L'homme aux loups - Définition

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Conclusion

Lorsqu’il rédige le cas de Sergueï Pankejeff, en 1914, Freud affirme que sa névrose obsessionnelle est résolue et que le patient, guéri, peut se séparer de son analyste. Cependant, l’homme aux loups devait reprendre le travail psychanalytique à de nombreuses reprises à la demande expresse de Freud et non de son propre chef (notamment pendant et après la Grande Guerre, alors que les révolutions d’Avril et d’Octobre 1917 l’avaient ruiné) et s’inscrire durablement dans l’histoire de cette discipline.

En 1926, il fut adressé par Freud à l’une de ses meilleurs disciples, Ruth Mack Brunswick, alors que Sergueï Pankejeff souffrait d’hallucinations paranoïdes concernant son nez. Cette nouvelle analyse permit de mettre en lumière les lacunes de la première cure (effectuée par Freud). En effet, Freud avait sous-estimé l’importance du transfert que l’homme aux loups avait développé à son égard ce qui, selon Brunswick, l’avait privé des types de solutions névrotiques habituelles et l’avait orienté vers des types de réactions plus primitifs (elle soupçonnait que les hallucinations de Sergueï étaient dues à l’avancée du cancer de Freud.).

Sergueï Pankejeff écrivit de nombreux essais sur l’art, et plusieurs ouvrages autobiographiques dans lesquels il revenait sur ses diverses expériences analytiques et ajoutait ses propres réflexions aux interprétations de ses médecins.

Il mourut en 1979 à Vienne, assisté de son médecin, le comte Wilhelm Solms-Rödelheim, qui avait été en 1945, avec August Aichhorn et le baron Alfred von Winterstein, l’un des fondateurs de l’ancienne Société Psychanalytique de Vienne engloutie par la Seconde Guerre Mondiale.

L'Homme aux loups à la fin de sa vie critiqua sévèrement la psychanalyse laquelle ne l'avait guéri d'aucun de ces maux, réfuta l'existence des souvenirs-écran, et de la "scène primitive", et jugea les interprétations freudiennes de ses troubles comme "tirés par les cheveux" voire impossibles de fait. Cet exemple constitue une illustration de la suggestion autoritaire exercée par Freud sur ses patients, la surinterprétation des faits pour les rendre conformes à ses théories quitte à en inventer dans ce qu'il convient d'appeler avec Borch-Jacobsen une "fable théorique" ou un "roman psychanalytique".

L'érotisme anal, sa relation avec la vie sexuelle et la maladie de l'homme aux loups

Lorsque Sergueï vient consulter Freud, il est un homme adulte ayant une vie sexuelle réalisée, apparente, à caractère " compulsionnelle " (comme le dit Freud). Il s'agit d'un cycle de comportements qui, une fois déclenché, va jusqu'au bout et qui est " entre parenthèse " par rapport à la sexualité du sujet. L'homme aux loups a honte de sa vie sexuelle car elle est essentiellement axée sur l'analité.

Le conflit même de Sergueï Pankejeff est du registre des aspirations sexuelles mâles et femelles.

Le patient a, sans doute à cause de ses divers traumatismes sexuels (vision de la scène originaire et séduction par la sœur suivie des menaces de castration), fait un choix d'objet partiel et contrarié ce qui l'amène à la méconnaissance de son partenaire féminin. L'accent est mis et soutenu sur la dimension agressive du rapport narcissique ce qui provoque l'éclatement de sa libido et sa vie instinctuelle en est réduite à des explosions compulsionnelles quand il rencontre une certaine image : celle dans laquelle était sa mère lors de la scène primitive, c'est-à-dire, une femme accroupie exhibant son derrière.

C'est pourquoi ses premières partenaires sexuelles étaient des servantes qu'il avait surpris en train de nettoyer la maison dans la position accroupie. Une telle situation lui permettait de se placer dans la position du maître (voire dans la position du loup/père). Cette position (que Freud qualifie de sadique-anale) est un appui crucial pour l'homme aux loups dans sa lutte narcissique interne pour maintenir sa virilité et refouler ses tendances homosexuelles.

Chez Sergueï Pankejeff, le complexe d'Œdipe est inversé, c'est son père qui a été choisi comme objet d'amour malgré ses failles. Ses rapports hétérosexuels sont vécus de manière compulsionnelle, stéréotypée et dépourvue de sentiments. La scène primitive avait été observée à la fin du stade du miroir et avait été vécue de manière passive. Cette passivité avait constitué l'origine de la fixation homosexuelle inconsciente.

L'érotisme anal est omniprésent dans la névrose obsessionnelle infantile du patient.

Toutes ses actions dans la maladies n'ont qu'un seul but, celui d'expulser les mauvais objets comme lors de la défécation (le meilleur indice n'est autre que cette mauvaise pensée " Dieu merde " qui semble obséder le patient lors de sa période de dévotion religieuse). Une défécation qui deviendra difficile durant la vie adulte de l'homme aux loups (il avait besoin qu'un domestique lui fasse des lavements pour pouvoir déféquer) et ne redeviendra normale qu'après l'intervention de Freud lorsque tous les mauvais objets fantasmés auront été expulsé hors du patient pendant la cure analytique.

L'érotisme anal était également à l'œuvre lorsque le patient provoquait son père afin de recevoir une fessée (punition à valeur hautement érotique pour l'enfant et qui lui offrait la possibilité d'assouvir ses tendances homosexuelles vis-à-vis du père).

Enfin l'érotisme anal est également présent lors de la visite à l'ami pauvre faite par le patient. Alors que Sergueï Pankejeff culpabilisait du fait de ne pouvoir aider son ami financièrement, il fut victime de ce que Freud qualifie " d'accident ". Les excréments sont considérés en psychanalyse comme les premiers cadeaux que l'enfant accepte de donner à sa mère et seront plus tard reliés à l'argent dans la psyché du sujet . L'"accident" de l'homme aux loups n'était que l'accomplissement du désir d'offrir un cadeau à son ami.

Les excréments sont utilisés dans les premiers moments de la vie soit pour satisfaire la mère soit pour l'agresser soit comme moyen de la punir (en retenant les selles). Cette dernière perspective est à l'œuvre dans la scène où le patient à la mort du père et de la sœur accuse sa mère de vouloir l'escroquer ou de mal régir son argent.

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