin du XIXe siècle. Très fin observateur de la société, inspiré par les images d'Épinal, il est le créateur de personnages comme le savant Cosinus, le sapeur Camember, La Famille Fenouillard et les lutins Plick et Plock.
Le texte de ses œuvres se caractérise par un vocabulaire extrêmement recherché, et, par ailleurs, riche en allusions culturelles, littéraires, historiques et géographiques autant que scientifiques. Le calembour subtil y a aussi ses droits au service d'un humour parfois loufoque comme dans Les Malices de Plick et Plock, parfois satirique (La Famille Fenouillard), ironique mais toujours tendre.
La notoriété de ses planches ne doit pas faire oublier qu'il a participé pleinement à la vie de son époque. Ami de Jean Jaurès, de Baudrillard et de Tristan Bernard, il fut également botaniste de renom et pédagogue moraliste. Il a donné également des cours particuliers aux enfants Dreyfus à l'époque de l'affaire.
Fils du principal du collège de sa ville, Eugène Nicolas Colomb est le quatrième enfant de la famille. Il étudie à Besançon. Le milieu de son enfance lui inspirera plus tard les décors du Sapeur Camember. Bachelier ès lettres à 16 ans, ès sciences à 18, il intègre l'École normale supérieure en 1878, où il obtient une licence de mathématiques, de sciences physiques puis de sciences naturelles (parmi ses condisciples figure Henri Bergson). À sa sortie, il épouse Hélène Jacquet en 1882 et enseigne les sciences naturelles au futur lycée Condorcet où il comptera parmi ses élèves le jeune Marcel Proust. En 1884, il est nommé professeur au lycée Faidherbe à Lille dont la cité va fortement l'inspirer pour la famille Fenouillard. Il passe son doctorat de sciences en 1887.
Il complète son revenu par des dessins dans différents journaux et commence à faire paraître en 1889 les premières bandes de la famille Fenouillard, ce qui ne plaît guère à sa hiérarchie. Il continue ses publications sous le pseudonyme de Christophe (en référence à Christophe Colomb).
De retour à Paris, il est nommé maître de conférences à la Sorbonne, où il termine sa carrière au poste de sous-directeur du laboratoire de botanique. Il est l'auteur de nombreux manuels scolaires en botanique comme en zoologie.
Infatigable enseignant, il donnera des cours au collège Sévigné (Paris) jusqu'à 70 ans.
Durant la Seconde Guerre mondiale, il se réfugie avec sa famille dans la zone sud. Il meurt des suites d'une occlusion intestinale. Il est enterré à Asnières.
Œuvre dessinée :
Le lecteur curieux remarquera la neutralisation puis la laïcisation de ses albums ; Artémise et Cunégonde, les deux filles Fenouillard, se marient à l’église : on les voit agenouillées avec le suisse à côté d’elles. Le sapeur Camember sort d'une église (qui pourrait aussi bien être un temple protestant) au bras de l'Alsacienne Victoire mais, quand on arrive au savant Cosinus, son (faux) enterrement est purement civil, comme l’est son mariage à la fin du livre (et pourtant madame Belazor était veuve et non divorcée).
Christophe a aussi illustré de façon très spirituelle des récits délirants dont il n’était pas l’auteur : Le Triomphe de Bibulus, Les Trois Miracles d’Osiris et L’Héritage du Cousin Agathias, multipliant les anachronismes savoureux. (Contes antiques :textes de Ch. Normand, ornementations par Ruty, 1893, Armand Colin Éditeur. Plusieurs rééditions)
Enseignant, il a su intéresser des générations d'élèves par ses méthodes où le doute, l'esprit d'analyse, l'esprit critique tenaient une large place. Il s'est passionné pour la recherche et la pédagogie moderne, en introduisant le dessin et les illustrations.
Il a publié, chez Armand Colin éditeur, plus de 30 ouvrages didactiques, de vulgarisation scientifique ou de préparation aux examens