« Voilà neuf semaines que je vis avec Goethe; depuis que nos âmes se sont peu à peu unies, insensiblement et sans le moindre effort, je vis entièrement en lui. A tous les égards, et de quelque côté qu'on le prenne, il est l'être humain le meilleur, le plus grand, le plus magnifique que Dieu ait jamais créé. »
— Wieland, 1776.
« Je serais malheureux si je devais être souvent dans l'entourage de Goethe ; même à l'égard de ses amis les plus intimes, il n'a pas un moment d'abandon, n'offre aucune prise ; vraiment, je le tiens pour égoïste à un rare degré. Il possède le talent de captiver les hommes, de se les attacher par des attentions, grandes et petites, mais toujours il s'arrange pour rester lui-même hors d'atteinte.[...] Les hommes ne devraient pas laisser grandir parmi eux un être pareil. Pour cette raison, je l'ai pris en haine, bien qu'en même temps j'aime son esprit de tout mon cœur et que j'aie la plus haute opinion de lui. »
— Schiller, 1788.
« Si, comme homme, il n'avait pas eu pour moi la plus grande valeur entre tous ceux que j'ai jamais connus personnellement, je me contenterais d'admirer de loin son génie. Mais je peux le dire, au cours des six années que j'ai vécues près de lui, pas un seul instant son caractère ne m'a déçu. Sa nature est toute véracité et loyauté, avec le sens le plus sérieux pour ce qui est juste et bon. Voilà pourquoi les bavards, les hypocrites et les sophistes se sont toujours trouvés fort mal à leur aise dans son voisinage. »
— Schiller, 1800.
« L’air de la cour plaît trop à Goethe, plus qu’il ne convient à un poète. Il n’a pas lieu de railler les virtuoses, puisque les poètes, qui devraient être les guides de la nation, oublient tout pour ce clinquant. »
— Beethoven.
« Un homme que j'admire mais que je n'aime pas du tout. »
— Chateaubriand
« J’ai avec Goethe une gêne dans toute la conversation. Quel dommage que la philosophie mystique de l’Allemagne l’ait entraîné! […]L’abus de l’analogie se rencontre beaucoup chez Goethe, et surtout dans ses prétentions en chimie et dans les sciences exactes. »
— Benjamin Constant, 27 janvier 1804.
« Si Goethe était français, on le ferait parler du matin au soir. »
— Madame de Staël, 1813.
— Novalis.
« Goethe : l’Orphée et l’Horace allemands réunis dans un même homme. »
— Lamartine.
« Le manque de charité et d’entrailles fut le caractère constant de Goethe. Son système de neutralité permanente dégénérait avec l’âge en manie. Je ne sache pas qu’aucun homme, non pas même Alexandre, soit descendu au tombeau avec une satisfaction plus intime et plus incurable de sa propre divinité. […] Amour, désespoir, patrie, terre et cieux, tout cela eut justement pour lui la valeur d’un sonnet régulier. »
— Edgar Quinet, 1836.
« Le propre de Goethe était l’étendue, l’universalité même. Grand naturaliste et poète, il étudie chaque objet, et le voit à la fois dans la réalité et dans l’idéal; il l’étudie en tant qu’individu, et il l’élève, il le place à son rang dans l’ordre général de la nature; et cependant, il en respire le parfum de poésie que toute chose recèle en soi. Goethe tirait de la poésie de tout; il était curieux de tout. »
— Sainte-Beuve.
— Engels.
« L’effort divin qui est en tout, se produit par les justes, les savants, les artistes. Chacun a sa part. Le devoir de Goethe fut d’être égoïste pour son œuvre. […] [Goethe] est sceptique aux yeux des scolastiques : mais celui qui se passionne pour toutes les fleurs qu’il trouve sur son chemin et les prend pour vraies et bonnes à leur manière, ne saurait être confondu avec celui qui passé dédaigneux sans se pencher vers elles. Goethe embrasse l’univers dans la vaste affirmation de l’amour; le sceptique ,n’a pour toute chose que l’étroite négation. »
— Renan.
« Goethe, le maître de tous les esprits modernes. »
— Taine.
« Schiller peut et doit être imité parce qu’il est le modèle d’un genre. Goethe n’appartient à aucun genre; c’est une nature exceptionnelle, formée de qualités contraires qui ne se trouveront peut-être plus jamais réunies. »
— Grillparzer
« Cet homme est un écrivain tel que les dernières générations n'en ont jamais vu de semblable; croire en son existence, que dis-je, en imaginer seulement la possibilité c'est aujourd'hui déjà faire preuve de distinction… Tout ce que l'on peut dire de plus haut au sujet de livres écrits il faut le dire de ses livres: il contiennent une nouvelle époque, l'annoncent et le commencement d'une ère nouvelle. Ils ont posé pour l'humanité la première pierre d'un monument social; et nous voyons aussi en eux les grandes lignes d'un plan d'ensemble que les siècles futurs n'ont plus qu'à élargir, perfectionner, réaliser, »
— Carlyle
« Un âne solennel »
— Paul Claudel
« Rien ne fausse plus perfidement la figure de Goethe que l'image sereine que l'on s'en fait communément (en France du moins). Cette sorte de félicité suprême, où se maintenir impassible et souriant dans une région inaccessible aux orages, n'est pas la sienne. Son spinozisme ne va pas jusqu'à chercher à se soustraire aux passions… Au contraire, il s'abandonne d'abord à chacune, sachant s'en instruire, et ne cherche à s'en délivrer que lorsqu'elle n'a plus rien à lui apprendre. Son but, s'il en eut un autre que celui de vivre le plus possible, c'est de la culture, non le bonheur. »
— André Gide
« Le monde de Goethe est passé. Le monde de Goethe est l'achèvement de plusieurs millénaires de l'histoire d'Occident… C'est le monde d'où le nôtre est sorti, mais dont le nôtre s'est déjà à ce point éloigné que Goethe paraît plus prôche d'Homère que de nous. »
— Jaspers