Le rêve des loups trouve son origine également dans une histoire racontée par le grand-père du patient. Cette histoire peut se résumer ainsi : un jour, un loup pénétra par la fenêtre dans l’atelier d’un tailleur et l’attaqua (on retrouve ici l’introduction du rêve de Sergueï où des loups l’observent à travers sa fenêtre, près à bondir sur lui). L’homme réussit à triompher de son adversaire en lui coupant la queue (d’où le fait que dans le rêve des queues de renards aient pris la place des queues de loups). Quelque temps plus tard, alors qu’il se promenait en foret, le tailleur fut de nouveau attaqué par le loup sans queue et sa meute. Il parvint à grimper en haut d’un arbre. Les loups montèrent alors les uns sur les autres pour l’atteindre (nous retrouvons là deux éléments présents dans le rêve et la première scène de séduction observée par le jeune Sergueï Pankejeff: le fait que les loups soient perchés que Freud met en parallèle avec la position des parents lors du coït). Lorsqu’il reconnu le loup sans queue, le tailleur révéla que c’était lui qui la lui avait ôté. Le loup, effrayé, s’enfuit faisant ainsi s’écrouler toute la pyramide de loups.
A la suite du rêve des loups, Sergueï devient irritable, il se comporte de manière sadique, tourmenteuse et développe une névrose obsessionnelle. Ces comportements s’expliquent facilement par l’interprétation du rêve aux loups. En réalité, le patient cherche à se défendre contre la motion pulsionnelle déplaisante: être satisfait sexuellement par son père.
L’homme aux loups ne refoule pas immédiatement son désir. La pulsion déplaisante régresse d'abord du stade génital (être satisfait sexuellement par le père) au stade sadique anal (être puni par le père). La motion pulsionnelle déplaisante était hostile au père, via le processus de transformation en son contraire, à la place de l’agression contre le père apparaît l’agression du père contre l’enfant. Ainsi le patient craint il d’être dévoré par les loups, sous entendu par le père. Parallèlement, la motion de tendresse passive envers le père régresse également. C’est donc toutes les composantes du complexe d’Œdipe (la tendresse et l’hostilité envers le père) qui sont refoulées.
Les rapports entre Sergueï et l’objet féminin ont été fortement perturbés à cause de la séduction de sa sœur. Freud remarque que le côté féminin passif est très développé chez l’homme aux loups. Le rêve révélait également que l’enfant craignait la castration (tout comme le loup de l’histoire du grand-père). C’est cette angoisse qui force Sergueï Pankejeff a renoncer au désir de devenir l’objet d’amour de son père sous peine de perdre la seule chose qui le distingue des femmes et plus précisément de sa sœur ( qu'il considérait comme son ennemie au sein de la famille). Le moteur du refoulement est l’angoisse de castration et être dévoré par le loup n’ est que le substitut obtenu par déformation du contenu : être châtré par le père. L’affect d’angoisse qui caractérise la phobie est donc l’angoisse ressentie devant le danger perçu comme réel de la castration (exactement comme le loup de l’histoire de l’aïeul qui s’enfuit dès que sa castration lui est rappelé).
C’est l’angoisse qui produit le refoulement.
Angoisse de castration des parties génitales mais aussi angoisse de castration du MOI. Elle témoigne de la crainte ressentie par le MOI face aux revendications de la libido. La position d’angoisse du MOI est l’élément qui provoque le refoulement. La libido peut se transformer en angoisse face à ce genre de perturbations.