Incident de l'U-2 - Définition

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L'événement

Le 1er mai 1960, treize jours avant la conférence au sommet de Paris, un U-2 a décollé de Badaber pour une nouvelle mission de survol de l'Union soviétique. Il s'agissait de photographier les sites de missiles balistiques intercontinentaux près de Sverdlovsk et Plesetsk, puis d'atterrir à Bodø en Norvège.

Toutes les unités des Forces de défense aérienne soviétique furent mises en alerte rouge. Peu de temps après que l'avion fut détecté, le lieutenant général de l'armée de l'air Yevgeniy Savitskiy ordonna aux commandants d'unité « d'attaquer l'auteur de la violation de l'espace aérien à partir de toutes les bases sur le trajet de l'avion et de l'abattre ou de l'éperonner si nécessaire ».

Vu l'altitude de l'U-2, les tentatives soviétiques d'interception par des chasseurs échouèrent. En outre, l'U-2 était hors de portée de la plupart des sites SAM. Le seul site sur le trajet n'était pas en service ce jour-là. Selon la version officielle de l'événement (voir ci-dessous pour d'autres versions plausibles), l'U-2 a été frappé et abattu près de Degtiarsk dans l'Oural, par une salve de quatorze missiles SA-2 Guideline (S-75 Dvina). Le pilote, Francis Gary Powers, sauta en parachute, même si ce faisant il violait ses ordres de détruire l'avion à tout prix.

Powers disposait d'un dollar en argent modifié contenant un poison dérivé de la saxitoxine, mais il ne l'utilisa pas. En s'éjectant, il oublia de débrancher son tuyau d'oxygène et dut lutter jusqu'à ce qu'il s'arrache pour se détacher de l'appareil. Une nouvelle salve de missiles frappa l'avion et aurait probablement tué le pilote s'il était resté dans l'appareil. Une fois au sol, il fut pris pour un pilote soviétique, mais quand il s'avéra qu'il était américain, il fut arrêté.

Le centre de commandement des SAM ne savait pas que l'avion avait été détruit depuis plus de 30 minutes. Un des pilotes soviétiques fut abattu par une nouvelle salve de missiles.

Une étude du vol montre qu'un des derniers sites survolés est l'unité de production de plutonium Chelyabinsk-65. En photographiant l'installation, le rejet de chaleur des systèmes de refroidissement des réacteurs aurait pu être estimé et permettre le calcul de la puissance des réacteurs, et par conséquent la quantité de plutonium produite ainsi que le nombre d'armes nucléaires correspondant. Vu la grande sensibilité du site Chelyabinsk-65, il était entouré par un grand nombre de missiles anti-aériens.

Les versions ultérieures de l'incident

Selon l'histoire officielle, l'U-2 a été abattu par une salve de quatorze missiles soviétiques SA-2. C'est notamment ce qu'a rapporté Oleg Penkovsky, un ancien espion GRU qui a ensuite travaillé pour le MI6 britannique. Cependant d'autres versions sont apparues par la suite.

Igor Mentyukov

En 1996, un pilote soviétique, le capitaine Igor Mentyukov a révélé qu'il avait reçu l'ordre d'éperonner l'avion espion à tout prix, car l'efficacité des missiles à altitude de 65 000 pieds (près de 20 000 mètres) était incertaine. Il a réussi à faire passer l'U-2 dans les turbulences de sillage de son Soukhoï Su-9, ce qui a eu pour effet de casser les longues ailes fines de l'U-2. Une salve de missiles a bien été tirée, mais elle a abattu un MiG-19 ami, et non pas l'U-2. Mentyukov précise que si un missile avait atteint l'U-2, le pilote n'aurait pas survécu. Le plafond opérationnel du Su-9 était de 55 000 pieds (environ 17 000 mètres). Pour atteindre une altitude plus élevée, l'avion avait été modifié et notamment désarmé. La seule option d'attaque était l'abordage volontaire selon la technique Taran.

Sergei Khrouchtchev

En 2000, Sergei Khrushchev décrivit ce que lui avait raconté son père, Nikita Khrouchtchev. Il indique que la tentative de Mentyukov fut manquée car il ne réussit même pas à avoir un contact visuel. Le major Mikhail Voronov, aux commandes d'une batterie de missiles anti-aériens, tira trois SA-2 sur le contact radar, mais un seul décolla. Il explosa à l'arrière de l'U-2, mais assez près pour endommager les longues ailes. À une plus basse altitude, Powers a sauté en parachute. Ignorant le succès de l'interception, une nouvelle salve de 13 missiles fut lancée par des batteries voisines, mais elle ne fit que détruire le MiG-19 du lieutenant Serguei Safronov. Sergei Safronov fut décoré à titre posthume de l'Ordre du Drapeau rouge.

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