L'origine des commandos de l'air
L'idée du général de Maricourt
Le général Alain de Maricourt est à l'origine de l'idée et de la constitution du corps des commandos de l'air, devenus par la suite commandos parachutistes de l'air. Face à l'insurrection algérienne, il constate la difficulté pour les troupes de l'armée de l'air à agir sur le terrain. Il défend alors âprement sa conception d'un corps de commando aéroporté, héliporté ou parachuté. En août 1955, lors d’une visite à Constantine du général Bailly, chef d’état-major de l’Armée de l’air, et du général Jouhaud, major général, le général de Maricourt obtient l’autorisation de principe de créer ses commandos. La réalisation reste cependant compliquée. L'Armée de terre est hostile à la constitution d’une unité parachutiste rivale dans l’Armée de l’air ; quant à l’Armée de l’air, on est loin d’y être unanime sur la nécessité de créer ces commandos. C'est qu'à la même époque, des troupes de l'Armée de l'air sont déjà utilisées sur le terrain. Depuis décembre 1955, le bataillon de garde de l’Air 02/541 est mis à la disposition de l’Armée de terre et utilisé en opération en Algérie. Il est suivi par les bataillons de garde de l’Air 01/541 et 03/541. Transformés en demi-brigade de l’infanterie de l’Air, puis en demi-brigade de fusiliers de l’Air, les effectifs s'élèvent à 3000 hommes, en majorité des rappelés. Le 3 mars 1956, le message officiel n°5437, émanant de l’État-major de l’Armée de l’air et destiné aux cinq régions aériennes (Metz, Villacoublay, Bordeaux, Aix-en-Provence et Alger) annonce la constitution d'un commando de l’air, à effectif de 200 à 300 hommes, en Afrique du Nord. Henry Laforest, secrétaire d’État aux forces armées “Air”, officialise cette constitution par la décision n°532 du 12 mars 1956. Quant aux demi-brigades de fusiliers de l'Air (DBFA), leur dissolution est prononcée en février 1957, après le constat de leur faible utilité lors du déclenchement de la bataille d'Alger. Ils sont surtout condamnés par le développement des commandos de l'air.
Voir : Maricourt et les commandos de l'air
La note du 9 avril 1956
Le 9 avril 1956, une note du général de Maricourt, commandant de l'Air en Algérie depuis novembre 1955, définie en cinq points le but et les missions des commandos de l'air :
- a) Les commandos de l’air sont créés pour défendre les départements français d’Algérie.
- b) Le personnel recruté exclusivement dans l’armée de l’air doit former, sans apport de personnel expérimenté ou spécialiste issue des autres armées, une unité devant figurer parmi les meilleures.
- c) Les opérations, exécutées par de faibles effectifs, rapides et courtes, doivent fournir un appui terrestre aux interventions aériennes. Les missions confiées à cette unité sont basées sur la rapidité d’intervention, premier facteur de réussite, surprise, légèreté, adaptation aux conditions de combat en Algérie. Celles-ci doivent se faire par héliportage, aérotransport, exceptionnellement par parachutage ou transport routier. Les commandos ne doivent pas être employés en position défensive. Il n’est pas envisagé un parachutage dans une opération aéroportée, leur emploi dans une guerre internationale ou pour des opérations débordant du cadre du maintien de l’ordre en Algérie. Il convient de faire ses preuves afin d’être pris au sérieux par les sceptiques et les détracteurs qui sont nombreux, même au sein de l’Armée de l’air.
- d) La compagnie commando est à effectif de 204 hommes articulé en deux commandos (2 fois 88 hommes) et une section d’instruction de 28 hommes, cette dernière étant non opérationnelle. Elle sera stationnée sur la base aérienne 146 de Reghaïa, située sur la route nationale 5, à 20 kilomètres à l’est d’Alger. La prospection est effectuée parmi le personnel « Air » de toutes spécialités et le recrutement se base sur le volontariat. Le personnel du commando doit être lié au service pour une durée minimum de 15 mois et être agé de 35 ans au maximum. En particulier, les appelés aptes volontaires, libérables avant ce minimum de service, ne peuvent être retenus que s’ils souscrivent un engagement supplémentaire.
- e) Les volontaires répondent à diverses questions sur la fiche de volontariat: curriculum vitae, antécédents scolaires et sportifs, antécédents militaires, raison motivant le volontariat. Tests d’aptitudes médicale, sportive et caractérologique complètent les dossiers. Ceux reconnus aptes sont admis aux centres d’instruction du camp de Mourmelon-le-Grand en Métropole (Marne) et de la base aérienne 146 de Rehaïa (proche d'Alger).