L'homme aux loups - Définition

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Les fantasmes originaires

Les fantasmes originaires, sont des structures fantasmatiques typiques ( scène originaire, castration, séduction ) que la psychanalyse retrouve comme organisant la vie fantasmatique, quelles que soient les expériences personnelles des sujets ; l’universalité de ces fantasmes s’expliquerait, selon Freud, par le fait qu’ils constituent un patrimoine transmis phylogénétiquement.

Les fantasmes originaires constituent l’explication de l’angoisse éprouvée lors du rêve. Lors de l’observation de l’acte sexuel des parents, le petit Serguei Pankejeff a pu constater l’absence de pénis chez la mère, et la disparition du pénis du père.

Ainsi l’angoisse éprouvée est celle de la castration, angoisse confirmée par les récits faits par les adultes de son entourage (à titre d'exemple, le conte Le loup et les sept chevreaux qui l'avait fortement impressionné, ainsi que les menaces de Nania, Grouscha…).

Dans ce rêve, Serguei Pankejeff s’identifie à la mère et l’angoisse éprouvée envers le père (scène originaire vécue par l’enfant comme un acte de violence, soumission de la mère) est déplacée sous la forme de la phobie du loup. Mais la mère à laquelle s’identifie Serguei, est une personne castrée, ce qui remet en question la virilité du patient. Cette identification à la mère sous tend l’aspiration à la satisfaction sexuelle par le père. L'enfant redoute pourtant le père qui pourrait le castrer. Ainsi, il y a ambivalence des sentiments.

La peur d’être mangé par le loup, comme le fut le Petit Chaperon Rouge, est interprétée comme une transposition régressive du désir d’être coïté par le père comme le fut la mère. On a un renversement du complexe d’ Œdipe: l'enfant, au lieu de désirer le parent de sexe opposé, se sent attiré par le parent de même sexe que lui. Mais le patient refoule la passivité (de la mère dans la scène) par le souci narcissique du pénis. Il se dresse alors contre la satisfaction.

Freud s’interroge sur l'authenticité de la scène observée par Serguei: Est-ce une scène réellement perçue par l’enfant, ou au contraire, est-ce une scène fantasmée ? Si Freud se pose cette question, c’est qu’un détail d’importance, donné par Serguei va poser problème : il n’avait qu’un an et demi lors de l’observation du coït entre les parents, comment peut-il alors se souvenir de cette scène ? cette scène aurait très bien pu être imaginée dans un fantasme rétroactif par l’observation des rapports sexuels entre les animaux (les chiens de berger dont la ressemblance avec le loup est marquante). Freud se voit dans l’impossibilité de trancher, néanmoins, cette scène, qu'elle soit imaginaire ou réelle, a entraîné un changement de caractère de l’enfant, généré l’angoisse du loup ainsi que la compulsion religieuse.

Cette scène, qu’elle soit fantasmatique ou réelle a eu un impact majeur sur la vie du sujet, ce qui permet à Freud de conclure qu'on peut lui conférer une réalité psychique chez le sujet.

La scène originaire, le fantasme de castration et le rêve des loups

Le rêve des loups fait par Sergueï Pänkejeff enfant(extrait des "Cinq psychanalyses" de Sigmund Freud, édition PUF): « j’ai rêvé qu’il faisait nuit et que j’étais couché dans mon lit. Tout à coup, la fenêtre s’ouvre d’elle-même, et à ma grande terreur je vois que sur le noyer en face de la fenêtre, plusieurs loups blancs sont assis. Il y en avait six ou sept. Les loups étaient tout blancs et ressemblaient plutôt à des renards ou a des chiens de berger, car ils avaient de grandes queues comme des renards, et leurs oreilles étaient dressées comme chez les chiens quand ceux-ci sont attentifs à quelque chose. En proie à une grande terreur, évidemment celle d’être dévoré par les loups, je criais et m’éveillai ».

Serguei n’a que quatre ans quand il effectue ce rêve, qui est en réalité un rêve d’angoisse. Serguei n’arrive pas à se rappeler à quel événement ce rêve se rapporte. Freud va alors tenter de trouver la signification de ce songe en analysant chaque élément qui constitue le rêve. Par le matériel du rêve, Freud tire les fragments suivants : « un fait réel – d’un temps très ancien – regarder – immobilité – problèmes sexuels –castration – le père – quelque chose d’effrayant » (extrait de "Cinq Psychanalyse" de Sigmund Freud). Les soupçons de Freud se portent alors sur le fait que son patient ait probablement vu le coït de ses parents.

La scène originaire serait selon Freud une scène de rapport sexuel entre les parents, observée ou supposée d’après certains indices, et fantasmée par l’enfant.

Alors que Serguei n’avait qu’un an et demi, et était malade (il avait la malaria) il avait observé un coïtus a tergo (accouplement par derrière). Serguei aurait pu de la sorte observer les organes génitaux de ses parents. Cette scène n’était pas pathogène en elle-même, mais c’est suite au développement sexuel de l’enfant avec les séductions de la sœur et Grouscha que l’acte prendra sens après coups. Il faut deux traumatismes pour faire un traumatisme.

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