Hôtel de Than | |
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Période ou style | Renaissance |
Type | Hôtel particulier |
Début construction | Vers 1520 |
Propriétaire initial | Thomas Morel |
Propriétaire actuel | Ville de Caen |
Destination actuelle | Gendarmerie |
Protection | CLMH, 07/01/1930 |
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Latitude Longitude | |
Pays | France |
Commune française | Caen |
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L'hôtel de Than est un hôtel particulier construit à Caen dans la première partie du XVIe siècle.
L'hôtel de Than fut construit vers 1520-1530 pour Thomas Morel, seigneur de Secqueville-en-Bessin et de Thaon, sur les bords de l’Odon. Il était organisé autour d’une cour accessible depuis une étroite ruelle partant de la rue Saint-Jean. Il comportait quatre corps de bâtiment ; seul celui qui est parallèle à la rue Saint-Jean, heureusement le plus remarquable, a survécu aux bombardements de 1944.
Il est surtout remarquable par ses lucarnes, ainsi que par sa décoration marquée par le goût de la fantaisie et du merveilleux propres à la fin du Moyen Âge et de la Renaissance. Il est toutefois à noter que l’influence italienne est beaucoup moins marquée ici qu’à l’hôtel d'Escoville ou qu’à l’hôtel de Mondrainville construits deux ou trois décennies plus tard, ce qui inscrit l'hôtel de Than dans la mouvance de la première Renaissance où l'on plaque des éléments italianisants sur une structure gothique typiquement française. À l’angle nord, une petite figure parallèle à l’hôtel d’Escoville s’exhibe en une position jugée par la suite « irrespectueuse ». Selon la tradition, cette représentation d'une femme, la jupe retroussée, en train de satisfaire un besoin naturel serait un pied-de-nez de l’architecte qui construisit l’hôtel de Than à son homologue qui édifia l’hôtel d’Escoville, jaloux de la réussite de ce dernier. Cette légende ne tient pas à l'étude des faits, les travaux de l'hôtel d'Escoville n'ayant commencé qu'en 1533 pour finir en 1540.
À la Belle Époque, l’hôtel de Than fut transformé en brasserie sous le nom de Chandivert. On pouvait alors déambuler dans les jardins de cette brasserie très réputée. En 1931, les établissements Chandivert et le cinéma Majestic firent construire dans le jardin un grand bâtiment Art déco comprenant une brasserie et une salle de cinéma ; ce complexe existe toujours, mais seul le cinéma a persisté (Pathé).
En 1930, les façades et toitures, ainsi que la cour postérieure (ancien jardin) furent classées monument historique (CLMH, 07/01/1930).
Pendant la bataille de Caen, l’hôtel fut incendié ; de la partie classée ne subsistaient plus que les murs calcinés. Les autres ailes étaient également très gravement endommagées. Les lucarnes sur jardin furent également abattues par le génie militaire anglais. En 1946, l’hôtel fut déblayé et étayé. En 1948, Marcel Poutaraud intervint auprès du service du remembrement qui souhaitait faire de la cour un passage public ; il obtint le maintien de l’impasse depuis la rue Saint-Jean, ainsi que le principe de la restauration de l’aile des cuisines. Le mur parallèle à la façade ancienne où se trouvaient les ouvertures murées des anciennes écuries purent aussi être conservé. En revanche, l’aile en retour sur le boulevard Maréchal-Leclerc a été remplacée par une grille laissant voir l’hôtel depuis le boulevard. Charles Dorian fut chargé de la restauration de l’hôtel en 1949.
L’îlot devint prioritaire en 1950, et une première tranche de travaux fut entreprise en 1951. Les Monuments historiques ne s’occupèrent que des murs extérieurs, des charpentes et menuiseries correspondantes, ainsi que du gros œuvre. Les murs, comme à l’hôtel d’Escoville, furent repris par une structure en béton armé et ne sont plus porteurs ; structurellement, ils s’apparentent désormais aux immeubles de la Reconstruction. De même, les monuments historiques ne furent pas tous restaurés en pierre de Caen dans leur intégralité ; c’est le cas de l’hôtel de Than où une pierre plus dure remplace le matériau d’origine dans les superstructures : alors que les murs furent réparés en pierre de Caen, les parties hautes en pierre (lucarnes, pinacles, tourelles...), furent restituées en pierre dure. La différence de couleur entre les deux sortes de pierre est assez sensible.
En 1951, le conservateur fit accepter par les services du Remembrement le principe d’un immeuble à deux étages surmontés d’un comble à l’angle du boulevard Maréchal-Leclerc et de la rue Saint-Jean ; l’immeuble réalisé ne comporte en fait qu’un étage sur rez-de-chaussée. La restauration se poursuivit lentement au rythme des crédits disponibles, au grand dam des propriétaires. En 1957, la délégation permanente décida de ne pas rétablir en pierre les cinq lucarnes de la façade arrière en partie masquée par la brasserie des années 30. Dans le contexte de la Reconstruction, la possibilité de voir les monuments était en effet une nécessité absolue pour leur restauration. Seules les deux plus proches du boulevard furent donc restitués à l’identique, les trois autres sont en bois et en ardoises. La tourelle de la façade arrière fut diminuée d’un étage. La grille sur le boulevard fut posée en 1965, et on restaura en 1967 le porche du XVIIIe siècle qui donne accès à l’escalier.
À partir de 1964, le restaurant reprit son activité. Il fut remplacé par un magasin, avant d’accueillir les services de la compagnie de transport de l’agglomération caennaise. Ces derniers ont quitté les lieux pour la rue de Geôle en 1998 et l’hôtel est désormais un centre de recrutement de la gendarmerie.